24 Heures du Mans 2005 LM P2 : Lola triomphe de Courage à force de ténacité Imprimer Envoyer
Vendredi, 01 Juillet 2005 22:38

th_Lola_RML_25Comme on pouvait le prévoir avec la faible fiabilité chronique de la catégorie ces dernières années, le sort du LM P2 s'est surtout joué dans les stands. Le vainqueur final de la catégorie est en effet le moins "bon" premier ! La Lola RML n°25 termine 20ème au classement général à 65 tours de l'Audi n°3, tandis que le vainqueur GT1 n'est qu'à 21 tours et, surtout, le vainqueur GT2 précède

celui des "petits protos" de 27 tours ! Soit près de deux heures de roulage au rythme ou une LM P2 est capable de tourner ! Affolant et révélateur du manque flagrant de fiabilité dans cette catégorie ! D'autant plus dommageable pour la catégorie que la meilleure voiture de la catégorie lors des essais, la Courage Belmondo n°37 s'était qualifiée à une superbe 12ème place, en 3'42"301, loin devant l'Aston Martin n°58, meilleure GT1 (3'48"576) ou même encore plus loin bien sûr de la meilleure GT2, la Porsche Alex Job/BAM! (4'05"326)... Nul doute que l'arrivée de Porsche va très sérieusement obliger tous les concurrents actuels à progresser de ce point de vue là car le constructeur allemand ne va sûrement pas livrer à ses clients des voitures aussi peu fiables.

Un vainqueur stoppé d'entrée !

La course des vainqueurs reflète d'ailleurs très bien les problèmes généraux de la catégorie puisque la voiture a du s'arrêter aux stands dès la fin du premier tour ! Tomas Erdos était en effet alerté par une augmentation anormale des températures moteurs. En revenant en piste, le problème persistait et un autre au niveau de la transmission s'ajoutait ! Ca commençait bien... Le temps de résoudre ce problème de perte de pression dans le système de changement de vitesse et la voiture pouvait alors repartir en étant la plus rapide des LM P2 en piste. Mais alors que Mike Newton venait de relayer le brésilien, un fusible grillé l'obligeait à rentrer très lentement aux stands... Le début de la nuit était plus calme pour la MG Lola EX-264 qui parvenait aux mains de Warren Hughes à reprendre son rythme très compétitif. Mais au quart de l'épreuve, le retard sur les leaders de la catégorie

(la Lola n°32 du team Intersport) se montait déjà à 11 tours (8ème P2 et 33ème au scratch) ! L'impressionnant écrémage ayant déjà fait son oeuvre, six heures plus tard, la voiture se retrouvait en 3ème position de la catégorie à 3 tours seulement des deux Courage Belmondo, la Lola n°32 ayant déjà du renoncer à cause de soupapes passablement tordues...

La course pour la victoire en P2 allait dorénavant se concentrer entre ces trois voitures. Les deux Courage Belmondo avaient déjà connu également leur lot de problèmes. La n°36 n'a par exemple pas pu s'élancer avec le peloton puisqu'un problème de batterie l'a immobilisé en prégrille ! La voiture ne pouvait s'élancer qu'à 16H07 avec quasiment déjà deux tours de retard ! Roulant sur un rythme beaucoup plus calme que les Lola, les Courage Belmondo jouaient visiblement une "course à l'ancienne" afin d'épargner le matériel, notamment la n°36. Le meilleur tour de celle-ci, en tête à mi-course, n'était effectivement que de 4'00"914, tandis que la n°37, 2ème à un tour seulement, avait fait mieux aux mains de Didier André en 3'50"646. La Lola n°25, quant à elle, avait réalisé un 3'48"902, et roulera même au petit, petit matin en 3'47"601 sous la conduite de Warren Hughes, alors que les deux Belmondo n'amélioreront pas.

La n°37 qui avait passé les premières heures de course à la deuxième position de la catégorie derrière la Courage anglo-allemande du Kruse Motorsport, connut ses premiers problèmes vers 19 heures. La pompe à essence est déficiente, et le problème se reproduira de nouveau, accompagné de problèmes électriques, ralentissant le rythme nocturne de la voiture. La Courage Kruse ayant connu de sérieux problèmes de freins au quart de la course et la Courage Miracle étant mise hors course à minuit et demi pour une stupide marche arrière au tout début de la courbe Dunlop après le welcome (à quoi pensait le pilote ?), cela laissait nos trois leaders libres de débattre entre eux ce dont ils n'allaient pas priver jusqu'au bout de l'épreuve !

