8 Heures du Paul Ricard HTTT : une pluie de nouveautés ! Imprimer
Mercredi, 07 Avril 2010 20:42

th_01_HTTT_Oreca_908Après les 12 Heures de Sebring qui ont lancé la saison américaine, voici le tour du circuit Paul Ricard HTTT de débuter la saison européenne. Une grande première pour Le Mans Series à plusieurs titres : tout d'abord, il s'agit bien de la première course disputée dans le cadre de cette série sur le tracé provençal. Si le HTTT est un habitué de Le Mans Series, c'était jusqu'à présent dans le cadre des tests de pré-saison uniquement, pas pour une épreuve à proprement parler.

Ensuite, il s'agira de la première course de 8 heures depuis le lancement de la série en 2004 à Monza. Habituellement basée sur des formats de 1000 kilomètres ou 6 heures, les deux seules exceptions à cette règle ont été les Mil Milhas de São Paulo en 2007 et la seconde course à Istanbul (2006) amputée de deux heures par la faute d'un manque de carburant... Cette course de 8 heures est une offrande pour les fans français qui se rendront sur le circuit (et ce serait cool que la SNCF stoppe sa grève à temps pour ceux qui viennent de loin...), une seconde opportunité de voir les voitures sur le sol français en plus de celle qui se trame généralement à la mi-juin.

Sans Pescarolo Sport !

Troisième nouveauté, et ce n'est pas la plus agréable, loin s'en faut, il s'agira de la première course depuis le lancement de la série ou l'équipe d'un certain Henri Pescarolo ne sera pas présente... Un tournant fort dommageable qui traduit probablement la situation périlleuse dans laquelle se trouve l'une des équipes les plus compétentes de la série. Pour situer le manque que va créer cette absence, rappelons simplement que Pescarolo Sport, c'est deux titres LMS acquis en 2005 et 2006, huit victoires au scratch dont un grand chelem lors du second titre... Sans oublier évidemment les trois podiums sarthois, les victoires en FIA SCC ou ELMS antérieures à l'apparition de Le Mans Series ! Dimanche prochain à 11 heures lorsque les feux passeront au vert, on aura une pensée pour les manceaux en souhaitant les retrouver rapidement au départ...

Audi R15 plus, grande première !

th_01_HTTT_Audi_R15_plusQuatrième point, nous aurons le plaisir de voir pour la première fois en compétition l'Audi R15 plus, l'évolution majeure de la voiture née l'an passé et dont la face avant avait créé quelques remous dans le petit monde feutré de l'endurance... La nouveauté a été dévoilée récemment au lendemain des 12 Heures de Sebring, course pour laquelle elle n'était pas encore prête. Les 8 heures du Paul Ricard constitueront donc son baptême en compétition. A cette occasion une seule R15, à la décoration pour le moins surprenante et originale, sera en piste. Cela traduit bien le planning tendu que s'est imposé Audi Sport cette année en mettant en piste aussi tardivement cette auto. D'ailleurs Audi Sport confirme que cette course vient très tôt dans le planning de développement et que cette course aura avant tout valeur de test. On affirme que le résultat de la course est secondaire. Nous verrons bien. Il est toutefois évident que la seule R15 engagée (pour McNish-Kristensen-Capello) est à ranger au rang des favorites.

Oreca dans la peau du favori

De même que doit l'être la Peugeot 908 du team Oreca, autre grande première de cette course. L'équipe de Hugues de Chaunac a décidé de mettre ses œufs dans deux paniers différents cette année. Si le développement et l'engagement de la Oreca 01 au moteur AIM se poursuit, mais avec des pneus Dunlop cette fois-ci, une 908 aux toutes dernières spécifications techniques, a été confiée par Peugeot Sport aux hommes de Signes. De quoi assurer une présence complète à l'année dans la série bien sûr mais aussi un soutien précieux à l'équipe officielle au Mans. Signe de la force des relations entre Oreca et Peugeot Sport, Stéphane Sarrazin rejoint Olivier Panis et Nicolas Lapierre pour ce week-end : un atout précieux pour aider à la mise au point d'une auto que le pilote gardois connait comme le fond de sa poche ! Nous assisterons donc au premier affrontement Audi-Peugeot de la saison, une raison majeure, sans aucun doute, de se rendre au Paul Ricard ce week-end. Mais si Oreca peut être considéré également comme l'un des grands favoris de la course, ce n'est pas seulement en raison de la présence de la 908. Il faut en effet rappeler que la Oreca 01 a brillé lors des tests du mois de mars sur ce même circuit en signant le meilleur chrono des deux jours ! Soheil Ayari, Loïc Duval et Didier André disposeront d'une chance de premier ordre au départ de cette course même si l'on sait que des séances d'essais ne donnent que des indications partielles et faussées du niveau de performance réel des uns et des autres... Les « essences » seront-elles enfin au niveau des « diesel » après les nouveaux réajustements hivernaux de l'équivalence décidés par l'ACO ? Sur un tour complet et non pas seulement en ligne droite. Beaucoup en doutent encore. La course nous apportera une vérité que Sebring n'avait que partiellement dévoilé.

