24 Heures du Mans 2005 LM P1 : Force reste aux Audi Imprimer Envoyer
Dimanche, 26 Juin 2005 22:09

th_Audi_3Lors de notre présentation de la catégorie LM P1, nous avions titré à propos du team de Dave Maraj, le Champion Racing : l'équipe favorite de ces 24 Heures ? Nous pouvons aujourd'hui retirer le point d'interrogation. Il était immanquable qu'avec deux Audi R8 engagées sous ses couleurs, le team américain en voit au moins une des deux rallier l'arrivée sans connaître quasiment le moindre problème. A partir de là, elle devenait une favorite naturelle. Et ce même si les deux Pescarolo avaient prouvé lors de la Journée Test être bel et bien plus rapide que les allemandes cette année. Car si chez Pescarolo Sport, on trouve souvent les voitures à l'arrivée, il est rare qu'elles puissent le faire sans connaître au moins un petit pépin qui ralentisse le tableau de marche.

Vous étiez 230.000 !

Tout cela s'est confirmé au cours d'une course somptueuse et dont le suspense tout comme en 1999 nous a tenu en haleine jusqu'à la 23ème heure... Comme l'on s'y attendait, les deux Pescarolo se sont échappées dès le drapeau vert agité par le Docteur Martin Winterkorn, président du directoire d'Audi AG, devant une foule record de 230.000 spectateurs sur la semaine ce qui ne s'était plus vu au Mans depuis 1974 ! Ni la Dome officielle que Ryo Michigami a immédiatement placé en troisième position, ni les Audi américaines ou française, ni les Courage officielles n'ont pu suivre le rythme des deux C60. A tel point que le réalisateur télé s'est très vite concentré sur le peloton groupé qui se trouvait derrière les Pesca !

Après une heure de course, la n°16, partie sur un rythme plus élevée que la n°17 avait déjà creusé un écart de 1'15" sur l'Audi de Emanuele Pirro classée 3ème...Un écart qui avait très logiquement doublé au bout de la deuxième heure. Tout était très bien parti pour Pescarolo Sport. Sauf que le premier accroc dans ce beau tableau est intervenu très tôt dans la course (2ème heure) lorsque Soheil Ayari, peut-être un poil trop optimiste au freinage d'Arnage venait percuter la Panoz de Patrick Bourdais. Il rentrait aux stands avec un volant complètement tordu et 5 minutes étaient perdues afin de changer une biellette de direction, la lame avant et le crash box. Le volant de la voiture ne reviendra toutefois jamais tout à fait droit durant le reste de l'épreuve.

Pescarolo n°16 : foutue boite de vitesses...

Un peu plus tard, à 18H38, second coup de théâtre, la n°16 se ruait dans son box alors qu'elle venait de s'arrêter au tour précédent. La boite de vitesses était touchée et nécessitait une grosse intervention... 31 minutes perdues aux stands mais heureusement pour l'équipe, l'intervention coïncidait avec la sortie des safety-cars ce qui permettait de minimiser le terrain perdu sûr... les 3 Audi ! La n°16 ne perdait donc "que" 5 tours dans l'affaire...

Adieu le tableau de marche déterminé avant l'épreuve, il fallait dès lors cravacher sans compter pour espérer reprendre les voitures allemandes. D'autant plus que la n°17 subissait tout d'abord une crevaison du pneu ARG au ralentisseur Playstation ce qui lui faisait perdre un peu plus d'un tour. Puis peu avant minuit, Soheil Ayari se faisait violemment percuter à l'arrière par la Dallara Nissan, pourtant considérablement attardée, suite à un début de course calamiteux.

La n°17 perdait cette fois-ci un temps considérable à la fois sur la piste pour rejoindre son stand, mais aussi dans le box le temps de réparer. Ce n'est que vers 0H30 qu'elle pourra reprendre la piste distancée de 10 tours par l'Audi n°3. Les six pilotes Pescarolo Sport ont alors produit un effort superbe pour tenter de refaire le terrain perdu. Manu Collard, puis Jean-Christophe Boullion se déchaînèrent lorsque le soleil revenait baigner la piste de ses rayons. 3'35"875 pour Manu tout d'abord dans son 215ème tour puis 3'34"968 pour Jean-Christophe exactement 10 tours plus tard.

