Toujours ces mêmes frissons... Imprimer Envoyer
Lundi, 14 Juin 2010 16:37

th_Triple_AudiC'est lundi, c'est fini... Je ne suis plus au Mans mais chez moi, devant le PC. Thom Yorke me balance les sublimes complaintes de Radiohead dans les oreilles. Pas sûr que ça finisse par arranger les choses. Je suis en manque... En manque de sons, d'odeurs, d'images, de bruit et de fureur, d'instants magiques, d'instants fous, d'instants tragiques. C'était mes trentièmes. Et ça me fait toujours pareil. Toujours le même frisson.

Ca me fout le frisson lorsque les mécanos les poussent sur la pré-grille le samedi, lorsque la foule réagit, lorsque les girls nous affolent. Ce frisson de voir ces pilotes se taper dans les mains, s'encourager mutuellement de quelque camp qu'ils soient. Comme une confrérie qui part à la bataille. Ca me fout le frisson de les voir s'élancer. Moment magique. Il est 15 heures.

Ca me fait tripper de voir Allan faire tout ce qu'il peut pour ne pas les laisser partir. Mais sa R15+ ne peut rien face aux 908. La patrouille de France s'envole en tête. Ca me fait kiffer de voir les 908 s'arsouiller entre elles. Et ça me fout la trouille de voir Nigel se mettre dans le rail. Ca me fait rager de voir le safety découper la course en deux, Peugeot devant, Audi derrière, pas besoin de ça.

Ca me fout les boules de voir une première faille chez Peugeot en même temps qu'un trou dans une coque. Il est 18 heures. Trois contre trois. Ca me fout la rage de voir une BMW se mettre en travers de la route de Tom. Ca me fout la haine de voir un alternateur défaillir, un demi-arbre de transmission lâcher. Elles n'avaient jamais connu ça, les 908.

Ca m'agace de voir ce soleil jouer à cache-cache. Pas facile pour les photos. Il est 20 heures. Ca me fout en joie de le voir revenir pour le coucher. Ca va être cool au Dunlop. Mais ça m'énerve d'en rater autant. Qu'est ce que j'ai cette année ?

th_Duel_Corvette_FerrariCa m'hallucine de voir ce duel somptueux en GT2. Eh les gars, c'est une course de 24 Heures ! Ca m'émerveille de voir ces mecs foncer dans la nuit. Ils sont cinglés. La violence des changements d'appui des meilleurs protos dans les Essses du tertre est dingue.

Ca me réjouit de voir le ciel bleuir doucement au loin. Il est 5 heures. Le dieu Ra se pointe dans une heure. La belle heure, celle des espoirs trompeurs. L'au-revoir à la nuit donne toujours l'impression que le plus dur est passé. Une sorte d'euphorie.

Ca me saisit. Il est 7 heures. Au loin une fumée, une flammèche puis une flamme, une 908 qui file lentement vers un avenir mortuaire. (Merci David, private joke...) Pas eux, pas Franck, pas Stéphane, pas Nico. L'euphorie passe, tout s'inverse, Audi donne le ton. D'accord, j'ai la photo de l'instant mais bon, à choisir...

Ca me grise de voir ce retour en force, cet effort désespéré, au delà du raisonnable, ces records du tour qui s'empilent, ce record qui tremble. Ca me tient en haleine de voir cet écart se réduire et de ne toujours pas savoir qui va s'imposer. Ils sont dans le même tour !

Ca me glace. Alex a ralenti, j'en suis sûr ! Plan suivant, oui, c'est sûr, ça fume, c'est fini. De l'huile partout. Box, rideau. Il est 13 heures. Olivier pleure, l'équipe pleure. Reste Oreca. Forza les gars, Audi mérite sa victoire mais Peugeot a droit au podium. La 7 n'est pas loin, faut y aller !

Ca me scotche. Cette image... Pas comme la 2 ? Si, comme la 2. A Indy au lieu du Tertre mais pareil. Les flammes côté droit. Loïc stoppe à Arnage. Il est 14 heures. Hugues pleure. Jamais vu ça, l'armada réduite à néant, c'est dingue.

Ca me touche. Les trois Audi ravitaillent en même temps, c'est beau, c'est génial. Quel coup de maître. Elles peuvent parader. Daniel les salue, drapeau déployé. Le public les salue. Avec ferveur, c'est mérité. Il est 15 heures. Le bon Doktor pleure. Timo saute sur sa voiture. Il est fou de joie. C'est génial pour Mike et Romain. Le podium est rouge et blanc. Ca me bouleverse. Le record est battu, pulvérisé, réduit en miettes. De 75 km. 225 km/h de moyenne ! Ca me fout des frissons...

C'est lundi, c'est fini. Je pars. Je fais un dernier tour. Par tradition. Sûrement pour ne pas quitter tout cela trop vite. Pour humer, ressentir encore. A Mulsanne, on démonte le plateau pour le cameraman. Les papiers gras jonchent le sol. A Arnage, les traces de freinages ratées balisent la piste, le bac à graviers a bien servi. Toujours les papiers gras. Au Porsche, le mec devant moi se ballade tranquillement. 70 km/h, pas plus. Quelque chose me dit qu'il fait son dernier tour lui aussi. Et les papiers gras sur le tertre. Au parking bleu, il y a encore du monde. Un groupe d'anglais plie les tentes dans les Caterham. Un autre est encore au petit dej', au bord de la route. Toujours les papiers gras. Et les canettes de bière, les poubelles. La grande roue est toujours là, inerte, inutile. Privée de ses nacelles, on dirait presque qu'elle gît. Le parking rouge est vide, absolument vide. Lui si vivant hier est redevenu une morne plaine. J'arrive au Tertre Rouge. Je n'enquille pas les Hunaudières, c'est inutile. Direction Paris, c'est fini. Je suis en manque. 364 jours de manque avant mes 31èmes 24 Heures. J'attends déjà.

Laurent Chauveau

PS : Vous devrez revenir dans les jours prochains pour lire une analyse de la course. Mais en attendant, je vous propose ma galerie de photos du samedi. J'ai également ajouté celle de dimanche ;)