12H Sebring 2011 : La course des GT Imprimer Envoyer
Mercredi, 30 Mars 2011 20:18

2011_Sebring_BMW_M3_GT_56Avec l'arrivée officielle de BMW et Corvette en 2009, la catégorie GT a connu un coup de boost sans égal. Ferrari et Porsche n'ayant cessé de mettre à jour leurs propres voitures, voire d'en créer de nouvelles, le match à quatre est souvent grandiose. Surtout lorsque cette affiche déjà superbe est agrémentée de la présence de Aston Martin, Ford, Jaguar. En 2011, Panoz et Lamborghini viennent encore renforcer un plateau déjà pléthorique aussi bien en qualité qu'en quantité... N'en jetez plus, la cour est pleine. Et forcément, avec tant d'appelés, il y aura beaucoup de déçus. La 59ème édition des « Mobil 1 12 Heures de Sebring presented by Fresh from Florida » (comme on dit là-bas...) dans le cadre de l' « American Le Mans Series presented by Tequila Patron » (comme on ajoute toujours...) promettait monts et merveilles. Elle nous a offert le spectacle attendu. Et ce dès les premiers tours... Les duels se sont multipliés principalement entre les quatre grands : BMW, Corvette, Ferrari et Porsche. Les changements de leaders ont été très nombreux, aussi bien lors de dépassements sur la piste que lors de ravitaillements. Les faits de course ont provoqué d'incessants rebondissements. Les neutralisations ont permis de maintenir les meilleurs groupés. Au bout du tour d'horloge, BMW s'impose toutefois assez logiquement.

Le doublé pour les bavaroises

2011_Sebring_BMW_M3_GT_55Les deux M3 GT étaient les plus rapides du peloton. Elles n'ont connu aucun problème technique. Elles ont été pointées dans les trois premières GT quasiment en permanence et l'équipe de mécaniciens était d'une célérité à toute épreuve. Pourtant, la course des bavaroises n'a pas été de tout repos avec notamment, un premier relais mouvementé pour la n°56 victorieuse. Dirk Müller a tout d'abord connu un contact avec la Jaguar n°098. Puis il subissait une crevaison à l'AVG. Enfin, il effectuait un 360° dans le Turn 1 avec ses nouveaux pneus. « J'ai cru tout perdre car j'ai senti une dureté dans la direction en cet instant précis. J'avais quatre plats énormes sur mes pneus alors qu'il me restait 40 minutes de relais à tenir ! Mais je n'ai surtout pas voulu rentrer aux stands prématurément car cela nous aurait fait prendre un tour de retard. Or, avec les nombreuses neutralisations que nous attendions, il nous fallait surtout éviter cela... » Son coéquipier Joey Hand ajoutait : « le nouveau système de ravitaillement en cas de neutralisation a rendu la course encore plus serrée. (Les Protos ravitaillaient les premiers puis les GT le tour suivant, NDLR) Je l'ai apprécié quand il nous a aidé à nous replacer dans la course en tête. Mais je l'ai détesté lorsque nous étions devant et qu'il permettait à nos adversaires de recoller... La voiture était vraiment excellente. Équilibrée, confortable, elle nous permettait de rouler vite et longtemps. Les ingénieurs l'ont vraiment améliorée en comparaison de celle de l'année passée. » Andy Priaux soulignait lui que « nous avons eu un peu de chance avec la deuxième neutralisation qui nous a permis de recoller au peloton des leaders. L'équipe n'a commis aucune erreur stratégique et était extrêmement rapide aux stands. Avec Dirk et Joey, nous sommes amis et c'est super de mettre ensemble Sebring sur notre CV. Car il s'agit vraiment d'une course fantastique. » La n°55 qui se classe seconde, offrant un doublé à BMW, a également eu sa part de petites alertes en piste. Notamment, un contact avec une Corvette alors que la nuit était tombée sur le circuit. Le pneu ARG explosait et la jante raclait le béton, crachant de belles étincelles jusqu'au retour aux stands. Après une inspection du passage de roue par les mécaniciens, Dirk Werner repartait 3ème et parvenait, dans le freinage du Turn 7, à reprendre la deuxième place à la C6.R n°03 dans la dernière heure.

2011_Sebring_Corvette_03Les Corvette étaient légèrement en retrait sur le plan de la performance pure ce week-end. Piste sale, températures élevées, elles usaient rapidement leurs pneus lors de la première moitié de course et on a pu le constater notamment lors du premier relais. Gavin avait en effet passé Bruni lors du départ et même commencé à creuser un petit écart sur le groupe de furieux qui derrière, se battait pour la deuxième place de la catégorie. Mais au bout de 6 tours seulement, l'écart avait fondu et Bruni reprenait la tête des débats... Ce petit manque de compétitivité s'est arrangé par la suite, notamment avec la descente de la température de la piste, mais il n'y avait toutefois rien à faire contre les BMW. Les deux C6.R terminent groupées aux 3ème (n°03) et 4ème (n°04) places, gardant ainsi le contact au championnat ALMS avec les allemandes. La Corvette de Larbre Compétition a dû quant à elle abandonner suite à une panne électrique faisant soudainement taire le moteur. Il n'en reste pas moins vrai que la n°04 aurait sans doute enregistré un meilleur résultat sans l'accident majeur de cette course...

L'inévitable Crash...

