1000 km Spa 2006 : Lorsque Pescarolo Sport dominait l'Europe... Imprimer Envoyer
Samedi, 24 Avril 2010 13:43

th_2006_LMS_02_Spa_37A l'heure ou l'avenir de Pescarolo Sport semble difficile, je vous propose de revenir sur l'époque ou le team dominait Le Mans Series. Et puisque nous approchons du joli mois de Mai, durant lequel se déroulent traditionnellement les 1000 km de Spa, replongeons-nous dans dans l'édition 2006 de la classique ardennaise...

th_affiche-1000km-largeNous sommes donc le Dimanche 14 Mai 2006. Hier, Marcel Fässler a bien profité d'une séance de qualification disputée sur une piste séchante. Sa Courage LC70 Judd du Swiss Spirit chaussée de pneus pluie lui permis d'améliorer à plusieurs reprises le meilleur chrono pour s'offrir la Pole devant la Zytek n°2 et la Pescarolo n°17 dont Jean-Christophe Boullion estimait qu'elle aurait pu être en Pole si il avait passé les pneus "pluie séchante" plus tôt...

A quelques instants du départ, si la météo locale ne nous offre pas l'incroyable brouillard de l'édition précédente, le temps n'est tout de même pas au grand beau et la bruine s'installera parfois en certains endroits du circuit. Le départ est à peine donné qu'un accident intervient en haut du Raidillon. La situation qui s'en suit est assez étonnante et je vous livre mon récit en Live de l'époque.

th_2006_LMS_02_Spa_Red_Flag_1"Un double tête à queue s'est produit concernant tout d'abord la Protran n°15 et la Courage G-Force n°35. La Protran a heurté le muret à l'intérieur et est revenue en piste. La bousculade qui s'en est suivie a impliqué un grand nombre de voitures dont la Ferrari Icer Brakes n°84, la Porsche Autorlando n°78, toutes restées sur place. La Porsche n°96 de Xavier Pompidou, également touchée, a pu rentrer aux stands. Le safety-car est immédiatement entré en action mais la piste est très sérieusement obstruée. Résultat, il roule à l'extrème ralenti et les voitures derrière lui, également.

On comprend mal pourquoi le drapeau rouge n'est pas déployé. On fait passer les voiture sur une piste jonchée de débris, ce qui n'est pas très bon du point de vue sécurité. De plus, les moteurs doivent sérieusement chauffer. Décision étonnante.

Mais le temps d'écrire ces lignes et la décision inéluctable vient de tomber. Drapeau Rouge ! Signalons que la Courage Swiss Spirit avait toutefois conservé l'avantage de sa Pole Position."

Le temps de dégager la piste et l'on repart, avec quelques unités de moins pour un double tour de chauffe. Là encore, je vous propose de revivre la course via mon article de l'époque.

"S'élancer depuis les stands n'a pas empêché Jean-Christophe Boullion et Emmanuel Collard de triompher : belle revanche sur le mauvais sort de l'an dernier pour les hommes d'Henri et la C60 hybride au moteur Judd. Ils ont ainsi pu savourer un beau podium au pied duquel une foule assez dense se pressait. Car si nous avions été assez prompts à constater que les gradins d'Istanbul ressemblaient au désert d'Anatolie, ceux de Spa étaient assez copieusement garnis. Certes, ce n'est pas encore du niveau de ce que connait ce circuit lors des 24 Heures de la fin Juillet, mais le paddock et les stands grouillaient de vie, tandis que les tribunes étaient assez bien remplies.

Jean-François et Peter s'en sortent bien...

