Audi amène le système Quattro au Mans ! Imprimer Envoyer
Jeudi, 01 Mars 2012 07:30

AudiR18 e-tron QuattroUne quatre roues motrices au Mans ! Cela ne s'était plus produit depuis 1987 avec la présence de la Porsche 961. Audi a profité de l'ajout de deux moteurs électriques propulsant les roues avant de sa R18 pour ressusciter (en compétition tout au moins) sa célèbre appellation « Quattro ». Les Audi R18 de pointe seront donc désormais dénommées Audi R18 e-tron quattro (C'est bon, on n'a rien oublié ? ) Comme Toyota, Audi plonge donc dans les délices et méandres de la propulsion hybride. Après avoir longuement tenu un discours de prudence quant à l'intérêt de cette technologie en compétition.

Pour cela, comme on avait pu le voir avec les premières photos lâchées lors des tests au Castellet, une coque nouvelle a été créée. On avait en effet remarqué que la coque semblait plus haute dans sa partie avant. Au vu du schéma en transparence fourni par Audi Sport, on comprend mieux. Les deux moteurs électriques de 75 kW (soit 100 ch chacun ! ) sont en effet installés sous les pieds des pilotes au niveau de l'axe des roues (ce qui est logique). Leur puissance est donc transmise aux roues (au-dessus de 120 km/h comme l'exige le règlement) via deux arbres de transmission de diamètre bien plus faible que ceux des roues arrière ce qui n'a rien de surprenant étant données les différences de puissance qui entrent en jeu. La restitution d'énergie est contrôlée par électronique et de manière indépendante pour chaque roue avant.

L'électrique sur l'Avant !

Audi_R18-e-tron_Quattro_principeMais avant de transmettre de la puissance, encore faut-il en disposer. Pour cela, le système électrique récupère l'énergie de freinage (toujours sur les roues avant) puis la stocke dans un système à roue d'inertie (en fibre de carbone) placé à côté du pilote. On voit que la synergie de groupe joue à plein si l'on se souvient que Porsche avait choisi le même système pour sa 911 GT3 Hybrid... Et comme dans pour Porsche, on a fait appel au savoir-faire de Williams WHP pour étudier ce système. Le choix de la roue à inertie est justifié par le fait que « l'accumulation d'énergie doit se faire en quelques secondes lors des phases de freinage » selon Christopher Reinke, le directeur technique du projet LMP. Il ne nous reste plus qu'à savoir durant combien de secondes les pilotes disposeront ainsi de 200 chevaux électriques et non plus vapeur ! En tout cas, aux dires des pilotes, l'ajout de la traction avant se ressent nettement sur le plan dynamique.

Ce qui est étonnant, c'est que si Peugeot Sport n'avait pas décidé de se retirer, on aurait trouvé au départ, trois voitures hybrides différentes. Vraiment différentes. On sait que Peugeot avait opté pour de classiques batteries pour le stockage de l'énergie, Toyota fait confiance à des condensateurs tandis qu'Audi fait appel à une roue d'inertie. La technologie est débutante en compétition et chacun se doit de faire un choix. Les résultats de la piste donneront leur vérité et nous assisterons alors probablement à une convergence des techniques vers la plus efficiente d'entre elles. Cette phase de recherche (ne parlons surtout pas de tâtonnements étant donné les budgets mis en jeu) est évidemment passionnante pour les ingénieurs. Mais à double-tranchant probablement...

Carter de boite en carbone !

Un système hybride est inévitablement une source de surpoids. Audi Sport a donc buché sur le sujet et a trouvé une parade que ne s'est pas autorisé Toyota : un carter de boite en fibre de carbone comme cela se fait désormais en F1. Décidément, la firme allemande ne recule devant aucun sacrifice. Voilà, une fois encore, qui rappelle Porsche à la grande époque. D'ailleurs, comme Porsche dans les années 70, Audi Sport n'engagera pas un seul modèle mais bel et bien deux. Certes, la version thermique de l'Audi R18, la R18 Ultra, évolution de la R18 TDI de 2011, partagera de nombreuses pièces avec l'hybride. Mais ne serait-ce que parce que la coque sera différente ainsi que certains panneaux de carrosseries surtout à l'avant, il s'agira bien de deux modèles à part. Et ce malgré le message que veut faire passer le constructeur allemand disant que les deux voitures sont totalement identiques hormis le système hybride. Les photos prouvent le contraire...