Derrière, la course n'était pas tendre avec des voitures pourtant moins rapides. Ainsi les deux WR, qui avaient la gentillesse de porter les couleurs d'Infos-Course, furent accablées de problèmes. La n°23 aux mains de Sylvain fut même obligée d'abandonner sous les yeux de Claude Foubert dans les virages Ford malgré les efforts de Sylvain pour relancer son auto (voir la série de photos de Claude). La n°24 connut de multiples incidents en piste imposant de fréquents passages par les stands, ce qui lui vaut d'ailleurs de ne pas être classée pour ne pas avoir couvert 70% de la distance parcourue par les vainqueurs.

La Lola n°39 fut obligée d'abandonner sur une fuite d'huile ayant occasionné un début d'incendie. La débutante Pilbeam n'a pas pu passer le cap de la 5ème heure par la faute de l'embrayage. La Courage n°31 au moteur Mécachrome est restée définitivement immobilisée au niveau d'Antarès dans les Hunaudières vers deux heures du matin. Enfin, la Courage G-Force dut renoncer peu avant 10 heures du matin : transmission hors d'usage.

Tout s'écroule pour le PBR !

Seules 5 des 13 LM P2 au départ se préparaient donc à recevoir le drapeau à damiers. mais dans quel ordre ? Tout semblait jouer en faveur deux Courage Belmondo lorsque la Lola RML peu avant la 20ème heure perdait de nouveau trois quarts d'heure aux stands. Puis la rupture d'une suspension envoyait Tommy Erdos en tête à queue dans les chicanes Ford. Heureusement, il ne touchait pas les pneus et parvenait à rejoindre immédiatement les stands. . « Avec les ennuis de la Lola, les choses se présentaient quand même bien, j’ai fini par penser que seul un ennui mécanique pouvait nous priver de la victoire. Il nous suffisait de rouler tranquillement jusqu’à la fin. Mais la mécanique est imprévisible. » déclarait Paul Belmondo. Effectivement alors que le sort semblait définitivement lui sourire ainsi qu'à l'équipe toute entière, c'est à ce même moment que la n°37 perdait l'un de ses cylindres. Le bloc Ford-AER a surchauffé... La voiture ne peut plus finir que sur un rythme tranquille. La n°36 quant à elle, n'est guère plus en mesure de prendre la relève, car les freins ont perdu de leur efficacité. Sans les multiples ennuis de démarreur ayant retenu la voiture à son stand, la fin de course eut été toute différente... 2ème à deux tours de la n°37 à 60 minutes de l'arivée, la Lola n°25 parvenait donc à s'imposer avec 5 tours d'avance sur la... n°36 au bout des 24 heures ! Illustration flagrante du rythme décousu qui a animé la catégorie tout au long de l'épreuve !

Les vainqueurs étaient exténués à l'issue de cette chaude course dans tous les sens du terme. Rappelons que vous pouvez trouver un compte-rendu complet de leur course chez nos amis de Dailysportscar dans la partie gratuite du site. Warreh Hughes à l'issue de la course déclarait : "Je n'ai jamais vu une équipe travailler si dur auparavant, jamais ! ces gars n'ont jamais abandonné. Ce sont eux qui ont gagné la course, pas nous. C'est difficile de vivre une telle expérience. c'était une catastrophe après l'autre. C'est surréaliste. Aucun de ces problèmes n'est lié à la vitesse que nous tenions en piste. Pour ma part, j'ai eu de la chance, mes relais étant assez dénués de problèmes mis à part un problème de sélection de vitesses durant la nuit. L'équipe m'a alors donné la méthode à suivre : je devais TOUT couper alors que j'étais dans les Hunaudières. J'étais en roue libre et les phares se sont éteints bien sûr ! J'ai alors pu relancer le mode manuel et reprendre un rythme normal."

"On doit tout à nos mécanos" admettait quant à lui Tommy Erdos. "Ils ont su tout réparer et surtout le faire à chaque fois très rapidement. Je dois admettre que vers le milieu de la course, je ne croyais plus que nous parviendrons à gagner, mais en se rapprochant de la fin de l'épreuve, j'ai recommencé à y croire. Je pensais que nous pouvions assurer une seconde place ce qui nous donnait une invitation d'office pour l'an prochain."

Cette seconde place revient donc au Paul Belmondo Racing qui reçoit ainsi lui aussi une invitation d'office pour les 24 Heures 2006 qui constitueront la dernière possibilité pour le team d'aligner une Courage C65. Celle-ci étant une LM P2 hybride, n'aura effectivement plus droit de cité en 2007.

Laurent Chauveau