1000km Silverstone 2010 : Peugeot inaugure l'ILMC ! Imprimer Envoyer
Lundi, 13 Septembre 2010 19:54

05_Silverstone_Podium« Good job, very good job ! What's your name ? » La petite phrase pleine d'humour lâchée par Hugues De Chaunac à Olivier Quesnel à l'arrivée des 1000 km de Silverstone prouve que la bonne humeur est revenue dans le clan Peugeot. Le doublé acquis en terre anglaise aux dépens d'Audi, la 908 officielle devançant celle d'Oreca, remet Peugeot Sport dans le sens de la marche après la rude défaite mancelle et lui offre les tout premiers lauriers de l'Intercontinental Le Mans Cup ! Acura, oh pardon HPD, via Strakka en LMP2 et Ferrari via AF Corse en LM GT2 remportent quant à eux l'ultime manche Le Mans Series 2010 dans leurs catégories respectives. Histoire et bilan de cette course ou les lourds nuages gris se sont contentés de menacer sans jamais réellement humidifier la piste... Et où les safety-cars, fait assez rare pour être souligné, n'ont pas brûlé une seule goutte d'essence !

Un beau début mais...

05_Silverstone_DepartTout avait tellement bien commencé ! Le duel Audi-Peugeot nous a offert une première demie-heure de course intense et serrée. La Peugeot officielle n°1 de Davidson était parvenue, dans le premier virage, à faire sauter partiellement le verrou placé par les Audi sur la première ligne de la grille. Il prenait en effet immédiatement le dessus sur Timo Bernhard, probablement un peu échaudé par son tête-à-queue dans le tour de chauffe ! Ce n'est pas la première fois qu'un pilote nous gratifie d'une figure dans ce tour ou l'on n'est pas encore réellement en course mais c'est à chaque fois étonnant. Il reprenait sa place dans le peloton avant le feu vert mais se laissait donc déborder par l'une des 908. Allan McNish, lui conservait la tête, tandis que Nicolas Lapierre à bord de la 908 Oreca restait sagement au 4ème rang. Derrière, c'était une belle foire d'empoigne entre les Lola Rebellion, celle du team Drayson et la Lola Aston Martin n°009. Après que la verte de Johnny Cocker eut pris la 5ème place dans Copse, Stefan Mücke replaçait bien vite la Gulf en embuscade juste derrière les diesels. Mais l'enchainement Maggotts-Beckett's-Chapel permettait aux deux Lola rouge et or de se placer 5ème et 6ème. Toutefois, avant la fin du premier tour, la n°12 de Jani devait laisser repasser l'Aston. Ouf, que de mouvements ! Devant, Anthony Davidson mettait immédiatement la pression sur McNish mais l'écossais connait la musique. Les quatre diesels prenaient donc leur envol en commençant à creuser l'écart sur le reste du peloton.

Lors du 6ème tour, Anthony place sa première véritable attaque dans l'enchainement Brooklands-Luffield. La R15+ n°7 et la 908 n°1 sont cote à cote mais sans se toucher, Davidson étant à l'extérieur dans Luffield, doit finalement renoncer et patienter. Il tente de nouveau sa chance deux tous plus tard en collant à McNish à la sortie de Chappell mais ça ne passe toujours pas, la R15+ va bien en Vmax... C'est lors du neuvième tour que l'anglais trouve la faille en débordant l'écossais devant les futurs stands. La 908 n°1 va désormais s'enfuir devant, la R15+ n°7 ne pouvant suivre le rythme... Exactement au même moment, Timo Bernhard tire un peu trop large, perd un peu de vitesse et voit la 908 de Nicolas Lapierre le déborder par l'intérieur. Les deux 908 ont pris le dessus chacune sur une R15+, cela semble en dire long...