La remontée fantastique, mais...

La n°16, reprenait en moyenne 4 secondes au tour sur l'Audi, mais cela allait-il suffire ? 4 tours de retard à 1H du matin, 3 tours à 6H, malgré une petite sortie de piste de Manu au ralentisseur Michelin, 2 tours à 9H, 1 tour à midi. Le suspense allait croissant dans cette course fantastique. C'est peu après 14H que la n°16 se dédoublait enfin pour revenir dans le même tour que l'Audi n°3. Mais chez Champion, on avait gardé un atout superbe dans sa manche, le sextuple vainqueur de l'épreuve ! Tom Kristensen allait enquiller, sous la canicule, un quadruple relais avec le même train de pneumatiques pour finir l'épreuve. Sa performance ralentissait la remontée de la Pescarolo. d'autant que celle-ci connut alors deux ravitaillements un peu plus longs qu'à l'accoutumée (écrou de roue récalcitrant tout d'abord, puis nettoyage des radiateurs ensuite). A un peu plus d'une heure de l'arrivée, l'équipe rentrait la voiture dans le box pour un second nettoyage en profondeur des radiateurs car le Judd commençait à chauffer un peu... C'en était fini de la lutte pour la première place, l'Audi n°3 avait course gagnée et la n°16 se glissait à ses côtés pour une belle parade de fin de course...

Entre temps, la n°17 avait quant à elle du capituler définitivement quasiment à la même heure (11H31) que la Pescarolo n°17 de 2004 ne l'avait fait ! Etrange coïncidence... D'autant plus étrange que l'incident fatal se produisit dans la ralentisseur Playstation, là-même ou le V10 Judd avait lâché Sébastien Bourdais l'an passé !!! En fait, Soheil Ayari a connu un gros problème lors du freinage et n'a pu éviter d'aller percuter violemment le mur de pneus. Il pouvait ramener la voiture à son stand mais celle-ci était profondément touchée. Vue de face, elle donnait même l'impression d'être en Italique ! Soheil a confié ses impressions aux reporters du site officiel : "C'était un souci au niveau du freinage je pense... Nous avions eu déjà des alertes lors des tours précédents. C'est le pneu avant droit qui devait être abîmé. De toute façon, pour nous, c'était un week-end d'horreur, un week-end de poisse... à oublier pour tout le monde !". L'équipe donne toutefois une version différente de l'accident que nous vous livrons dans l'encadré ci-contre. Henri Pescarolo ne tardait pas à confier au micro de Radio 24 Heures que les dégâtsétaient irréparables... Dommage pour l'équipage au sein duquel Sébastien Loeb a réalisé une sacrée perf réalisant ses triple relais normalement tout en tournant de nuit en 3'39" au tour... Le pilote alsacien s'est cependant déclaré enchanté par la découverte de cette course et n'a pas écarté l'idée de revenir si son calendrier WRC lui en laisse de nouveau l'occasion. Souhaitons-le !

Henri Pescarolo résume ainsi ces 24 Heures pleines d'espoir et de déception pour son équipe : « Notre jeune écurie s’est donnée avec sincérité, passion et courage à cette épreuve titanesque que sont les 24 Heures du Mans. Nous avons été encouragés, soutenus, portés aussi parfois ces derniers mois, par des collaborateurs et des partenaires fabuleux de générosité et de talent. Rien de ce que nous avons accompli n’aurait été possible sans eux. Et c’est vers eux que vont mes pensées quelques heures après l’arrivée. La Pescarolo C60 Judd, que nous avons conçue et fabriquée dans nos ateliers, était sans conteste la meilleure et la plus belle voiture du plateau. A la fois très performante et fiable, elle est aujourd'hui devenue LA référence dans les courses d’endurance. Mais au Mans, pour gagner, il faut réaliser un sans faute. Nous n’en avons pas encore été capables, au contraire de notre adversaires Audi, dont les voitures nous encadrent sur le podium. C’est pour cela que nous reviendrons l’année prochaine : pour écrire un chapitre qui manque encore à notre histoire et monter sur la plus haute marche de la plus célèbre course du monde ».