Comme nos deux premiers compte-rendus ont pu vous en donner un aperçu, le déroulement de cette classique spadoise a été chaotique dans sa première partie. Aussi, empressons-nous de vous donner immédiatement des nouvelles rassurantes des deux pilotes évacués par ambulance au cours de cette course. Jean-François Leroch, pris dans le carambolage du départ est légèrement choqué. Il a également une entaille à la cuisse mais rien de vraiment grave. Après ce carambolage, la deuxième procédure de départ a été marquée par la sortie de piste de Peter Owen à bord de la Lola n°19 à la sortie de la Source, donc en pleine réaccélération. Les secouristes ont pris beaucoup de temps pour extraire le pilote britannique de sa voiture, ce qui ne manquait pas de nous inquiéter. Heureusement, là encore, il s'avère que Peter Owen n'a aucune séquelle, peut-être juste une raideur dans la nuque pour les prochains jours...

Pescarolo Sport quasiment sans soucis...

L'accident du départ a quelque peu aidé Manu et Jean-Christophe dans leur remontée au classement, mais il ne faut surtout pas penser qu'ils doivent la victoire à ce fait de course. La Pescarolo C60 n°17 était au-dessus de la concurrence. L'équipe technique a fait le sans-faute. Et le petit contact d'une Porsche avec la voiture lorsque Manu était au volant n'a eu pour autre conséquence que de détacher légèrement le sabot arrière gauche, ce que l'on avait déjà vu au Nürburgring l'an passé. Mais cette fois-ci, les morceaux de scotch ont suffi et la C60 a pu filer jusqu'à l'arrivée, en relachant le rythme après l'abandon de la Courage officielle n°12. Henri Pescarolo, ravi de cette victoire nous confiait que l'équipe va pouvoir maintenant se concentrer sur l'assemblage final de la deuxième voiture du team, ce qui ne devrait plus tarder, afin de donner du temps de piste à ses pilotes en vue du Mans.

Mur_galerie_Spa_2006

Les Courage LC70 progressent bien...

L'autre enseignement de cette course est que la Courage LC70 a fait preuve d'une belle compétitivité. Que ce soit la n°12 à moteur Mugen et pneus Yokohama ou la Swiss Spirit n°5 à moteur Judd et pneumatiques Michelin. Jean-Marc Gounon a longtemps mené l'épreuve après une mise en action hyper rapide lors du deuxième départ comme d'habitude. Il a pu alors tout de suite creusé l'écart sur Marcel Fässler. Son rythme était quasiment aussi élevé que celui de Jean-Christophe Boullion. L'équipe Courage commence à bien comprendre son nouveau bébé et semble sur la bonne voie du point de vue du développement. Reste bien entendu à trouver encore un peu de vitesse et surtout à fiabiliser l'ensemble. Car le pauvre Alexander Frei n'a fait que quelques centaines de mètres après avoir relayé Jean-Marc. La voiture s'est immobilisée en haut du raidillon et n'en a plus bougé... Nul doute que Le Mans arrivera trop tôt pour Courage, mais nous persistons à penser que cette auto est bien née.

th_2006_LMS_02_Spa_25Swiss Spirit, quel week-end !

La preuve en est donnée par l'équipe de Serge Saulnier. La Courage suisse décroche une belle deuxième place au prix d'une bagarre surprenante avec la Zytek n°2 et l'incroyable Lola Chamberlain n°39 (une P2...) pourtant absente à Istanbul... Après la Pole Position obtenue, ce podium offre un week-end superbe à l'équipe helvético-nivernaise. Marcel Fässler et Harold Primat étaient bien évidemment heureux de récompenser ainsi le team Swiss Spirit et de lui permettre de comprendre encore un peu mieux cette auto. Marcel a déclaré que le début de course avait été difficile avec la bruine qui apparaissait subitement en divers endroits du circuit et des pneus rendus froids par l'interruption. Mais le résultat est au bout... Et les craintes de Serge Saulnier concernant la fiabilité de la boite se sont envolées...

