Audi-Toyota-Rebellion, les leçons de Silverstone |
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Vendredi, 19 Avril 2013 16:37 |
Dimanche dernier, c'est à un total renversement des tendances auquel nous avons assisté. Que la TS030 fut cette fois moins rapide que la R18 e-tron quattro ne doit pas trop nous surprendre. La nippone était encore en configuration 2012 tandis que l'allemande était bel et bien du millésime 2013, même si celle destinée au Mans, semble encore disposer de quelques évos supplémentaires dans la besace. De plus, la météo ayant joué la maline avec les équipes lors des séances d'essais, nul n'avait vraiment eu l'occasion d'affiner son set-up sur piste sèche. Avait-on parié sur une piste humide côté TMG ? Toujours est-il que les pilotes Toyota éprouvèrent de grosses difficultés avec leurs pneumatiques. Et ce fut particulièrement criant en début de course lorsque la piste, abondamment « lavée » par les grosses averses de la veille, qui avaient notamment écourté la première manche de l'European Le Mans Series, n'offrait encore que très peu de grip. Les faibles températures (ben oui, Avril à Silverstone...) n'arrangeaient évidemment rien. Manque de grip mécanique à l'avant, graining, sous-virage, généreux pompage offrant des images spectaculaires, Alex Wurz et Anthony Davidson ne purent soutenir la comparaison avec un Allan McNish tranchant ou Marcel Fässler. Et la différence se creusa d'autant plus que, leurs pneus détruits, Alex et Anthony les firent changer dès le premier ravitaillement en essence. Alors que Allan et Marcel se contentèrent d'un plein de gazole, enquillant un double relais avec les mêmes gommes... Toyota dur avec les pneus...
Lors du dernier tiers de course, les deux TS030 optèrent pour un autre type de pneumatique qui s'avéra mieux adapté aux températures. Elles furent dès lors plus à l'aise. Mais c'est également en fin de course que les deux R18 haussèrent le rythme, lancées dans un superbe duel interne. Le record du tour fut même amélioré par Allan McNish à 10 minutes seulement du « checquered » flag en 1'42"767, un chrono qui marque une amélioration de plus d'une seconde sur celui de 2012 (1'44"059 pour la Toyota n°7 et 1'44"520 pour l'Audi n°1 alors victorieuse). Voilà qui donne une idée de la progression hivernale des Audi R18. D'autant que comme chez Toyota, on avouait durant la course que l'équilibre des autos n'était pas parfait, suite à ces séances d'essais arrosées. En début de course, ou les quatre voitures étaient proches les unes des autres, les Toyota semblaient plus à l'aise dans les parties serrées du circuit tandis que les R18 prenaient le dessus dans les courbes rapides tels le fameux enchainement Maggotts-Becketts-Chapel. Audi Sport confirme que ses autos étaient réglées avec un maximum d'appuis. Les petits flaps entourant l'aileron AR, apparus ici-même sur la TS030 en 2012, semblent également porter profit à la R18... Audi gourmand en carburant ! Mais s'ils améliorent le temps au tour de la R18, ils dégradent sa consommation. Et de manière flagrante ! Car là se situe la grande surprise de cette course et le retournement de tendance majeur annoncé en préambule. Si les TS030 restaient plus longtemps en piste que l'an passé entre deux refuellings (25 tours, voire 26 lorsque la pluie vint ralentir le rythme), les R18, elles, ravitaillaient plus souvent qu'en 2012 ! Elles rentraient même un à deux tours plus tôt que les Toyota (23 à 24 tours). Ce qui signifie qu'en un an, elles ont perdu de 4 à 6 tours d'autonomie. C'est colossal ! Alors certes, il y a eu l'apparition de ces petits flaps additionnels qui grèvent la finesse de la voiture et donc, sa consommation en carburant. Mais cela suffit-il à expliquer que des voitures, dont la capacité de carburant est inchangée par rapport à 2012, aient pu tant perdre de cet énorme avantage dont elles bénéficiaient en 2012 ? Peut-être pas. Quelles peuvent alors être les autres causes de ce revirement ?
On se souvient qu'au Mans l'an passé, on avait été surpris par la faible, très faible différence de performance entre la R18 e-tron quattro et l'Ultra. Preuve que le système hybride était loin d'être abouti. Silverstone 2013 nous a apporté la preuve que cette année, il « fonctionne ». Et cette preuve est venue au moment ou... il a cessé de fonctionner sur la n°1, arbre de transmission cassé ! Dès lors, Benoit Tréluyer, qui venait juste avant cette panne, d'améliorer le meilleur chrono sur un tour de sa voiture, fut incapable de contenir le retour d'un Allan McNish toujours électrisé... Des privés plus proches mais...
Début Mai, les Ardennes belges nous apporteront des enseignements supplémentaires. Toyota alignera une voiture (la n°7) aux spécifications 2013 avec l'avant récemment dévoilé (mais non utilisé à Silverstone) et un arrière qui nous est encore inconnu. On pourra alors mesurer de manière tangible les progrès de la voiture puisque la n°8 demeurera en version 2012. Et nous en saurons alors un peu plus sur l'équilibre du duel à venir entre Audi et Toyota lors des 90èmes 24 Heures du Mans... Laurent Chauveau PS : n'oubliez pas la page Facebook que j'alimente très fréquemment avec du contenu qui lui est souvent propre et qui vous permet de garder le contact avec 86400. Donc, si vous souhaitez suivre au mieux mon univers, pensez au "j'aime" ;) |