05_Silverstone_Peugeot_1Tandis que Davidson s'enfuie en tête, que la Lola Aston Martin n°009 se détache dans le clan des essence, que les Lola Rebellion et la Drayson poursuivent un bel affrontement à trois, Lapierre s'attache à remonter tranquillement sur McNish. Il recolle au 14ème tour. On s'attend donc à une nouvelle passe d'arme. Hélas, trois tours plus tard, si le nivernais passe bel et bien devant Allan, c'est bien parce que l'Audi est à l'arrêt ! « No drive » confiera le service de presse Audi Sport : en fait, le différentiel a cassé privant la R15+ de toute motricité ! Audi perd son atout majeur d'entrée de jeu... Il reste bien la n°8 de Bernhard mais l'allemand ne semble pas être en mesure de suivre les 908.

Pendant ce temps, en GT2, un duel Aston Martin-AF Corse débute. Il durera toute la course, la V8 Vantage du JMW Motorsport brillant sur ses terres. Profitant de sa pole position, Darren Turner a pris la tête des opérations devançant les deux Ferrari AF Corse dans l'ordre 95-96. Mais Toni Vilander s'impose au moment ou Davidson en faisait de même en P1. Les positions s'inverseront de nouveau avant la première valse de ravitaillement. Les Porsche ne sont pas loin derrière mais sans être réellement en mesure de se joindre à la lutte pour la tête. Pourtant, cette catégorie reste, comme d'habitude, la plus relevée, les écarts restant toujours très serrés. Pour preuve, après 2H15 de course, les neuf meilleures GT2 seront toujours groupées dans le même tour !

C'est beaucoup plus distant en LMP2 ou la HPD n°42 confirme sa supériorité habituelle. Ni la Ginetta-Zytek Quifel ASM, ni celle de Bruichladdich, ni la Lola RML, ni les Pescarolo OAK ne sont en mesure de suivre son rythme. Elles se contentent donc de lutter pour la deuxième place avec un avantage quasi permanent pour la 09S d'Oliver Pla.

Peugeot victorieux, Oreca champion !

05_Silverstone_Audi_8En LMP1, il nous faut alors reporter notre attention sur le duel inter-Lola. Les deux Rebellion et la Drayson étant toujours aux prises. Quelques contacts émanent ce combat à trois ce qui vaut notamment à la n°13 de Belicchi de voir pendre son sabot ARG tout en restant devant Jani et Cocker. La première salve de ravitaillements va interrompre cette lutte mais dès la sortie des stands, Nicolas Prost (qui a relayé Neel) et Jonathan se touchent, faisant perdre du temps au français. En tête, l'Audi n°8 chausse quatre nouveaux pneus lors de son arrêt, tout comme la Peugeot Oreca, tandis que Davidson garde ses gommes. L'écart s'est donc d'autant plus creusé entre la n°1 et la n°8, Peugeot semble vraiment en position de force et la suite de la course va le confirmer. Les 4 dernières heures de course n'apporteront en effet aucun changement au trio de tête. Les deux Peugeot contrôlant sans problème une Audi dont Capello et Bernhard ne pouvait tirer le meilleur parti suite à un important sous-virage. Il semble que les conditions de piste aient beaucoup changé entre les essais et la course et l'équipe ne connait peut-être pas encore toutes les subtilités de son pack aéro « appuis forts » inaguré ici. Finalement victorieux, Davidson et Minassian ont pu, sans problème, contrôler également le rythme de la Peugeot Oreca d'autant que celle-ci perdit une dizaine de secondes à son stand lors du troisième arrêt. Il fallait refixer le capot arrière suite à un nouveau contact avec Boullion, décidément... 05_Silverstone_Peugeot_OrecaOreca a toutefois prouvé à nouveau sa maitrise de la 908 en s'appropriant, via Nicolas Lapierre le meilleur tour en course. L'équipe varoise s'offre également le titre équipes tout en ayant aidé à la conquète du titre constructeur pour Peugeot et à celle du titre pilotes pour Stéphane Sarrazin !