Côté carrosserie, il y a des choses étranges sur les photos officielles. La petite nouvelle se pare des ailes avant vues au Mans l'an passé tandis que la R18 Ultra utilise celles, plus fluides, apparues à Imola quelques semaines plus tard... Pourquoi une telle différence ? Mais la grosse interrogation vient des fameux trous au-dessus des ailes que le règlement impose depuis cet hiver. Tous les privés nous présente des voitures avec des ouvertures béantes mais les deux voitures usines, la R18 et la TS030 s'en passent. En effet, la Toyota tourne en essais privés avec de généreuses persiennes à l'avant comme à l'arrière. Mais ces trous ne laissent pas entrevoir le pneumatique seul en vue de dessus comme le stipule le règlement. Quant aux R18 2012, au vu des photos proposées, il n'y a ni persienne, ni découpe à l'arrière. Quant à l'AV, les persiennes sont celles de 2011 mais là non plus, il n'y a pas ces fameuses découpes. Lorsque l'on constate que, mise à part la nouvelle forme du nez sur l'hybride, la carrosserie ne semble pas avoir évolué par rapport à 2011, on en conclue que Audi Sport n'a peut-être pas tout dévoilé hier soir à Munich et que les évos 2012 de carrosserie sont conservées au chaud... Toujours est-il qu'il faudra bien percer ces trous au-dessus des roues ! D'autant que le communiqué de presse d'Audi stipule bien que les ingénieurs ont du intégrer ces nouvelles contraintes. Pour l'instant, nous ne les voyons pas !


Sans être ingénieur, on voit bien que la Quattro et l'Ultra ne sont pas absolument identiques et disposent de coques différentes.

Pas d'ouvertures dans les ailes AV au-dessus des pneus...

...et pas plus à l'arrière !

Le thermique sur l'Arrière.

Le moteur TDI reste tout de même l'élément majeur de la propulsion des Audi R18 2012. Aux dires d'Ulrich Baretzky, le responsable du département moteur d'Audi Sport, il a été largement revu et amélioré afin de s'adapter aux brides plus petites. « Nous avons repensé le processus de la combustion ainsi que les échanges gazeux. » Ce moteur diesel est désormais plus léger que le V8 TFSI des années 2000 ! Petite phrase lourde signification, le Dr Ulrich, grand patron d'Audi Sport, annonce que « le diesel est désormais clairement désavantagé suite aux rééquilibrages réglementaires de l'hiver mais nous sommes prêts à affronter ce défi ». Il met ainsi la pression sur Toyota qui se devrait donc d'être performant d'emblée malgré son manque d'expérience mais également sur la FIA et l'ACO dont il se dit « convaincu qu'ils prendront à l'avenir les bonnes décisions... »

Audi R18 e-tron Quattro et Audi R18 UltraDeux exemplaires de l'Audi R18 e-tron quattro seront engagés aux 24 Heures du Mans mais également aux 6 Heures de Spa. Deux Audi R18 Ultra le seront également. L'Ultra est en fait l'évolution de la TDI de 2011. Elle a été revue dans tous les domaines afin de gagner du poids. Sa coque a également été modifiée. Bref, ce sont bel et bien deux autos largement revues qu'Audi Sport amènera en Sarthe cette année. Largement revues et largement éprouvées puisque les premiers tours de roues de la Quattro sont intervenus en octobre 2011, soit 18 mois après le lancement du projet hybride en février 2010... Le planning de préparation de Toyota paraît bien court en rapport avec celui d'Audi...

Audi_R18_Sebring_2Pour les 12 Heures de Sebring, Audi Sport se fiera à la version 2011, parée des couleurs 2012. Trois exemplaires seront confiés à Marcel Fässler/André Lotterer/Benoît Tréluyer, sur la n°1 Dindo Capello/Tom Kristensen/Allan McNish sur la n°2 ainsi que Timo Bernhard/Romain Dumas/Loïc Duval sur la n°3. Les deux premiers équipages auront l'honneur de faire rouler la e-tron quattro au Mans et à Spa, le troisième devant se « contenter » de la Ultra. Il en sera de même pour le quatrième équipage aligné en ces deux occasions, celui des petits jeunes : Marco Bonanomi, Oliver Jarvis, Mike Rockenfeller ne les rejoignant que pour Le Mans en raison d'un clash de date avec le DTM.

Laurent Chauveau