Comme un manque… Imprimer Envoyer
Lundi, 18 Juin 2018 16:58

Course_015Un lundi matin, sur la terre, pas loin du Mans. Il bruine. Ca n’aide pas… Forcément, on est un « lendemain de ». Et les « lendemains de » ne sont jamais bons. On ressent comme un vide. Comme un manque. Mais cette année, ce manque est différent…

Comme un manque de soleil… Ce lundi matin est finalement à l’image de la semaine. Nuageux. Arrosé. On a surement payé là une semaine 2017 bien trop belle. Le coucher de soleil fut bref et inattendu. On n’y croyait pas. La couche nuageuse se transperça subitement laissant passer quelques rais lumineux. Il fallait être au bon endroit au bon moment pour profiter ce petit moment doré. J’y étais. Coup de bol ? Pas forcément. De quoi être content ? Un peu. Mais 20 minutes, c’était un peu trop peu… On est gourmand que voulez-vous ! J’ai loupé le lever de soleil en assurant le live-texte. Mais en fait, je n’ai rien loupé. Lorsque le soleil s’est réellement levé, il devait être pas loin de midi. Jusque-là, les nuages gagnaient la partie haut la main. J’exige désormais, par décret présidentiel, une météo type 2017 pour toutes les 24 Heures du Mans.

Course_017Comme un manque de faits de course. Je ne parle pas des sorties de piste dont je suis peu friand. Je parle de ces bastons roues dans roues, de ses arsouilles mémorables. Le GTE Pro et le P2 devait nous offrir ce spectacle. Il fut trop peu présent. Je parle de ces arrêts imprévus qui mettent à mal le meilleur des tableaux de marche, qui nous coupent le souffle par leur brutalité. Il n’y en eu guère cette année. Tout fut bien trop linéaire. Regardez le classement du GTE Pro. Le podium est déjà dessiné bien avant la mi-course. Oh les écarts chronométriques étaient très faibles, les Porsche n’étaient même pas les plus rapides si l’on en croit les relevés officiels. Toujours est-il que la première neutralisation scinda le beau peloton en deux, le cochon rose d’un côté, le reste du peloton derrière. Et le peloton ne rattrapa jamais l’échappé. Le cochon rose se para du maillot jaune. Célébrant ainsi les 70 bougies du la marque…

Course_005Comme un manque d’usines… Oh pas en GTE ou il y en a presque trop avec trop de voitures chacun. Je suis pour la troisième voiture officielle car c’est une sorte de tradition mancelle, celle qui distingue Le Mans des autres courses du championnat. Mais quatre, c’est trop, surtout lorsque l’on ne manque pas de privés pour garnir le plateau. Non pas de manque en GTE Pro mais un manque d’usines en P1. On avait beau être préparé, on avait beau le savoir à l’avance, l’absence d’une usine face à Toyota nous a privé d’une belle course dans la catégorie reine. Maintenant que Toyota a légitimement gagné Le Mans, on peut espérer que le règlement sache réellement équilibrer les chances entre des privés d’hybride et des nantis d’hybride. Pour cela, il faudra bien tenir compte de la capacité de développement d’un département course tel que celui de TMG qui ne va pas se contenter, probablement, d’un peaufinage de la voiture comme cela a été le cas cette année. Capacité de développement que les privés ne possèdent pas. Il ne faudra pas seulement compenser le déficit de performance vu cette année au Mans mais anticiper finement sur celui qui ne va pas manquer de s’ajouter. Et cesser de donner, sur le papier en tout cas, un tour de moins d’autonomie aux P1 privés… Course_009On a su, pendant trois saisons complètes 2014,2015 et 2016, équilibrer de manière satisfaisante des usines faisant rouler des voitures très différentes, diesel, essence, V4 turbo, V8 atmo, batteries, super-condensateur. On doit donc pouvoir équilibrer parfaitement des P1 privés classiques dans leur conception avec une P1 hybride. Car il nous reste deux 24 Heures du Mans à vivre avant de voir les futures LMP1 2020 en action (elles n’arriveront que pour la saison 2020/2021). Nous voulons de la baston roues dans roues. Nous ne voulons que cela. Et que le meilleur gagne. Mais que ces équilibrages artificiels deviennent lassants. BOP ou EOT, ils ne peuvent qu’entrainer des frustrations. Et des sujets de discorde. Des opportunités de se défausser de la qualité de sa conception, aussi. Comment dénouer le vrai du faux vu de l’extérieur ? La nouvelle Vantage souffre-t-elle trop de la BOP suite à la victoire de 2017 de sa grande sœur ? Ou est-elle tout simplement ratée ? Comme l’AMR-One de 2011 par exemple… Et si elle va mieux l’an prochain ? Devrons-nous le porter uniquement au crédit des ingés ou aux rééquilibrages de la BOP. Dont la seule présence introduit sournoisement le doute…