Chez Zytek, on était content et déçu. Content car il s'agissait de la toute première course de la voiture et que la troisième place avait été difficile à obtenir. Déçu car l'an passé, comme nous le rappelait John Nielsen, "nous étions au milieu sur le podium... Nous avons fait une petite erreur en début de course par méconnaissance de la voiture. Nous avons pris des slicks beaucoup trop durs alors que la Pescarolo était en soft. Mais nous n'avons pas osé. Nos pneus étaient tellement durs qu'ils pouvaient tenir 7 heures ! Aussi, après mon relais, nous avons mis les softs, et cela a été beaucoup mieux. Maintenant, il nous faut encore mieux découvrir la voiture aussi, nous allons faire des tests en Angleterre avant Le Mans. Je suis sûr que dans la Sarthe, nous serons mieux qu'ici." Un tout petit pépin, visiblement au niveau de la transmission, a freiné la voiture en lui faisant perdre 4 minutes au stand. Philipp Andersen issu du Tourisme n'était pas encore tout à fait en mesure de suivre le rythme et il s'est contenté de maintenir l'écart avec la Lola Chamberlain. Mais Casper a prouvé en fin de course que la voiture est rapide. Il suffit de travailler maintenant...

Le podium est trusté par les voitures P1, mais aucune autre n'est à l'arrivée. Violente sortie de piste pour la Protran et la Lister à Blanchimont, accrochage pour la Courage n°13 après un tête à queue de Kurosawa, il ya de la casse dans la catégorie...

th_2006_LMS_02_Spa_17Longtemps, les anges ont voltigé...

Quelle course de Miguel Angel de Castro et Angel Burgueno ! Ils ont longtemps maintenu la Lola dans le trio de tête au général et tutoyé les anges. ils n'ont jamais faibli, alignant des chronos que même la Lola RML et Thomas Erdos n'étaient pas tout à fait en mesure de suivre ! Ils ont longtemps occupé la deuxième place au scratch, avant de céder doucement devant les assauts de Swiss Spirit et Zytek. Dès lors, en vue de l'arrivée, l'équipe plaçait Miguel Amaral au volant et là, ce ne fut plus tout à fait la même chanson. Mais la victoire de catégorie ne pouvait plus leur échapper même avec quelques tête-à-queues dont un nous a valu de penser quelques instant que la voiture prenait feu tant les échappements crachaient des flammes. mais bravo tout de même au trio car ils nous a bluffé !

Bravo à Lola car les B05/40 monopolisent le podium. Pourtant, le brillant Michael Vergers a bien tenté de briser cette hégémonie avec la Courage Barazi, mais il n'a vraiment rien pu faire. La Lola RML termine à un tour de la Lola et paie ainsi cash un retard initial dû à une crevaison à l'arrière droit. Pas de chance une nouvelle fois pour le team anglais.

Pour ses débuts en Le Mans Series, le team Binnie décroche un beau podium même si la voiture n'était pas dans le même rythme que ses deux "soeurs" de châssis. En fin de course toutefois, la Lola s'offrait la 6ème place du scratch en débordant la Saleen Oreca.

La Courage Barazi-Epsilon confirme sa forme d'Istanbul en restant au premier plan des Courage C65. Michael Vergers s'est longtemps maintenu en 2ème position des P2 en début de course avant de devoir progressivement laisser les Lola le déborder. Toutefois, l'équipe effectue une belle opération au championnat en prenant 5 points de plus qui conforte sa première place au classement. Le Paul Belmondo Racing n'a pu amener que la C65 n°36 à l'arrivée. La n°37 a malheureusement du se retirer très tôt. Le début de saison est difficile pour l'équipe PBR... La Pilbeam de ¶R Compétition n'a pas pu reproduire le beau résultat turc. La voiture s'est immobilisée après Blanchimont lors de son 79ème tour. Fin d'un week-end difficile pour les hommes de Pierre Bruneau et Marc Rostan.

th_2006_LMS_02_Spa_23GT1 : Oreca-Cirtek, quelle baston !

