Romain Dumas : "Je pense que nous sommes dans le vrai." Imprimer Envoyer
Dimanche, 24 Avril 2011 07:29

Romain_DumasIl est l'un des vainqueurs en titre (ce qui pourtant ne lui a pas épargné quelques problèmes pour pouvoir entrer sur le circuit en ce samedi de Journée Test...) Il est pilote Porsche, prêté aimablement, pour la troisième fois, au cousin Audi afin de défendre sa couronne mancelle. Il a la chaleur des gens du Sud et ne s'arrête plus de parler lorsqu'on le lance sur le sujet de sa LMP1. Romain Dumas a conscience d'avoir une excellente voiture entre les mains, reste maintenant à se frotter à la concurrence.

« De ce que l'on peut juger aujourd'hui, la R18 nous semble bien née. En comparaison de la R15 qui pouvait te donner des sueurs froides, elle est très facile à conduire. Avec les gros pneus à l'avant, on a une voiture très réactive dans les changements de direction. Elle est vraiment très saine. D'ailleurs, nous avons déjà fait beaucoup de séances d'essais et pourtant, je pense que l'on peut compter les têtes à queue ou petites sorties de l'ensemble des pilotes sur les doigts d'une seule main ! Nous avons tous le même feeling, la voiture est bonne et nous sommes assez confiants. En plus, maintenant, nous disposons d'une boite à 6 rapports ce qui nous aide bien. Je ne dis pas que la R18 est exempte de défauts, elle en a certes mais à chaque sortie, la voiture évolue que ce soit par petits pas telle que la gestion de l'intensité d'une lampe au tableau de bord ou par pas bien plus importants. Et à chaque fois, elle s'améliore. Réellement, par rapport à ce que l'on a connu ici avec la R15, on a la sensation d'être dans le vrai. Tous les pilotes ont un feeling semblable au volant... »

 

Tu parles de petits défauts de la R18, tu as un exemple ?

« Je pense à la visibilité notamment. Avec une voiture fermée, c'est évidemment moins facile que dans un spyder. En plus, avec les gros pneus, nous avons réellement un angle mort à droite. Il ne faut pas qu'un concurrent soit garé sur notre droite dans les virages Porsche, on pourrait ne pas le voir... Je sais que chez Peugeot, ils disent avoir amélioré la visibilité. Mais ils ont les pneus larges également. A mon avis, ils ont forcément une visibilité restreinte également... »

As-tu une idée du potentiel respectif de la R18 et de la 908 ?

« Non, vraiment pas. Mais ce qui est étonnant, c'est de voir à quel point les deux voitures sont dissemblables ! Elles sont tellement différentes. Alors tu as du mal à imaginer que les deux soient au même niveau. Reste à savoir qui a raison. Peugeot a l'avantage de bien connaître les voitures fermées. Nous les découvrons. Ils avaient un gros avantage en perfo, l'auront-ils conservé ? Je ne sais pas mais j'ai la sensation que l'on a fait un gros pas en avant. L'an passé, ils avaient un gros avantage en consommation par rapport à nous ici. Mais à Sebring en mars dernier, cet avantage avait disparu face à notre R15 et son gros moteur alors ? Ici même, ils avaient un avions de chasse. Mais à Sebring, ils n'ont pas survolé les débats. Ont-ils caché leur jeu, c'est bien possible comme on l'a vu tout le long des essais. Nous étions dans leurs bottes lors des libres et en qualifs, ils ont tourné la mollette... C'est vraiment difficile de savoir pour l'instant. »

Comment est la voiture du point de vue de la fiabilité à ce jour ?

« Elle est déjà bien. Mais nous allons encore beaucoup rouler d'ici les 24 Heures... De toute façon, la fiabilité est vraiment une obsession permanente chez Audi Sport. Ils sont draconiens sur ce point. Au point, je l'avoue, que cela puisse parfois être un peu frustrant pour un pilote. Ullrich Baretzky, l'ingénieur moteur, est du genre conservateur. L'an passé ici, nous aurions pu disposer d'un moteur légèrement plus puissant, il était prêt. Bon cela ne nous aurait pas permis de combler complètement l'écart face aux Peugeot mais nous nous serions rapprochés. Ce moteur n'avait pas subi l'intégralité des tests de validation exigé et il n'a pas été monté. Si une pièce te permet de gagner une seconde au tour, en tant que pilote, tu la veux. Mais si elle a effectué 95% seulement des tests prévus pour sa validation, Audi Sport ne la montera pas pour une course. Cela explique aussi en partie notre absence à Sebring. Ils avaient encore des doutes. Bon le lendemain de la course, nous les avons faites sans problème les 12 heures et même bien plus. Mais ils ne s'estimaient pas assez prêts, c'est leur philosophie. Parfois, c'est frustrant. Mais ici même l'an passé, les faits leur ont vraiment donné raison ! »

Penses-tu que l'on aura des indications valables à l'issue de cette Journée Test ?

« Il ne faudra pas regarder les meilleurs chronos absolus. Ceux-là n'auront que peu de valeur. Par contre, en s'attardant sur les chronos établis lors des longs runs, là, je pense que l'on en saura beaucoup plus... »

Laurent Chauveau