Qui eut pu prédire cela ? Etait-ce seulement envisageable ? Tel un scénario de cauchemar, le château fort Peugeot s'est effondré pièce après pièce, tel un jeu de domino. A 1h30 de l'arrivée, la dernière pièce maitresse s'effondrait à Arnage à la stupeur de tous les observateurs présents. Quatre voitures de pointe au départ, aucune à l'arrivée : c'est l'hallali. Le Lion a lutté jusqu'à la mort, la mort totale. On a rarement vu une équipe aussi bien préparée subir un tel revers. On a beau tenter de se souvenir, on ne trouve guère de parallèle dans l'histoire récente du Mans d'une équipe, tenante du titre, donnée favorite au vu de ses performances, déployant tant de forces et qui subit un tel revers. On peut penser à Mercedes en 1998 et 1999 mais ce n'est pas tout à fait du même niveau. Ne serait-ce que par le nombre de voitures engagées. Non vraiment, on a beau chercher, on ne voit pas... Ce qui n'enlève rien à la valeur de la réplique opposée à Audi. Le Dr Ullrich a d'ailleurs souligné la rudesse du combat, le plus rude jamais livré par Audi depuis sa présence au Mans.

Dans le même temps, la firme allemande a de nouveau joué la partition parfaite. Luttant avec son arme majeure, la fiabilité. Ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit. L'Audi ne s'est pas contenté d'être fiable. Pour faire flancher Peugeot ce week-end, il fallait mettre une grosse pression. Et rouler vite, très vite, extrêmement vite. Un petit cran au-dessous des lionnes en terme de performance pure, les R15 n'ont pourtant pas molli. Et non contentes de signer un historique triplé, elles déboutent, 39 ans plus tard, le frère ennemi des tablettes mancelles. Le record historique de la Porsche 917, voiture légendaire, vole en éclat. Ce n'est pas seulement la n°9 victorieuse qui déboulonne la n°21 de 1971. Ce sont les trois R15+. Toutes dépassent les 5335 km fatidiques. Le nouveau nombre est de 5410,713 km. Qui l'eut crû ce mercredi lorsque les pilotes Audi semblaient inquiets à la comparaison des performances des quatre 908 et des trois R15+ ? Même le plus fanatique des fans Audi pouvait il l'imaginer ? La maison allemande n'a pas paniqué. Elle a redressé la barre. Donnant de nouveau la leçon de 2008 : la Tortue peut triompher du Lièvre. Une tortue TDI tout de même...

Olivier Quesnel a pleuré, Hugues De Chaunac a pleuré, le Dr Ullrich a pleuré. Mais tous n'avaient pas les mêmes raisons. Une chose est sûre, l'émotion a été forte et les applaudissements nourris au passage de Timo Bernhard victorieux sous le drapeau à damiers de Daniel Poissenot. Mike Rockenfeller et Romain Dumas savourent eux aussi leur premier succès manceau. Il y eu une standing ovation spontanée en salle de presse à l'arrivée. Cela aussi, de mémoire, on n'a pas beaucoup connu. C'est la preuve de la valeur de ce succès.

N'oublions pas HPD qui s'impose en LMP2 via le team Strakka. Ne passons pas sur Porsche et le team Felbermayr qui triomphent en GT2, catégorie qui a offert un spectacle superbe surtout samedi soir. Et n'omettons pas la Saleen S7-R et Larbre Compétition qui s'offrent le dernier succès d'une catégorie GT1 désormais exclue des terres mancelles.

Je vous donne rendez-vous dans les prochains jours pour une première analyse de cette course hors-norme. En attendant, prenez du repos, 24 Heures ça use. Remettez-vous de vos émotions et revenez frais et dispos, on tentera de revivre tout cela... En attendant, je vous propose aussi de retrouver en photos l'un des moments forts de la course, l'abandon de la Peugeot n°2 au petit matin. Quand je vous disais émotion...

Laurent Chauveau