Et de 5 pour l'Audi R8, 7 pour Tom Kristensen et... grande première pour le Champion racing !

Malgré 50 kilos de lest, malgré des brides 5% plus petites que l'an passé, l'Audi R8 a encore réussi un tour de force. Elle se retire de la course mancelle sur une incroyable victoire. Les seules petites anicroches au plan de marche parfait de la n°3 furent un léger passage en dehors de la piste de Tom Kristensen au matin dans le ralentisseur Michelin, puis une tentative de quadruple relais avortée au petit matin car les pneus se détruisirent trop rapidement obligeant Marco Werner à lâcher de trop paquets de seconde soudainement. Hormis cela, rien à signaler sauf l'énorme pression de la Pescarolo qui n'a pourtant pas déconcentré le trio de pilotes. Marco inscrit donc pour la première fois son nom au palmarès de l'épreuve, tandis que JJ Lehto, dix ans après sa première victoire, retrouve la plus haute marche du podium. Il est étonnant de constater que JJ s'impose à chaque fois au volant d'une voiture qui n'est pas la plus rapide, loin de là, et tout en subissant une grosse pression allant crescendo de la part d'une voiture française... (il s'agissait de la Courage Porsche n°13 en 1995) Quant au pilote danois, Tom Kristensen, que dire, qu'écrire ? Sept fois victorieux en neuf participations, la phrase se suffit à elle-même. De plus, il fut d'une élégance superbe sur le podium en saluant à sa juste mesure, la performance de Pescarolo Sport. Et son immense émotion lorsqu'il tenta de s'exprimer en danois était profondément touchante, de même que ses larmes. Chapeau bas, Monsieur Kristensen... Vous méritez bien de la légende du Mans, et celle-ci est honorée de vous accueillir.

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Le team Champion a donc réussi enfin à s'imposer au prix d'une course parfaite de la n°3. Il redonne enfin à l'Amérique une victoire mancelle. Michaël Pacquier est revenu récemment sur l'historique au mans de cette équipe superbe. Dave Maraj lors de la conférence de presse d'avant-course nous confiait qu'il ne savait pas encore s'il aurait l'honneur l'an prochain de se voir confier au moins une Audi R10. Souhaitons-le pour lui car ce serait une très juste récompense...

Si la n°3 a connu la course parfaite, la n°2 n'a pas eu cette chance. Un petit tout droit d'Emanuele Pirro dans les pneus du virage d'Arnage à 19H12 juste après que les safety-cars se soient retirés coûta déjà 3 minutes à une voiture alors pointée au commandement de l'épreuve ! Les pneus s'étaient refroidis durant la neutralisation et cela a surpris notre mai italien. Puis une crevaison lente sur le coup de 4H30 du matin obligeait l'équipe à rentrer aux stands un peu plus tôt que prévu. Enfin, ce fut la sortie de piste de Allan McNish à Indianapolis à 6H46 qui contraria définitivement la course de la n°2. Il fallut en effet changer la suspension avant... La voiture et ses pilotes s'offrent tout de même une belle 3ème place.

Ça n'a pas souri pour l'Audi bleue...

Chez Oreca, on doit se contenter de la plus mauvaise place, celle qui vous laisse au pied du podium... L'Audi R8 n°4 a pourtant réalisé un superbe début de course mais les choses ont mal tourné pour l'Audi bleue. Un double changement de triangle de suspension avant gauche a en effet été nécessaire sur la voiture, ruinant toutes ses chances. De plus deux crevaisons lentes ont encore un peu plus ralenti la voiture dont une ayant lieu au coeur de la nuit, forçant le pilote à faire un tour complet au ralenti et à perdre un peu plus d'un tour... Le patron du team était évidemment un peu abattu : « Ce qui me déçoit le plus, a admis Hugues de Chaunac, c’est de constater que le Team a été aussi irréprochable que les pilotes. Nous l’avons tutoyé, ce double zéro faute qui était notre credo, mais ce n’est pas pour autant que nous avons obtenu le résultat escompté. Je suis à la fois frustré, et surpris par ces deux ruptures successives de triangles de suspension. Une casse encore inexpliquée, qui ne s’était jamais produite sur une Audi, et qui a également affecté l’une des deux voitures de l’équipe américaine.