05_Silverstone_Aston_009Derrière les trois diesel, la Lola Aston Martin n°009 est restée en mode « cruise control » intercalée devant les meilleures essence privées : Barazi-Hancock-Mücke échouent donc au pied du podium. La n°007, quant à elle, n'aura joué aucun rôle dans cette course avant son abandon. Partie dernière en raison d'un problème de direction lors des qualifs, elle a connu des soucis d'embrayage, conséquence d'un dépassement hasardeux de Fernandez ayant entraîné un tête-à-queue. Une crevaison l'a également retardée avant que tout cela ne se termine dans un bac à graviers ! Heureusement que Aston Martin a grandement égayé ce week-end avec l'annonce de la poursuite de son programme LMP1 l'année prochaine. Il s'agira cette fois-ci d'une auto 100% Prodrive, une barquette avec un nouveau moteur conçu pour la compétition. On peut donc espérer de cette auto qu'elle soit moins le fruit de compromis que ne l'était le Coupé ces deux dernières saisons et donc plus performante. Il faudra également, pour espérer lutter avec Audi et Peugeot, ne plus faire de choix financiers quant aux pilotes alignés...

La bataille des Lola

Mais revenons aux autres Lola. La bataille 11-12-13 va tourner court. Alors que la Lola Drayson semblait avoir pris un petit avantage après le contact avec la 12, la tendance s'inverse lorsque la Lola verte perd un peu de temps durant son second arrêt. Des vibrations ont alerté Jonathan Cocker et une inspection de la partie arrière s'avère nécessaire. Mais c'est un bien plus gros problème qui ralentira définitivement la n°13 avec la perte de la roue AVG alors que Lord Paul Drayson était au volant... Dans le clan Rebellion, on ne peut se réjouir qu'à moitié. Après un magnifique relais de Jean- Christophe Boullion, assorti toutefois d'une légère touchette sur son coéquipier, la n°13 connait en effet d'incessant problèmes en se relançant des stands ce qui lui fera perdre également un temps conséquent ! Heureusement, la n°12 s'offre la 5ème place finale. Cela ne se fait pas sans heurts. La Lola se retrouve en effet impliquée, à 90 minutes de l'arrivée, dans un accrochage à trois avec la Ferrari CRS n°90 et la Spyker. Un changement du capot avant, touché à gauche est indispensable mais la place de vice-champion constructeur Le Mans Series 2010 derrière Peugeot est au bout de l'effort. Toutefois, il faut bien avouer que de nombreux problèmes techniques auront émaillé en permanence la saison de cette équipe dont on attendait un peu mieux... La Lola Aston Martin du team Signature termine à la 6ème place devant la Ginetta-Zytek des frères Mansell.

05_Silverstone_HPD_Strakka_pitsEn LMP2, trois rebondissements simultanés marquent la course peu après la marque des 2 heures de course ! Lors d'un freinage, le pilote de la Spyker n°85 se loupe complètement et vient taper l'arrière de la HPD Strakka, provoquant un tête à queue et de la casse... Quelques secondes plus tard, on aperçoit la Ginetta-Zytek Quifel ASM dans les stands avec de l'herbe extraite des pontons, signe d'un hors-piste. Enfin, la Ginetta-Zytek n°41 part en tête-à-queue mais repart sans perdre trop de temps. Sur la HPD revenue aux stands, l'équipe procède extrêmement rapidement au changement du bloc diffuseur-sabots-aileron AR. Leventis repart en n'ayant perdu qu'un tour ! Toujours est-il que la classement donne désormais la Pescarolo OAK n°35 en tête devant la Ginetta-Zytek n°41, la seconde Pescarolo OAK n°24, la Ginetta-Zytek n°40 et la HPD n°42, les 4 premières étant groupées en 46 secondes. Etant donnée la vitesse sur un tour de ces deux dernières par rapport aux trois premières, on se doute toutefois bien que tout cela va encore bouger. La HPD ne semble absolument pas battue puisqu'il reste plus de la moitié de la distance à couvrir...

