6H d'Imola : Peugeot se rassure "doublement" ! Imprimer Envoyer
Dimanche, 03 Juillet 2011 21:28

6H Imola Peugeot 7« Si l'on voit le mauvais côté des choses, cela ne peut que raviver les regrets du Mans ». C'est ainsi que Bruno Famin s'exprimait à l'issue de ces 6 Heures d'Imola. Avant bien évidemment d'exprimer sa profonde satisfaction d'avoir offert un nouveau doublé en ILMC à Peugeot... Un doublé qui est revenu très logiquement à Sébastien Bourdais et Anthony Davidson, dominateurs tout au long du week-end : Pole Position pour Anthony, Meilleur tour en course pour Sébastien, la victoire au bout des 6 Heures ! Ils ont réussi à éclipser Franck Montagny et Stéphane Sarrazin, leurs coéquipiers, excusez du peu. Et Peugeot a éclipsé Audi comme c'est très souvent le cas en ILMC. Mais pas au Mans...

th_03_Imola_DepartPourtant, ce succès aurait bien pu échapper à Seb et Anthony à cause d'un fait de course intervenu à la fin de la 5ème heure. Avant cela, nous avions vécu une course étonnante, qui s'est déroulée en deux phases très distinctes. Les deux premières heures ont été marquée par un duel assez serré nous laissant penser que l'on allait pouvoir revivre un scénario proche de celui des récentes 24 Heures. A une nuance près : Peugeot semblait très légèrement plus à l'aise qu'Audi. Mais il aura tout de même fallu 54 minutes de course à un Franck Montagny très opportuniste, pour déborder Marcel Fässler intercalé en deuxième position. Comme souvent entre deux adversaires si proches, c'est le trafic qui a fait la différence et Franck a su en profiter. Mais avant ce dépassement, nous avions eu une nouvelle fois confirmation de la « frugalité » de la 908 comparée à la « voracité » de la R18. Allan McNish avait du en effet stopper pour ravitailler dès le 27ème tour. Fässler attendit le 28ème, imité par Montagny. Bourdais put patienter une boucle de plus. En fait, cette tendance se confirmera tout au long de la course. Les Audi bouclaient entre 29 et 30 tours avec un plein de gazole contre 31 ou 32 aux Peugeot. Davidson effectua même un relais de 33 tours ! C'était un premier avantage dans le clan français.

Economes en  gazole les 908...

Le second avantage commença à se faire jour dans la deuxième heure, les pilotes commençant à creuser doucement l'écart. Fässler pointait ainsi à 15" après 1H20 de course, McNish à 20". L'écossais était d'ailleurs plus discret qu'à l'habitude. Encore échaudé par son accident manceau ? Mais ce fut après les premiers changement de pilote que les Peugeot prirent inexorablement le large. Dans l'ordre n°8-n°7 car lors de son arrêt, Bourdais, gêné par une autre voiture, dut s'arrêter plus loin que son stand et être ramené en marche arrière avant de pouvoir ravitailler ! Sarrazin en avait donc profité pour dépasser Davidson. C'est alors que débuta la deuxième phase de cette course. Les deux pilotes Peugeot y creusèrent l'écart sur Timo Bernhard et Tom Kristensen, plus lents que Fässler et McNish. Cela fut particulièrement criant dans le cas de l'octuple vainqueur du Mans, visiblement hors du coup pour cette fois. Ainsi, après 2H15 de course, alors que Davidson était revenu dans les roues de Sarrazin, Timo pointait à 33 secondes. TK, lui était encore trente secondes plus loin. Avant la fin de son double-relais, il se faisait même rattraper par le premier pilote Peugeot, à savoir Anthony Davidson qui avait rendu la monnaie de sa pièce à Stéphane Sarrazin, en le doublant à son tour lors du ravitaillement... Anthony rattrapait donc Tom 15 minutes avant la mi-course pour lui prendre un tour. L'anglais débordait le danois par l'extérieur et rentrait dans la première chicane avec une demie-voiture d'avance. Mais Tom ne s'effaçait pas et les deux voitures se touchaient légèrement. Sans conséquence autre qu'un court passage dans l'herbe pour le pilote Audi. Ceci est un nouvel épisode des évènements marquant un manque de fair-play en piste entre ces deux adversaires. Un coup à toi, un coup à moi, il est fort dommageable de ternir un si bel affrontement sportif par ce genre de comportements. La direction de course a immédiatement engagé une enquête qui a débouché sur une décision de non-lieu : logique au vu des autres événement des courses précédentes. Olivier Quesnel ne cherchait d'ailleurs pas du tout à polémiquer. Mais il va vraiment falloir trouver un moyen de calmer le jeu... Sans attendre un véritable accrochage !

th_03_Imola_Peugeot_7bDans la foulée, les Peugeot creusaient un avantage encore plus grand encore en conservant leurs pneumatiques pour un troisième relais, chose que les Audi n'étaient pas capables de faire bien que leurs relais soient plus courts de deux ou trois tours... La course devenait alors un peu moins intéressante, les positions semblant clairement établies. Davidson creusait l'écart sur Sarrazin, prenait un tour aussi à Timo Bernhard bien qu'il fut mal installé dans son baquet. Etant plus petit que Sébastien Bourdais, il se « baladait » dans un siège trop grand pour lui ce qui est éminemment inconfortable, voire douloureux. Demeurer plus rapide que Sarrazin dans ces conditions prouve que Peugeot tient en Anthony un fameux atout...