D’un autre côté, l’Audi R8, même rendue moins performante par le nouveau règlement, n’était pas un mauvais choix, puisque les trois voitures engagées sont toutes à l’arrivée aux première, troisième et quatrième place. Pour la tournée d’adieu d’une voiture qui rejoindra bientôt le musée, ce n’est pas mal. Je tiens donc à féliciter chaleureusement le Dr Ullrich et toute son équipe, les ingénieurs et techniciens allemands qui se sont intégrés au Team Oreca, et le Team Champion, bien sûr, qui remporte une victoire méritée ».

RFH, pareil que l'an passé mais en mieux...

La Dome de Jan Lammers décroche tout comme l'an passé une belle 7ème place. Pourtant sa course a été plus anonyme qu'à l'accoutumée, la faute probablement à l'impossibilité financière cet hiver pour Jan de transformer sa voiture en hybride, mais également à un arrêt aux stands dès la fin du premier tour afin de remettre de l'essence ! Un incongruité qui a empêché le pilote hollandais de nous faire son habituel festival de début de course, même s'il est probable que, sachant son matériel inférieur à celui des années récentes, le pilote hollandais avait décidé de nous jouer une partition plus calme cette année : pour preuve, sa 11ème place seulement sur la grille de départ, bien éloignée de ses standards habituels... Cela n'a pas empêché la S101 orange de pointer à la 5ème place absolue dès la quart de l'épreuve atteint. Mais durant la nuit un changement de radiateur côté gauche a immobilisé l'auto durant un peu plus d'un quart d'heure aux stands, la replongeant au 14ème rang. Mais à part ce fait de course et deux petites traversées des bacs à graviers, c'est une course relativement calme qui a permis à Jan, John Bosch et Elton Jullian de remonter à la 7ème place et en 5ème position des prototypes, à 24 tours des vainqueurs soit 346 au total et 5 de mieux que l'an passé, alors que la voiture n'était pas entravée par toutes les pénalités imposées aux LM P900... Place maintenant à ces fameux nouveaux projets que Jan n'a pas encore totalement révélé...

La déception des Courage

Avouons-le, nous avons été un petit peu déçus par la course des Courage officielles, un peu plus lentes que ce à quoi nous nous attendions. Si Jonathan Cochet était dans le bon wagon lors du départ et pointait à la 8ème place à la fin de la première heure, sa course a été très vite anéantie par un "drôle" de problème. Lors de son deuxième arrêt ravitaillement, Jonathan, pile au moment ou il s'immobilisait devant son stand, comprit que l'embrayage venait de céder. La voiture était immédiatement rentrée dans son box pour une très longue intervention : 1H45 était perdue et la voiture plongeait à la pénultième place, précédant uniquement la Dallara Nissan dont le début de course avait été encore plus pénible ! Dès lors, malheureusement, l'impressionnante explosion du pneu arrière qui survint avant la tombée de la nuit et qui mit un terme à la course de la malchanceuse n°13, n'avait plus guère d'importance (aux très coûteux frais occasionnés près...). Bruce Jouanny a connu une belle frayeur qu'il conte sur le site officiel de l'équipe : « J'étais dans la ligne droite avant Indianapolis, je venais de passer la 6, depuis 3 à 4 sec et le pneu arrière gauche a brutalement explosé et ça a instantanément arraché le capot arrière et l'aileron. Je me suis retrouvé à plus de 300 km/h face aux rails, et c'est heureux de ne pas avoir tapé….en fait je sais pas pourquoi ça n'a pas tapé. »

Pendant ce temps là, la n°12 continuait son bonhomme de chemin, bien accrochée à sa 7ème place à 2 tours des leaders après 4 heures de course. Mais peu avant 21 heures, une sortie de piste d'Alexander Frei au ralentisseur Dunlop obligeait le pilote suisse à rentrer lentement à son stand. S'en suivait une inspection complète de la voiture par les techniciens et la voiture repartait en ayant perdu 9 tours et en pointant désormais au 20ème rang. Il ne restait plus qu'à remonter... Ce que les trois pilotes s'attachaient à faire. L'incroyable fin de course accablant les Aston Martin et la Zytek Jota, leurs permettaient de reprendre trois places dans la dernière heure pour finir au 8ème rang.

