Samed 17 mars, Sebring s'assoupit... |
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Vendredi, 23 Mars 2012 18:09 | ||||||||||||
Vient alors l’heure du choix cornélien. Le soleil commence à décliner, ou vais-je ? J’adore le Turn 7 et les lumières sur les voitures. Le Turn 1 avec le soleil rouge en arrière-plan est magique mais bateau. Bob Chapman m’avait proposé d’aller ensemble au Turn 13 mais je ne sais pas ou se trouve Bob à cette heure-là. Lors des essais, j’ai aussi découvert l’entrée du Turn 17 vue du côté spectateurs et c’est un angle que peu de pros font qui pourtant me parait sympa. Problème, à pied, ça fait un bout, je ne sais pas trop par où passer et surtout, je commence à avoir de belles ampoules au pied gauche. Je décide donc l’économie physique et opte pour le Turn 7. C’est LA bonne décision de la journée. La suite va me le prouver.
Tout d’abord, bonne nouvelle, les nuages présents durant ma séance dans les stands et qui m’inquiétaient quant à la lumière ont largement disparu. Ensuite, je suis au Turn 7, comme d’hab, mais j’opte pour des choix d’angles différents des années précédentes donc je ne suis pas trop dans la redite. Je refais tout d’abord le même plan que ce matin mais avec le soleil dans le dos cette fois-ci et des protos sur la piste. Puis, j’opte pour un plan relativement large avec une vue sur Green Park, la zone des spectateurs. Sans bouger, Je ressers le cadrage pour une nouvelle série. Ca commence à bien claquer. Pourtant, un fait majeur nous gêne beaucoup. Les safety-cars sont sans cesse de sortie ! Or, pour réaliser un filé, il vaut mieux que la voiture file bon train. Paradoxalement, c’est plus facile. Le geste est plus fluide. Suivre une voiture sous safety est une gageure. Le pilote a tendance à freiner puis réaccélérer, à virer de droite et de gauche, pour maintenir ses pneus en tempé. Cela rend la trajectoire aléatoire et difficile à suivre dans le viseur. De plus, avec une vitesse moindre de la voiture, il faut un temps de pose beaucoup plus long pour la faire filer sur le cliché. Et ça devient donc encore plus dur de garder la voiture nette. On pourrait attendre la fin de la neutralisation. Mais la lumière décline vite désormais et on n’a pas le choix, il faut profiter de ces instants… Je m’en sors plutôt bien. Bon allez, ça suffit pour cet angle, je passe en sortie de virage et là, je donne dans l’inédit. La course a repris heureusement. Je prends les voitures en ¾ AV avec le capot dans l’ombre ce qui met en valeur les phares allumés. Mais surtout, les flans se mettent à briller de mille feux. J’appelle cela le coup de flash naturel, celui qui ne tombe jamais à court de batteries. C’est l’éclat’ ! Je descends les temps de pose en évitant les ombres des arbres qui, désormais, viennent par endroit obscurcir la piste. Ca marche encore Je suis heureux…
Bob, le sauveur ! Mais vient une nouvelle question. Que puis-je faire désormais ? Pour le coucher de soleil de face, c’est trop tard, je n’ai plus le temps d’aller au Turn 1 comme l’an passé et même l’inter du Turn 7, soit en face de moi, ça me parait chaud. Je suis exténué et cette fois-ci, mes ampoules sont sur le point d’éclater. Hors de question de refaire deux ou trois bornes à pied. Nouveau choix cornélien et j’avoue, je ne sais pas quoi faire. C’est alors que Bob Chapman arrive derrière moi dans sa voiture de golf. Il me propose de m’emmener au 13. Hippeee, c’est LE MEGA coup de bol de la soirée. Il file bon train derrière le rail, pied soudé à la planche de notre « Golf Cart ». il se retourne sans cesse puis entre le 9 et le 10, il stoppe. Il me dit : « On a encore trois ou quatre minutes avant le coucher du soleil. On peut faire une série ici mais il va falloir être rapide et efficace. Quand Bob Chapman vous met la pression, on se dit que rien ne va être facile.
Gauche ou droite ? Nous remontons rapidos dans la voiture et filons vers le 13, il ne reste que quelques minutes de soleil désormais. Bob a tout noté sur un papier. Il a tous les horaires à la minute près concernant la course de notre astre. On n’est pas pro pour rien… Je suis bien plus nonchalant dans ma préparation, je m’en aperçois. Pour ne pas perdre de temps dans les deux virages serrés derrière le rail, nous nous penchons, tels les « singes » sur les side-cars ! A peine arrivés, nous nous jetons hors de la voiture. Je ne connais pas le spot, une dizaine de pros sont déjà là et occupent les bonnes places, groupés sur trois mètres de large, guère plus. J’essaie sur leur gauche mais j’ai un bâtiment dans le cadre. Je change vite de place sur leur droite, il y a un camion dans le cadre mais tout le monde doit l’avoir donc il n’y a plus à hésiter. Je me colle au grillage car il n’y a pas de trous de toute façon et je déclenche. Avouons-le, la piste ne brille déjà plus tout à fait, le soleil est un poil trop bas mais ça reste très joli surtout que des nuages rougis agrémentent le ciel. Je suis fatigué, l’appareil pèse des tonnes désormais et je me repose dix secondes. Les pros ont un monopode pour alléger le poids de l’objo, moi pas… Pas de bol, c’est à ce moment-là que surgissent les deux Audi groupées. L’ensemble des photographes rugit de plaisir. Ils ont le cliché, moi pas. Elles vont repasser dans moins de deux minutes, je n’ai qu’à attendre même si la lumière chute à toute vitesse désormais. Oui mais mes deux photos des deux Audi resteront floues. Pas grave, j’ai tellement de bons clichés sur ma carte mémoire…
Je change de spot et opte pour un filé avec le reste de lumière rougeoyante dans le ciel en arrière-plan. Je commence à grimper dans les Isos. La lumière s’enfuit. Je guette Bob du coin de l’œil. Il faut absolument qu’il me ramène. Nous sommes tout à l’autre bout du circuit, avec mes ampoules, je suis incapable de revenir au centre media. Il file, je le rejoins. Ultime série de photos au Turn 13 à l’entrée cette fois-ci. Nous sommes désormais dans le noir total et les projecteurs sont face à nous, pas derrière. Je cherche comment exploiter l’endroit sans flash puisque je n’ai plus de batteries viables… Je tâtonne, tente puis trouve : un trois quart AR en profitant des phares des voitures suiveuses. Je descends la vitesse encore plus, remonte toujours dans les Isos mais ça le fait toujours. Je sors plusieurs photos appréciables. Et je suis le seul à le faire sous cet angle à cette heure-là. Bob ne fait pas le même angle. D’ailleurs, sur l’une de mes photos, je bénéficie de son coup de flash, asséné à une autre voiture que la mienne. Cool !
J’ai ramené de sacrés souvenirs de ces 12 heures de Sebring 2012. Malgré une course décevante, je me suis éclaté, l’œil dans l’oeilleton. Je vais progressivement garnir les galeries de 86400 de ces souvenirs, comme je l’ai fait pour EI. J’espère juste qu’avec la professionnalisation due au WEC, ce ne sera pas la dernière fois… Laurent Chauveau PS : Bravo à vous si vous avez eu le courage de lire ce roman fleuve jusqu’au bout ! |