En GT2, la bagarre continue entre Jaguar et Ferrari avec toutefois un petit changement. La n°95 a décroché, laissant seule, la n°96 dans la chasse à la Vantage. Les écarts demeurent ridiculement faibles et on sent que nul n'est à l'abri. Toutefois, la voiture du team JMW demeure en permanence au commandement, sauf lors des ravitaillements car elle rentre la première, étant moins sobre que ses concurrentes.

La HPD intouchable !

th_05_Silverstone_HPD_StrakkaAprès 3 heures de course, la Ginetta-Zytek du team Quifel ASM a repris le commandement de la course en P2 aux dépens de la Pescarolo n°35 mais la HPD n°42 est déjà revenue 3ème à 24 secondes ! L'issue ne fait guère de doute et à une heure de l'arrivée, Danny Watts replace la HPD à la place qui est clairement la sienne, la première. Malgré un stop&go, rien ne viendra entraver sa marche en avant. Malgré trois victoires en 5 courses, l'équipe doit se contenter de la deuxième place du championnat. La Lola RML, bien que relativement en retrait sur ses terres (4ème sans jamais vraiment briller), profite en effet de sa régularité à l'année pour s'offrir les titres LMS 2010 pilotes et teams... Mike Newton, ravi évidemment, confirme son « envie de défendre le titre l'an prochain même si il y a encore des points importants concernant la réglementation 2011 à connaître. » Derrière la HPD, la Pescarolo n°35 ne peut menacer la Ginetta-Zytek n°40 pour la seconde place d'autant que deux petits tête-à-queue viennent retarder sa course. Toutefois, l'équipe termine beaucoup mieux le week-end qu'elle ne l'avait commencé après un incendie lors des essais. La victoire finale au Michelin Green X Challenge lui offre en effet une deuxième invitation d'office aux 24 Heures du Mans 2011 ! Voilà de quoi passer un hiver fort serein...

La Vantage n'aurait probablement pas gagné...

05_Silverstone_Porsche_77En GT2, la fin de course apporte son lot d'émotions. L'Aston Martin Vantage de Bell et Turner possède toujours l'avantage mais après 4H27 de course, elle se voit obligée de marquer un Stop&Go. Jaime Melo place alors la Ferrari AF Corse n°96 en tête pour 5 petites secondes ! La Vantage peut-elle reprendre son bien ? En fait, non, car sa gourmandise en carburant lui impose un splash&dash en fin de course, on peut donc même douter qu'elle aurait pu s'imposer car elle finit à près de 50 secondes de la Ferrari. La Porsche Prospeed de Westbrook/Holzer en profite tout de même pour se glisser au deuxième rang. Toujours est-il que les grands vainqueurs restent Bruni/Melo et leur Ferrari F430, performants et aux avant-postes tout au long de la saison. Ils paient toutefois la malchance du Castellet et leur absence en Hongrie en terminant la saison au 3ème rang. Ce sont donc Marc Lied et Richard Lietz, 5èmes en Angleterre et auteurs d'une course sage, qui s'offrent le titre pilote et amènent celui des teams à Felbermayr-Proton. AF Corse se consolera des quelques pépins ayant émaillé la course de la n°95 avec sa deuxième place finale au classement du championnat. Pas mal pour les deux « p'tits jeunes », Fisichella et Alesi, bien accompagnés par Toni Vilander ! N05_Silverstone_BMW_78otons que la BMW a joué sa course comme elle en a maintenant l'habitude. Mal qualifiée (10ème !), elle était tranquillement remontée à la troisième place lorsque Jörg Müller parti en tête à queue à Copse, se posa dans les graviers et perdit deux tours, plongeant au 8ème rang. Toutefois, les chronos en course, à hauteur de ceux de la concurrence prouvent que l'auto est maintenant compétitive en Le Mans Series.

Si le rideau est dorénavant tiré sur la saison européenne, il n'en est rien pour l'Intercontinental Le Mans Cup. La prochaine manche clôturera la saison US lors du Petit Le Mans. Et vous savez quoi ? J'y serai !

Laurent Chauveau

Les résultats de la course sont ici.