Marino Franchitti : la ARX-01e a conservé son équilibre Imprimer Envoyer
Mercredi, 16 Mars 2011 22:35
th_Marino_FranchittiL'homme a découvert Highcroft ici-même l'an passé. Un fil électrique récalcitrant avait mis le feu à son auto alors qu'il était à bord. Une début d'incendie mettant un terme à la belle course de la belle verte. Changement de couleurs cette année, changement de formes aussi mais Marino Franchitti retrouvera tout de même le volant d'une voiture devenue familière. Il était donc bien placé pour nous donner son sentiment sur cette LMP2 devenue P1.

Marino, quelles sont tes sensations sur cette ARX-01e si tu la compares à la P2 de l'an passé ?

« Au premier abord, on ressent le poids supplémentaire de cette voiture (900 au lieu de 825) mais c'est sympa d'avoir de nouveau beaucoup de puissance. Evidemment, j'aimerai en avoir encore plus, comme tout pilote de course qui se respecte, mais c'est déjà plus agréable que dans la LMP2 l'an passé. J'apprécie aussi beaucoup l'apport des pneus plus larges que ceux de la P2 même si c'est compensé par le fait que notre aileron arrière, moins large, nous apporte moins d'appuis. C'est tout de même mieux qu'au Mans en 2010 ou nous roulions aussi avec ce même aileron et les pneus du P2. L'ensemble est tout de même vraiment bien et je prends beaucoup de plaisir au volant. »

Cela se traduit d'ailleurs dans les premiers chronos qui vous placent assez proche des usines pour l'instant.

« Oui, je pense que l'équivalence essence-diesel commence à aller dans le bon sens. Elle offre un meilleur équilibre. Nous devons encore attendre le résultat de la course afin de voir ce qu'il en est réellement mais ce qui me rend vraiment heureux, c'est de voir que avec l'aide de nos partenaires, HPD, Wirth research et Michelin, nous avons été en mesure de mettre en piste, en très peu de temps, une voiture qui est d'emblée très proche du rythme des meilleurs. Je suis très impressionné par cette performance et je suis fier de faire partie de cette équipe. »

La voiture a été pensée avant tout pour Le Mans. On aurait pu penser que vous souffririez peut-être un peu plus ici à Sebring ?

« Effectivement, la voiture a été conçue pour offrir moins d'appuis que la P2 mais nous parvenons tout de même à mettre en place une configuration qui génère plus d'appuis qu'au Mans. C'est un compromis évidemment mais il fonctionne bien. Ce qui est très important, c'est que la voiture reste très équilibrée entre l'avant et l'arrière. On se sent bien à son volant. »

Prenons un exemple pour fixer les idées. Comparons un passage dans le Turn 1 entre la P2 2010 et la P1 2011.

« L'an passé, je passais à fond de six lorsque tout se passait bien. Je n'ai pas été en mesure de le faire souvent mais ça m'est arrivé. Mais même en course, je ne soulageais que quelques dixièmes de seconde avant de remettre les gaz à fond. Là, je ne peux pas, c'est clair. Mais la comparaison est faussée par de nombreux paramètres. Cette année, j'arrive plus vite car j'ai plus de puissance donc je suis obligé de freiner et de rentrer la cinquième. L'an passé, j'avais l'aileron arrière plus large donc plus d'appuis. Il est impossible de comparer directement. »

Cela ne pourrait se faire qu'en regardant les vitesses de passage.

« Honnêtement, je n'ai pas regardé cela. Je me concentre sur la mise au point de la voiture dont je dispose aujourd'hui, je ne m'intéresse plus vraiment à ce dont je disposais la saison passée. »

Mais elle reste plaisante à piloter ?

« Oh absolument ! Et c'est amusant car en s'installant à bord, on se croit encore à bord de l'ancienne, tout nous est familier puisque tout est identique dans le cockpit. Mais une fois en action, ce ne sont plus les mêmes sensations. C'est étonnant ! »

Redoutez-vous le trafic qui promet d'être dense cette année avec près de 60 voitures en piste ?

« J'y ai pensé dans un premier temps. D'autant que les ailes avant plus larges diminuent très légèrement notre visibilité. Mais ça n'est pas un vrai problème, on l'oublie très vite. Non, franchement, je ne redoute pas trop le trafic. Il faudra parfois être patient, c'est sûr mais cela devrait aller. Le surplus de puissance dont nous disposons avec une P1 va bien nous aider dans cette tâche. Nous serons bien plus à l'aise qu'avec la P2 l'an passé. »

Vous allez donc retrouver Le Mans avec cette voiture...

« Ah oui ! L'an passé, c'était ma première expérience au Mans dans un prototype et c'était comme tout redécouvrir. J'ai énormément appris. Jusqu'au moment ou nous avons eu des problèmes, j'ai vraiment apprécié cette expérience. Je veux retrouver cette excitation, surtout avec la P1. »

Vous pensez que vous serez compétitifs face aux diesels ?

« Je ne crois pas que nous ne serons pas en mesure de nous battre réellement pied-à-pied avec eux. D'ici la mi-juin, Peugeot et Audi vont avoir le temps de faire énormément de tests, bien plus que nous. Ils vont encore faire de gros progrès d'ici là. Je ne crois pas que nous serons dans leurs roues. Mais nous serons certainement bien plus proche que les P1 essence ne l'étaient l'an passé, prêts éventuellement à profiter de leurs problèmes. »

Mais justement, n'avez-vous pas peur qu'en vous montrant trop performant ici, vous n'incitiez l'ACO à revoir son équivalence d'ici Le Mans ?

« Je ne sais pas vraiment, je ne crois pas, non. Mais de toute façon, cela fait partie du jeu. Nous n'allons pas sacrifier nos chances ici si elles peuvent nous permettre d'aller chercher un bon résultat... »

La belle brute noire de carbone sera à surveiller de près ce week-end assurément. Marino et ses coéquipiers seront-ils toutefois en mesure de concurrencer les deux équipes d'usine ? Les essais officiels qui débutent demain nous en apprendront plus sur leur niveau réel. Souhaitons pour eux, et pour l'intérêt de la course, qu'ils jouent les « poils à gratter »...

Laurent Chauveau