Cela se passe après un peu moins de deux heures de course. Le paquet des meilleures GT est groupé : la Ferrari Risi précédant la BMW n°55, la Porsche FLM n°45, la Corvette n°04, la Ferrari ESM n°001, la Ferrari AF Corse et la seconde Corvette. Dans la ligne droite entre le Turn 16 et la 17, Pat Long et sa Porsche se font déborder par Jan Magnussen et sa Corvette. A l'entrée du Turn 17, Pat reste à l'intérieur mais sans être réellement à la hauteur de Jan. Il est alors déséquilibré par l'une des fameuses bosses de ce virage et vient toucher la Corvette. Les deux voitures partent alors dans une jolie arabesque simultanée qui aurait reçu une bonne note en natation synchonisée. Avec la proximité engendrée par une baston aussi serrée, Johannes Van Overbeek qui survient juste derrière et ne peut strictement rien faire pour éviter la Corvette. La Ferrari Extreme Speed n°001 décolle alors légèrement avant d'aller percuter violemment les pneus engendrant une nouvelle neutralisation et quelques situations chaudes pour les concurrents débouchant encore assez vite derrière malgré les drapeaux jaunes. Il faudra plusieurs minutes pour sortir le pilote, heureusement indemne, de son auto, puis dégager la F458 noire et verte de la piste sur un camion plateau... Très sérieusement touchée, elle ne pouvait pas repartir. Magnussen rentrait illico aux stands, suspension ARG touchée, les mécanos ne perdant que 6 minutes avant de le renvoyer en piste ! Pat Long écopait d'un stop & go d'une minute lui faisant perdre le contact. La suite de la course pour la meilleure représentante du clan Porsche s'avérait compliqué avec pour origine majeure, un fait peu banal. Lors d'un changement de pilote, le changement de la glace destinée à refroidir la combinaison du pilote se passait mal et il en tombait dans l'habitacle. Dans un premier temps, cela n'avait aucune conséquence mais quelques minutes plus tard, Jörg Müller signalait des coupures moteurs. Cela dura une bonne partie de la course jusqu'à ce que les ingénieurs diagnostiquent un problème lié à la fuite de glace. Devenue eau, son mélange intime avec l'électricité ne pouvait être très bon... De toute façon, Porsche était un petit cran en-dessous tout au long de la semaine. Il va falloir probablement travailler dur pour remettre la GT3 RSR 2011 au niveau de la concurrence...

La nouvelle Ferrari F458 Italia a eu la possibilité de prouver son potentiel, notamment celle du Risi Competizione vue à plusieurs reprises en tête de la course. Las, des problèmes électriques ont causé son abandon dans la dernière heure, Giuseppe Risi estimant inutile de risquer un moteur pour rien. Encore une fois, on regrettera que l'équipe ne fasse pas le déplacement au Mans cette année car cette F458 était bien la plus en vue. Celles d'Extreme Speed Motorsports étaient au contact également mais après l'accident touchant la n°001, la n°002 a connu une fin de course délicate. Finalement, comme lors des essais, c'est donc la bonne vieille F430 d'AF Corse, qui sauve l'honneur du cheval cabré en obtenant la 6ème place après une course brillante. Brillante surtout lorsqu'elle était entre les mains de Bruni ou de Kaffer. Car Fisichella était un cran en-dessous de ses équipiers et son premier relais vit la voiture perdre progressivement quelques places. C'est une autre F430, celle du Krohn Racing (Krohn-Jonsson-Rugolo) qui s'offre la catégorie GTE-Am après les problèmes rencontrés par la Porsche Proton pourtant dominatrice. Dominatrice au point d'avoir été pointée en tête de toutes les GT confondues à la fin de la deuxième heure...

Et elles sont où, et elles sont où les XKR ?


La Lamborghini Gallardo et...

...la Panoz débutantes sont excusables...

...mais le cas des Jaguar XKR...

...toujours hors du coup l'est bien moins !

Dans un tel contexte, les Aston Martin Vantage, Doran Ford GT, Jaguar XKR, Lamborghini Gallardo et Panoz Abruzzi n'ont pas réellement existé. La Vantage n'a couvert que 5 tours. Les deux Ford Robertson ont fait une course honnête mais sans que cela ne puisse évidemment être comparé aux cadors de la catégorie. La Lambo du team West et la Panoz sont de pures débutantes donc donnons leur encore un peu de temps avant de les juger pleinement. Par contre, le cas Jaguar devient réellement inquiétant. Il y a eu beaucoup de travail fait sur les voitures cet hiver : allègement général, aéro revue, passage de Yokohama à Dunlop, etc... Pourtant, le résultat de cette première course n'est en rien probant. On pourrait arguer du fait que Sebring est un rendez-vous difficile ou la fiabilité fait la différence. Cela serait recevable si les XKR s'était montrées quasi aussi rapides que leurs meilleures adversaires. Mais le gouffre de trois secondes constaté en course, face aux BMW, est absolument sans appel. Il est indigne d'un engagement représentant officiellement l'usine...

2011_Sebring_Porsche_Black_SwanJe conclurai en évoquant rapidement la victoire du Black Swan Racing (Pappas-Faulkner-Bleekemolen) en GTC, après un début de course dominée par la Porsche du Alex Job Racing.

Certes, l'édition 2011 ne nous a pas réservé un final homérique à la Melo-Bergmeister de 2007. Mais nous avons tout de même eu notre compte de bagarres en piste et de changements de leaders. Le niveau de cette catégorie est tel que le changement d'appellation de GT2 en GT apparaît pleinement justifié. Il ne s'agit pas là d'une catégorie de deuxième zone. C'est du sport auto de tout premier ordre, roues dans roues, pare-chocs contre pare-chocs, top-team contre top-team. Sebring 2011 a vécu mais dans moins de trois mois, nous retrouverons les meilleurs de ces protagonistes sur un circuit de 13 kilomètres durant 24 Heures. Il nous tarde déjà...

Laurent Chauveau