Course_006Comme un manque de simplicité. Un seul texte, une technologie et une seule, ce serait tout de même plus simple. Ce n’est malheureusement plus dans l’air du temps et si on peut le comprendre en GT, c’est beaucoup plus difficile à admettre en proto ! Mais l’éternel paradigme de vouloir faire du Mans le laboratoire du futur trace le sillon. Le règlement est fait pour satisfaire les constructeurs. Mais il finit par couter trop cher. Trop cher en euros et par conséquent, trop cher en spectacle lorsque les usines qui l’ont appelé de leurs vœux finissent par quitter l’arène du fait même de son coût ! Le règlement 2020 (le nouveau…) dévoilé cette semaine revient enfin à plus de simplicité en abandonnant les double systèmes hybrides. On ne parle plus du fameux kilomètre parcouru en électrique seulement. Tant mieux. On se dirige vers de véritables protos camouflés derrière des carrosseries redonnant les codes de la marque. On coupe les ailes à l’aéro inutile, très bien ! On conserve un seul système hybride. Il semble que cela soit un mal nécessaire pour justifier les appétits marketings des constructeurs. Je le comprends et l’accepte mais il ne faut surtout pas l’imposer aux privés même si la volonté d’ordonner aux usines de proposer en leasing leur groupe moto-propulseur est une bonne initiative. Ajouter un moteur électrique à un moteur thermique coûtera toujours plus cher qu’un moteur thermique seul. Ce qu’une usine peut justifier pour des raisons de comm’, un privé ne le peut pas. Il faut leur laisser la possibilité de « rouler simple ». Simple mais compétitif. Car on était bien content de voir des Rebellion et des BR1 donner un semblant d’intérêt à l’édition 2018. Il ne faut plus jamais oublier ce que ces équipes apportent à la course. Si les usines souhaitent dépenser des millions, c’est leur problème mais il faut être assez fort pour choisir de donner leur chance aux privés, une vraie chance, sans les obliger à en faire de même. Car une course se doit d’offrir une… course, avant toute autre chose ! Même si l’on ne peut jamais être sûr de rien. Comme le LMP2 l’a prouvé cette année. Tout le monde a le même moteur et pourtant, là aussi, la course a été plate, dominée largement par une voiture finalement exclue…

JeromeComme un manque des potes. De tous ces potes que l’on est ravi de retrouver chaque année autour de notre passion commune, ça ajoute un énorme « plus » à l’évènement, c’est clair. Je ne vous nommerai pas, pas besoin, vous le savez forcément si vous en faites partie. Mais je pense à l’un d’entre vous tout spécialement. Car cette année, tu l’as enfin décrochée la timbale ! Et il faudra vraiment que tu me dises ce que ça fait !

Comme un manque tout simplement, ce manque que l’on ressent les « lendemains de ». Car si tout n’a pas été parfait dans cette édition 2018, putain, ça faisait quand même du bien d’y être ! Je n’arrive pas à définir à quoi ça tient mais la boule d’émotion est toujours là avant ce sacré départ. Je ne la retrouve nulle part ailleurs. Même dans les courses US que j’apprécie pourtant beaucoup. Même dans ces 6 heures de Spa qui offrent toujours un beau spectacle. Je suis « né » au Mans avant toute autre course, ceci explique peut-être cela. J’ai bientôt 50 ans et la boule est toujours là, au fond de la gorge. Jusqu’à ce que Rafa n’abaisse le drapeau…

Comme un manque de l’édition 2019. J’attends déjà. Impatient mais prudent et circonspect. Car je veux mieux que 2018…