Journée Test : Audi semble facile... Imprimer Envoyer
Dimanche, 24 Avril 2011 19:27

Audi R18 #3 Le MansAurions-nous assisté aujourd'hui à une inversion majeure de tendance ? Depuis 2008, Peugeot Sport a toujours dominé Audi Sport en terme de performance pure sur un tour. En ce Dimanche 24 Avril 2011, sur le circuit du Mans, les R18 ont dominé tout au long de la journée les 908. Une domination sans appel qui a failli se traduire, après huit heures d'essais, par la présence aux trois premières places des trois Audi ! Et sans que l'on ait l'impression non plus que l'équipe allemande ait particulièrement cherché à affoler les chronos. Ce n'est d'ailleurs pas dans ses habitudes. Si Peugeot Sport a pu finalement signer un chrono très très proche de celui des deux meilleures Audi et finalement briser le triplé Audi, ce n'est qu'en envoyant Stéphane Sarrazin à l'assaut dans les toutes dernières minutes. Au moment ou le gardois signait un 3'27"876 lui offrant la troisième place, André Lotterer claquait une série de tours en 3'28"4. Preuve que la performance de Peugeot est probablement en trompe-l'oeil tandis que Audi est plus à l'aise...

peugeot 908 n°9 Le MansEn 3'27"687, c'est donc Tom Kristensen qui s'offre le meilleur chrono absolu de la journée sur la R18 n°3 devant Mike Rockenfeller sur la n°1 en 3'27"815. Tom comme Mike ont avoué avoir bénéficié d'un tour clair lorsque leur meilleur chrono a été établi. Certes, ils attaquaient mais, ils suivaient à cet instant précis, leur planning de travail et il n'était pas question de partir dans une chasse à la performance. Stéphane Sarrazin dit exactement la même chose mais, lorsque l'on évoque l'avantage que semble avoir pris Audi, on sent une petite gène dans sa réaction et le sujet est assez rapidement éludé. Il est tout de même « très satisfait de l'équilibre trouvé sur la voiture notamment dans le rapide ce qui est important pour la course. L'ensemble des pilotes semblent d'ailleurs avoir le même ressenti. »

5 voitures en 6 dixièmes

Quand on sait que André Lotterer a signé le quatrième chrono en 3'27"878, l'on se dit que les R18 sont incroyablement groupées ! D'ailleurs, de mémoire, on a très rarement vu les cinq meilleures voitures groupées en moins de 0"6 au Mans ! Sur un circuit de 13,6 km, c'est étonnant. Car la seconde Peugeot, la n°9 a tourné en 3'28"304 aux mains de Sébastien Bourdais. Mais là encore, comme pour Stéphane, c'était lors d'une très court relais de trois tours avec certainement pour objectif, de taquiner le chrono.

La troisième 908 officielle, la n°7, est la vraie satisfaction du clan Peugeot. C'est en effet cette auto qui revenait d'Aragon après une endurance de 30 heures. Elle en a ajouté 8 aujourd'hui en bouclant 59 tours le matin puis 58 l'après-midi soit près de 1600 km. La fiabilité peut donc donner satisfaction même si il reste le petit contre-point du moteur défaillant de la n°9 dans la matinée. Un pépin sans trop de conséquence puisque Sébastien a pu ramener la voiture aux stands. Le moteur n'a donc pas cassé mais l'équipe ne trouvant pas rapidement la cause de sa panne, il a été décidé de le changer afin de poursuivre le programme. Avec un meilleur tour en 3'32"549, elle se classe derrière une autre Peugeot, la 908 HDi Fap du team Oreca. En 3'31"141, la n°10 nous permet de chiffrer la perte colossale de performance qu'a subi cette voiture en un an, du fait des nouvelles brides d'air qui lui sont appliquées : 12 secondes ! Malgré tout, elle reste relativement proche des usines et pourra aller chercher un bon résultat en jouant sur la fiabilité.

Aston Martin ? Nul part...

Terminons en avec les voitures d'usine en parlant brièvement de la piètre prestation (malheureusement attendue) des Aston Martin AMR-One. 13 tours le matin pour la n°007, 2 seulement pour la n°009, aucune auto en piste l'après-midi, on remballe tout le matériel à trois heures de la fin... Le chrono indigne d'une auto d'usine devient du coup, tout à fait anecdotique. Etant donnée la somme de travail qui attend les hommes de George Howard-Chappell d'ici la mi-juin, on peut même commencer à se poser des questions sur leur présence réelle. On a connu des équipes d'usine déclarant forfait tout en étant mieux préparée (Ferrari en 1972, par exemple). Seul point positif, le 6 cylindres en ligne chante bien malgré le turbo. Il chante bien, mais pas longtemps...

Dans le clan des essence, on retrouve les bonnes vieilles habitudes. Pescarolo domine et on est à 10 secondes des diesel ! Du classique vu et revu. De là à dire que l'équivalence est mal faite, ne comptez pas sur moi... J'ai déjà eu maintes fois l'occasion de donner mon opinion et celle-ci ne change pas. Emmanuel Collard a donc placé la n°16 au 8ème rang absolu en 3'36"583, position que l'auto a occupé durant la majeure partie de la journée, preuve qu'elle n'est pas là par hasard. Mais qui en doutait encore. Les deux Lola Rebellion viennent immédiatement derrière. La n°13 a connu une casse sur le demi-train arrière-droit au moment même ou Andrea Belicchi signait le meilleur chrono de la voiture, en milieu d'après-midi. Après réparations, la voiture a tout de même repris la piste. La n°12 la devance en fin de journée en 3'37"809, il y a donc un petit écart avec la Pescarolo mais les pilotes semblent satisfaits de la grosse évolution apportée à la voiture. Il reste certes encore beaucoup de travail à mener pour mieux cerner l'ensemble mais les débuts sont encourageants.

