Jacques Nicolet : "OAK Racing prépare 2012" Imprimer Envoyer
Jeudi, 17 Février 2011 19:39

Jacques NicoletQui eut pu l'imaginer ? En 2007, un homme rachète le Saulnier Racing et son auto, une Courage LC70. Le n°35 orne ses flancs. Engagée en P2, gréée du 4 cylindres turbo AER, elle devient donc LC75 mais conserve les ailes larges de la P1. Cela allié à une décoration plus que sobre, l'ensemble, avouons-le, n'est alors pas terriblement glamour et ne laisse rien présager de l'avenir ambitieux qui se trame à Magny-Cours... Quatre saisons plus tard, l'équipe ne roule plus pour Courage mais pour Pescarolo. Ou plutôt pour OAK Pescarolo car le bureau d'études maison a fait son œuvre sur la base de la voiture de l'ami du patron. Il n'y a plus une seule auto mais trois durant la saison 2011 et même quatre au Mans ! Il faut remonter à l'an 2000 pour revoir déploiement de force plus impressionnant encore de la part d'une seule et même équipe : Oreca avait alors engagé deux Reynard Mopar et Trois Chrysler Viper ! La déco a beaucoup évolué, par étapes successives, le noir et rose des deux années passées laissant désormais la place au célèbre « bleu et orange »... Le nom du team a changé également, symbole d'une équipe aspirant à devenir aussi solide qu'un chêne (et en passe de...). Un chêne désormais sarthois avant tout et non plus uniquement nivernais (pourtant Magny-Cours est au bout de l'Autoroute de l'Arbre !) Un seul repère demeure inchangé : le n°35, devenu fétiche car il est le symbole des débuts et du premier podium manceau de 2008...

Vous n'avez pas manqué d'infos cet hiver sur OAK Racing, notamment via EI. Mais en discutant avec Jacques Nicolet, le patron-propriétaire-pilote, on apprend toujours quelque chose.

Trois voitures engagées à la saison en ILMC donc sur trois continents différents, c'est une drôle de montée en puissance pour OAK Racing ?

« Trois voitures engagées certes, mais une quatrième sera également préparée afin de nous permettre de poursuivre le travail de développement durant la saison. Notamment avec Dunlop comme lors de nos récents tests à Vallelunga. Nous voulons préparer 2012 au plus tôt. Effectivement, nous montons en puissance. C'est le début d'un nouveau cycle. Compte-tenu de nos résultats exceptionnels de l'année passée, il nous fallait passer à autre chose. »

C'est à dire ? Quelle est la vision à long terme pour l'entreprise ?

« Elle est de s'installer réellement en endurance à la fois en tant qu'équipe de course mais également en tant que constructeur, très clairement. Cette année, nous faisons rouler la P2 afin de parfaire sa mise au point et d'être prêt dès le mois de septembre cette année, pour la rendre disponible à la vente. »

Pour cela, vous poursuivez le développement aéro. Quand disposerez-vous des dernières évolutions ?

« Elles vont arriver progressivement. Pour certaines pièces, cela va être un peu juste pour Sebring. Nous espérons que la P2 sera prête en premier et qu'elle le sera dès cette première course. Les P1 ne le seront qu'un peu plus tard. Les évolutions sont identiques mais c'est simplement une question de disponibilité de pièces. »

Ces modifications concernent aussi bien l'avant que l'arrière de la voiture, c'est une évolution globale ?

« Oui, tout à fait. »

Vous n'en avez pas profité pour envisager la possibilité de passer aux pneus larges à l'avant sur la P1 ?

« C'est une question à laquelle nous réfléchissons. Nous allons tenter d'y travailler cette année avec la voiture de développement mais c'est probablement très difficile de l'implanter sur la voiture actuelle. Ca implique une refonte globale. »

Cela peut-il laisser penser que vous travaillez sur une nouvelle voiture pour 2012 ?

« Nous avons entamé la réflexion sur ce sujet là. Mais nous devons bien cerner le besoin et les contraintes. Nous devons étudier de près le planning par exemple. Nous devons également tenir compte de la nouvelle réglementation qui doit entrer en application en 2014. Par conséquent, est-il vraiment opportun de lancer immédiatement une nouvelle voiture ou faut-il attendre 2014 ? »

Si vous ne lancez pas de nouvelle auto, il va falloir poursuivre avec l'actuelle...