Economes en pneus également !

Une fois les deux Audi reléguées à un tour, les pilotes Peugeot commencèrent à calquer leur rythme sur celui de leurs adversaires, prenant moins de risques dans le trafic. C'est alors que le fameux petit grain de sable sembla vouloir enrayer la belle machine. Alors qu'il venait de doubler la BMW n°55, alors en tête du GTE Pro, Sébastien Bourdais était heurté à l'ARG par celle-ci. Son pneu était véritablement « découpé suivant les pointillés » ! Et 10 tours seulement après avoir ravitaillé, Sébastien devait repasser par la case stands, ruinant ainsi tous les efforts de l'équipage sur le plan de la consommation. Bien évidemment, cela replaçait la n°8 en tête de la course. Mais nouveau coup de théatre, Montagny à son tour, subissait une crevaison à l'ARG (sans contact cette fois-ci). Il devait anticiper son arrêt d'un tour, ravitaillant après 31 boucles au lieu de 32. Cela aura son importance... Bourdais reprenait donc l'avantage mais, conscient d'avoir encore un pit-stop à faire alors que Montagny pouvait éventuellement aller au bout, il remettait la vapeur. Il signait d'ailleurs le meilleur tour en course à 20 minutes de l'arrivée en 1'33"112, peu avant son ultime splash & dash. Il reprenait la piste sans avoir perdu le commandement de la course. Montagny semblait en effet être sur une stratégie assez conservatrice, tentant d'économiser le carburant pour ne pas avoir à repasser par son stand. Sans succès bien qu'il ait bouclé 33 tours dans son relais. Il en aurait fallu 34 car il était obligé de reprendre quelques litres de gazole dans l'ultime tour ! L'histoire est tout de même narquoise parfois. Au Mans, Audi subit une crevaison à 11 tours de l'arrivée. Un tour plus tôt et la n°2 n'allait pas au bout sans repasser par son stand. A Imola, la Peugeot n°8 a crevé un tour ou deux tours trop tôt pour espérer conserver l'avantage ! Mais reconnaissons que la victoire de la n°7 est parfaitement méritée et que seul un fait de course malheureux aurait pu inverser la tendance. Car sans l'accrochage avec la BMW, on peut penser que la n°7 eut pu rallier l'arrivée avec seulement 6 arrêts aux stands. Les deux 908 en étaient d'ailleurs probablement capables. Pas les Audi...

Comment comprendre ?

th_03_Imola_Audi_1Il est vraiment étonnant de voir à quel point Peugeot a dominé Audi à Spa et à Imola tout en étant battu à la régulière au Mans. A croire que la 908 est plus à l'aise sur les circuits un peu moins rapides. Toujours est-il que les voitures françaises ont connu une course exempte de tout pépin mécanique. Les protos allemands ont fait quasiment aussi bien de ce point de vue même si l'on a vu quasiment à chaque arrêt, les mécaniciens nettoyer avec soin l'intérieur des passages de roues avant ou même les écopes de freins. Lorsque l'on sait que la Pescarolo n°16 a connu une surchauffe de son système de freinage AVG suite à une obstruction de l'écope par des morceaux de gomme, on peut penser que les Audi ont connu un problème semblable... Cela peut-il aussi expliquer le différentiel constaté sur la piste ? Ralf Jüttner en apporte confirmation en ajoutant que cela a obligé les pilotes à basculer la répartition du freinage sur l'arrière, ce qui bien entendu, ne va pas dans le sens de la performance.

Ah oui, fait de plus en plus rarissime dans les courses d'endurance moderne, ces 6 Heures se sont déroulées sans la moindre intervention des safety-cars. Une course claire qui tranche donc nettement avec les dernières 24 Heures du Mans ! Peugeot a donc conforté son avance au classement de l'ILMC, deuxième et dernière édition... Avec 132 points contre 89 à Audi, l'équipe de Vélizy a un peu de marge sur son adversaire. Mais il reste encore trois courses à disputer et nul doute que les R18 ne connaîtront plus de problèmes de freins à Silverstone le 11 septembre prochain. Rien n'est encore fait...

Laurent Chauveau

LMP1 Essence, LMP2, GTE Pro, GTE Am, il n'y avait pas que des Peugeot et des Audi sur la piste de San Marino ce dimanche. Le compte-rendu de ces catégories paraitra demain sur 86400. ;)