Juste derrière se trouve la Pescarolo OAK n°15 et son « drôle d'aileron à boules ». Peut-être avez-vous pu distinguer ces étranges formes situées sur le profil supérieur de l'aileron. Il faudra inspecter cela de plus prêt dans un avenir proche pour comprendre ! 11ème chrono de la journée en 3'39"113, la performance est honorable pour un team qui n'a pas eu une journée facile avec ses deux autres autos, la n°24 ne tournant pas du tout de l'après-midi. La Lola Aston Martin Kronos, dans la peau du réserviste, n'a guère été vue en piste à cause de problèmes avec les outres de carburant apparemment. Décidément, sale journée pour les protos Aston ! Journée difficile également pour la Oreca Hybride du Hope Pole Racing. Toutefois, elle se termine mieux qu'elle n'avait débuté (aucun tour dans la matinée) puisque Steeve Zacchia a pu finalement boucler 22 tours dont le meilleur en 3'48".

Oreca et Nissan dominent le P2

Oreca Nissan Signatech Le MansEn LMP2, la journée a été dominée par les Oreca 03 à moteur Nissan. La voiture du team Oreca Matmut a longtemps été pointée au premier rang en 3'43"055, avant que Dominik Kraihamer ne sorte de la route à Indianapolis sans gravement abimer l'auto toutefois. Après un peu de carrosserie, la n°48 reprendra d'ailleurs la piste afin de poursuivre le travail aérodynamique exploratoire pour les clients de la marque. Dans le même temps, Franck Mailleux plaçait la Oreca Nissan n°26 du team Signatech en tête des P2 en 3'42"992. La Zytek Nissan du Greaves Motorsport se place au troisième rang en 3'43"601 puis on trouve la Lola du Pecom Racing en 3'46"097 soit un écart déjà conséquent. La troisième Oreca 03 Nissan, celle du team TDS prend la cinquième place mais étant donné que l'auto ne sera pas présente en juin, elle n'était pas équipée du kit Low Drag nécessaire ici au Mans. On trouve au 6ème et 7ème rang deux voitures équipées du moteur HPD qui prête tant à discussions. La Lola Level 5 n°34 précède la HPD RML n°36 ce qui est assez surprenant... On ne sait vraiment que penser de cette catégorie d'autant que le meilleur team du clan HPD s'est abstenu de venir lors de cette journée à savoir Strakka. Encore une bizarrerie d'ailleurs... Ce qui est sûr, c'est que les Oreca-Nissan semblent affutées. Il restera à trouver l'indispensable fiabilité.

A Ferrari, le GTE...

Ferrari 458 Hankook Le MansLe LM GTE a été marqué par un affrontement Ferrari-BMW tournant finalement à l'avantage des italiennes même si l'on peut penser que les bavaroises n'ont pas jeté toutes leurs forces dans la bataille... C'est la 458 Italia du team Hankook qui remporte la timbale, dans son tout dernier tour lancé, en 3'59"966. Elle est d'ailleurs la seule GTE Pro à passer sous la barre des 4 minutes au tour, performance remarquable... La 458 n°51 du team AF Corse se place au second rang en 4'00"570 en ayant apparemment testé un nouveau bouclier avant (ce point reste à vérifier à l'heure où j'écris ces lignes.) La BMW n°55 se place troisième en 4'01"631 devant une autre 458, la n°59 du Luxury Racing : 4'01"968. Viennent ensuite les deux meilleurs Porsche, celle d'IMSA Performance Matmut n°76 devançant la Felbermayr-Proton n°77. La seconde BMW se place au 8ème rang devant la meilleure GTE Am, à savoir la Corvette Larbre qui était confiée aux pilotes officiels de Pratt&Miller : 4'04"222 pour la C6.R qui a vu sa journée écourtée après un accrochage entre Oliver Gavin et le pilote de la Ford n°68. Si la Ford a pu repartir, cela n'a pas été le cas de la Corvette. Terminons ce tour du GTE en évoquant le cas des Lotus Evora débutantes. Elles ont été plus souvent en piste que ce que l'on pourrait croire et globalement, leur prestation est relativement satisfaisante pour des débutantes. Il reste certes beaucoup de travail (la n°65 est en 4'09"692, la n°64 en 4'20"925) mais au contraire d'autres anglaises, bleue et orange, celles-ci parviennent à rouler...

Cette Journée Test a livré son verdict. Nous a-t-elle pour autant donné toutes les clés ? On ne peut en être totalement sûr. Mais dans les motorhomes, les ingénieurs doivent déjà en savoir beaucoup plus. Certains sont certainement rassérénés, d'autres doivent commencer à se poser quelques questions, voire beaucoup... Il ne reste plus que 6 semaines avant le Pesage...

Laurent Chauveau