« Oui mais c'est une excellente base qui, à mon avis, n'est pas encore en bout de développement. C'est aussi pour cela que nous disposerons de cette voiture de tests, cette année. Il nous faut aussi tenir compte du fait que nous restons, malgré tout, une petite équipe qui doit gérer un programme lourd cette année. Travailler sur le développement des autos actuelles, engager trois voitures en ILMC et imaginer une toute nouvelle auto, c'est une charge de travail très importante, indépendamment de l'aspect financier, donc il faut prendre le temps de construire tout cela. »

Comment se répartit l'équipe aujourd'hui entre Le Mans et Magny-Cours ?

« Pour l'instant, tout le monde est au Mans. En fonction de nos activités, nous allons voir comment nous allons répartir nos divers secteurs de fabrication. Il est clair que nous souhaitons rester implantés à Magny-Cours puisque c'est là que se situent nos racines. Et puis, il y a le circuit sur lequel nous avons tous nos repères et toutes nos données et qui de ce fait, est une base de référence pour nous. »

Sur les 40 personnes que compte l'équipe désormais, combien composent le département R&D ?

« En comptant Christophe Chapelain, le directeur technique, il y a neuf personnes au bureau d'études. »

Dans quelques semaines, c'est le départ en Floride. Question logistique, cela doit être un sacré défi d'emmener trois autos à Sebring ?

« Non seulement les trois autos mais également l'intégralité de l'équipe soit 40 personnes ! Ajoutez-y un sacré nombre de caisses, c'est effectivement un défi sympa ! »

« Il est clair que ça nous occupe ! » ajoute Sylvie Nicolet...

Comment ferez-vous par exemple, pour abriter les autos dans le paddock de Sebring ?

« Depuis l'an passé au Petit Le Mans, nous avons conclu un partenariat avec Doran concernant la mise à disposition d'une structure. Cela se poursuit cette année pour Sebring et Petit Le Mans. Celle dont nous disposerons cette année sera trois fois plus grande qu'en octobre dernier. »

Petit team est devenu grand même si Jacques aime à dire que OAK Racing est encore une petite équipe. En comparaison de Audi Sport ou Peugeot Sport, certes oui. Mais par rapport à Rebellion et ses 12 employés permanents, par exemple, certes non... Le développement de l'entreprise est rapide, le défi de l'ILMC énorme. Souhaitons que l'alchimie fonctionne rapidement pour que les résultats soient au niveau des ambitions : « Etre le poil à gratter des grands constructeurs. »

En guise de conclusion, revenons aux numéros de course et étonnons nous simplement d'une étrange répartition de ceux-ci sur les quatre OAK Pescarolo au Mans en juin prochain : 15 et 24 pour les deux P1, 35 et 49 pour les P2. Votre défi du jour ? Rangez les calculettes et trouvez la suite mathématique qui permet de passer du premier au deuxième, puis du deuxième au troisième, etc. Vous avez une heure !

Laurent Chauveau

PS : Avant de voir les roses et noir basculer au bleu et orange, je vous propose, en forme de flash-back, de retrouver ci-dessous leurs couleurs successives au cours des quatre dernières saisons...


Première apparition du Saulnier Racing au HTTT en mars 2007

Première participation aux 24 Heures trois mois plus tard mais l'abandon est bout du chemin.

Le Saulnier Racing grandit en 2008 et engage deux voitures.

La P2 s'offre la 3ème marche du podium de catégorie !

2009, Saulnier cède la place à OAK, le vert s'efface au profit du rose...

...malgré ces changements, la 3ème marche du podium P2 au Mans signe la continuité de l'aventure.

2010 marque une nouvelle étape. Les deux autos terminent les 24 Heures. La n°24 échoue au pied du podium...

mais la n°35 accède à la seconde marche !

Après les campagnes Le Mans Series, l'équipe se nourrit de nouvelles ambitions et...

débarque en Géorgie en octobre dernier pour le Petit Le Mans !