Car si l'épreuve floridienne nous a prouvé qu'il faudrait désormais compter avec la vitesse de pointe de la Lola Aston Martin officielle, elle a aussi démontré que la voiture anglaise aux couleurs Gulf, n'est toujours pas tout à fait au même niveau sur une boucle complète. Deux Lola Aston seront donc présentes en P1, l'une officielle avec le même équipage qu'en Floride (Fernandez-Primat-Mücke), l'autre confiée au team Signature (encore une belle nouveauté de l'année 2010) pour Mailleux-Ragues-Ickx. Ces voitures constitueront de beaux outsiders même si les équipages sont moins homogènes que chez Audi et Oreca (notamment la 908).

Et si ils se rebellaient ?

On attendrait presque une meilleure performance du team allié l'an passé à Aston en P1 mais qui a décidé cette année de prendre le chemin de Judd pour motoriser ses deux Lola Coupé LMP1 : Rebellion Racing ! L'équipe helvético-anglaise dispose d'une très bonne auto (comme l'a prouvé celle du Drayson Racing aux mains de Pirro à Sebring) et d'équipages très solides ! Nicolas Prost et Neel Jani seront en effet associés sur la n°12 tandis que la n°13 sera confiée à Andrea Belicchi, le fidèle du team, Jean-Christophe Boullion et Guy Smith, les deux recrues de poids de l'inter-saison ! Si la fiabilité veut bien être de leur côté, ça risque de briller en piste. Et pas seulement en raison des perfs... Si vous voulez admirer les deux coupés du team, les lunettes de soleil sont en effet obligatoires ;-)

5, rouge, impair et... star of the show !

Last but not least des grandes nouveautés en P1, celle qui sera probablement l'une des grandes attractions médiatiques du week-end : la Ginetta-Zytek au n°5 rouge de la... Mansell family ! Effectivement, le fantasque champion du Monde 1992 de Formule 1 et champion CART 1993, revient à la compétition en compétition de ses deux fils, déjà vus en LMS, sur une auto ceinte de l'Union Jack. De quoi ameuter les médias britanniques et faire battre le cœur de nombre de fans nostalgiques ? Certes et on peut vraiment s'en réjouir. Mais on peut également apprécier de voir une voiture rapide dont les tests de mars ici même ont été de bonne facture. Reste à savoir si l'auto recevra les toutes dernières évolutions aérodynamiques récemment apparues sur la Ginetta-Zytek P2 du team ASM.

Le LMP2, justement sera lui aussi l'occasion de voir de belles nouveautés. A commencer justement par la nouvelle aéro évoquée à l'instant. La Ginetta-Zytek a bien changé avec ces nouveaux pontons ouverts derrière la roue avant. Mais ce rendez-vous du HTTT donnera l'occasion de savoir si cela suffira face à la nouvelle grosse évolution apportée aux deux Pescarolo du team OAK Racing. Car si l'on devra se passer du team d'Henri Pescarolo, il est heureux que le team nivernais dirigé par François Sicard nous permette d'admirer le travail hivernal des hommes du quadruple vainqueur manceau. L'aéro de l'auto avait déjà été profondément remaniée l'an passé sur cette auto ce qui avait permis à la P1 de briller. Mais on ne s'est pas reposé sur ces lauriers et Claude Galopin a remis ses maquettes dans la veine d'une soufflerie cet hiver afin de poursuivre la progression. L'avant de la voiture en est nettement sorti modifié tandis que la partie arrière a elle aussi évolué. Les chiffres de la soufflerie sont, semble-t-il, très prometteur. Souhaitons que la piste confirme la théorie et offre des performances solides comme le chène aux deux Pescarolo OAK (désormais motorisées par la V8 Judd) parce que non seulement, la catégorie sera riche en nombre, mais elle le sera également en qualité...

LMP2, HPD débarque !