L'équipe Oreca vient de réussir une sacrée performance. Imposer la Saleen S7-R en Le Mans Series lors de sa première course avec la voiture américaine pourtant peu réputée pour sa fiabilité. Le team Vitaphone avait échoué dans ce même challenge à plusieurs reprises en 2004. Bravo donc aux hommes d'Hugues de Chaunac. D'autant que la victoire est obtenue au terme d'une course magnifique qui a opposé principalement la belle bleue à l'Aston Martin DBR9 n°61 du team Cirtek. Les pilotes de ces deux voitures ne se sont quasiment jamais perdus de vue !

Ce fut un duel continuel, magnifique à suivre, et qui se poursuivait même dans les stands entre les deux équipes techniques car les deux autos étaient calées sur le même timing. Les boxes étant distants de 50 mètres, il était aisé de comparer la vitesse d'intervention des mécaniciens. On peut d'ailleurs quasiment les mettre sur un pied d'égalité même si lors du premier arrêt, le team Cirtek a un tout petit peu cafouillé lors du changement de pneus du côté droit. Soheil Ayari et Stéphane Ortelli ont manifestement "pris leur pied" tant ils avaient plaisir à raconter leur course. On les comprend... Merci en tout cas aux quatre pilotes et aux deux teams qu'il faut réunir dans les louanges, car nous aussi, nous avons "kiffé" ! L'écart final est de 12 secondes même si les feuilles de temps laissent apparaitre un tour complet. Cela s'explique par le fait que la Pescarolo s'était infiltrée entre les deux voitures lors de l'abaissement du drapeau à damiers. Oreca met donc ainsi fin à une série ininterrompue de victoires décrochée par des voitures sortie des ateliers Prodrive en Le Mans Series. Encore un exploit pour Oreca...

La Corvette C5-R du team Luc Alphand Aventures a mené également une superbe course non loin des deux leaders. Mais lors du restart au 102ème tour, Peter Kox s'infiltrait sur la gauche de Jérôme Policand à l'entrée de Pouhon, endroit surprenant pour tenter un freinage tant le double gauche est rapide. Le contact entre les deux voitures était inévitable. La Corvette y perdait sa belle place de podium car Jérôme était obligé de repasser par les stands. Si la Corvette pouvait repartir sans problème, le podium venait de s'envoler... Peter Kox ne bénéficiait guère de sa tentative car les officiels le rappelaient aux stands pour un Stop & Go. La Ferrari Menx finit 5ème en GT1. C'est la Corvette C6.R PSI n°70 qui bénéficie directement de cet incident en accédant au podium. La voiture est très rapide en ligne droite, Stéphane Ortelli, bloqué plusieurs tours derrière Jos Menten alors qu'il lui prenait un tour, peut en témoigner...

th_2006_LMS_02_Spa_36bAutorlando remporte le GT2

C'est une belle revanche pour le team Autorlando après la deuxième place d'Istanbul et l'accident du départ qui a impliqué la n°78. La Porsche de Marc Lieb et de Joël Camathias s'impose en ayant pu contrôler assez aisément la fin de course. Car la Ferrari n°99, pourtant tout aussi rapide et partie en tête, a petit à petit perdu le contact. Un dernier refuelling en toute fin de course la prive même de la seconde place au profit de la Panoz LNT n°82, qui grimpe donc encore d'un cran par rapport à Istanbul ! On commence à prendre la mesure de l'Esperante au sein du team anglais après des débuts à Sebring en retrait par rapport au team Multimatic. Le Mans sera l'occasion de vérifier cela puisque les deux teams représentant officiellement le constructeur américain s'y affronteront de nouveau... La Porsche Farnbacher se place quatrième tandis que celle du team IMSA est cinquième. Pourtant Christophe Bouchut occupait la tête de la catégorie mais l'une des neutralisations de l'épreuve a couté du temps à l'équipe...

Belle performance pour la Porsche de l'équipe de Thierry Perrier. Le renfort de Joao Barbosa s'est avéré précieux. La voiture se classe 6ème à 4 tours seulement des vainqueurs..."

Maintenant que votre mémoire (et la mienne...) est rafraîchie, vous pouvez remettre le curseur de la machine à remonter sur la date d'Avril 2010...

Laurent Chauveau