Car la vraie grande nouveauté du P2, c'est l'arrivée des ex-Acura, désormais dénommées HPD, en Europe ! Amis spectateurs, préparez vos oreilles ! Le V8 HPD émet un son véritablement caractéristique et original. Une vraie sirène... Le Strakka Racing sera le premier team européen ) aligner une ARX-01c dont on connait la valeur. L'équipage est sérieux (Watts-Kane-Leventis) donc la performance devrait être au rendez-vous. Mais HPD double ses chances en plaçant un moteur dans la Lola Coupé du team RML, fidèle parmi les fidèles de Le Mans Series. Au vu des essais de mars dernier, la greffe semble avoir bien pris puisque l'auto s'est toujours maintenu dans les trois premières P2 des feuilles de temps aux côtés de la HPD Strakka et de la Ginetta-Zytek ASM. On tient donc bien là les trois favoris logiques de la catégorie.

Aux côtés du OAK Racing, le team Racing Box 100% italien (jusqu'au 6 pilotes tous transalpins) fera également figure d'outsider de valeur. Les deux Lola Coupés sont également motorisées par Judd ce qui assure une fiabilité certaine. Dans un tel concert, WR devra hisser son niveau de jeu. Pour cela, les hommes de l'ex-patron du style Peugeot, sont passés eux aussi par la case des évos aérodynamiques destinés à donner plus d'appui à une voiture née avant tout pour les longues lignes droites du Mans. Ce sont ces modifications qui ont obligé l'équipe dirigée par Pascal Coquin à faire l'impasse sur les tests de Mars. Encore équipée du V8 Zytek pour cette saison (avant de passer en P1 et au diesel maison en 2011...) la petite barquette blanche sera toujours confiée aux frères Salini et à Tristan Gommendy. Leur prestation est attendue avec grand intérêt.

Le team Bruichladdich a désormais délaissé sa Radical, dépassée par la concurrence pour s'associer à Karim Ojjeh et sa Ginetta-Zytek. Il sera intéressant de comparer cette auto à celle d'ASM mais lors des tests de mars dernier, elle n'était pas tout à fait dans le même monde. En attendant de réceptionner sa Norma, le team Pegasus engagera sa Courage LC75 désormais bien agée face à toutes ses rivales. Une auto qui ressemblera d'ailleurs beaucoup, par ses formes, aux Formula Le Mans, qui rejoignent le grand peloton de la série. Une nouveauté de plus au programme, donc pour ces 7 autos qui viennent grossir le peloton des LMP2 (19 voitures en tout !), même si elles n'apparaîtront pas au classement réel de la course.

Pauvre GT1

La catégorie GT1 ne verra finalement qu'une seule voiture au départ ! Voilà une situation bien étrange et certainement pas très agréable à vivre pour les hommes de Jack Leconte qui ne se battront que contre eux-mêmes. Fort dommage pour le spectacle mais fallait-il vraiment maintenir cette catégorie cette année ?...

Pluie de stars en GT2

th_01_HTTT_Porsche_77Le GT2 apporte lui aussi sa grosse nouveauté : le retour du team Schnitzer, représentant officiel de BMW, dans les compétitions badgées Le Mans. Le niveau de compétitivité réel de la M3 en configuration européenne, reste toutefois marqué d'un gros point d'interrogation. On sait que la version US bénéficie de quelques largesses propres à l'IMSA. Rien de tout ça avec les commissaires de l'ACO de notre côté de l'Atlantique. Les essais de mars n'ont d'ailleurs guère été engageants, la n°78 fréquentant assidument la queue de peloton. Un net progrès est attendu surtout face aux « habitués » du GT2 européen que sont IMSA, Felbermayr ou Prospeed côté Porsche, AF Corse (trois voitures !) CRS Racing ou Hankook Farnbacher côté Ferrari, la Spyker officielle ou l'Aston Martin Vantage du JMW Motorsport, sérieusement reprise en main par Prodrive et très en verve lors des tests de mars. Cette bataille vaudra comme toujours sérieusement le coup d'œil d'autant que le niveau de pilotage est très élevé sur nombre de ces voitures. La liste des pilotes est la plus impressionnante des 4 catégories et il est certain qu'il faudra se cracher dans les mains pour aller quérir le succès. En passant, un équipage, plus encore que les autres, attirera lui aussi l'attention des médias : celui de la Ferrari AF Corse n°95 sur laquelle Toni Vilander accueillera deux débutants en LMS, Jean Alesi et Giancarlo Fisichella. Le fan club de l'avignonnais n'aura pas beaucoup de kilomètres à faire pour activer ses cornes de brume...

Vivement dimanche matin 11 heures pour que ces 41 autos s'élancent vers la Verrerie. Bizarrement, sur Eurosport, la prise d'antenne se fera 15 minutes après le départ. Bien dommage pour les fans...

La liste des engagés est ici.

Laurent Chauveau