La DBA valait tellement mieux

Il faut descendre dans le classement jusqu'à la 14ème place finale pour trouver trace du prochain prototype ! Il s'agit de la DBA Judd du team Creation Autosportif. Il est pourtant certain que cette place ne reflète pas le potentiel intrinsèque de cette superbe voiture, avec laquelle Nicolas Minassian a signé durant la matinée du Dimanche, un superbe 3'38"543 qui confère à la DBA la place de 3ème meilleure performer absolue sur l'ensemble de la course derrière les deux Pescarolo ! Confiant dans le potentiel de leur voiture, les pilotes avaient décidé de jouer une course sage et Nicolas s'est contenté durant la première heure de justifier son numéro de course en pointant au... 7ème rang après 60 minutes de course. Pourtant, la scoumoune allait rapidement s'inviter ! Dès que Jamie Campbell Walter s'installait au volant, une connexion défectueuse entre le paddle shift et la boite de vitesses le privait de la possibilité de changer de rapport ! Les mécaniciens solutionnaient rapidement le problème, mais immédiatement après être reparti, la télémétrie indiquait une amorce de surchauffe moteur et une chute de la pression du liquide de refroidissement... La cause était rapidement trouvée (Joint d'étanchéité défectueux dans la pompe à eau) et réparée mais la n°7 avait plongé au 36ème rang après 3 heures de course à 9 tours des nouveaux leaders (l'Audi n°3 déjà...).

La voiture pouvait alors repartir de plus belle, et les trois pilotes ne se privaient pas de prendre du plaisir à son volant. Votre serviteur a d'ailleurs suivi avec exaltation le superbe mano à mano entre l'Audi Oreca et Jamie Campbell Walter au coeur de la nuit. Les deux voitures ont passé deux relais roues dans roues avec un JCW extraordinairement généreux sur les vibreurs de la chicane Dunlop ! La n°7 était remontée au 8ème rang lorsque le soleil réapparaissait au-dessus de la ligne d'horizon et un très beau résultat demeurait encore jouable. mais alors que Andy Wallace était au volant, une nouvelle alerte côté température l'obligeait à rentrer. 5 tours et 20 nouvelles minutes étaient perdues pour changer le radiateur. La voiture était donc éjectée du Top 10. D'autant que c'était au tour du démarreur de faire des siennes...

C'est à 9H33 pourtant que Jamie à peine sorti des stands, donna le coup de griffe le plus significatif dans le rythme de la voiture en allant percuter assez violemment les pneus de la chicane Playstation. Il repartait en ayant perdu pas mal d'éléments de carrosserie : 70 minutes étaient perdues aux stands afin de réparer ! Tout était dit. Jamie avouait sa faute : "La piste était beaucoup plus sale que lors de relais nocturne, et je pense qu'il y avait un peu d'huile sur la piste, et certainement du gravier partout sur la piste. J'ai bloqué le pneu avant-gauche lors du freinage et suis rentré quelques centimètres trop tard dans le virage. J'ai tiré droit vers les pneus. Une erreur idiote, réellement..." Désormais reléguée au 20ème rang, les pilotes parvenaient à remonter une nouvelle fois à la 14ème place finale, malgré une crevaison obligeant Jamie à faire un tour complet au ralenti... Quel dommage toutefois que l'équipe n'ait pu découvrir tous ces petits problèmes techniques mineurs mais pénalisant lors de la simulation de 24 Heures qui devait être réalisée au Castellet en Avril dernier. Le moteur Judd l'en avait alors empêchée... Cette voiture, avec cet équipage très homogène avait un vrai rôle à jouer !

Rollcentre ? une course brillante puis très difficile...

Au 16ème rang, on retrouve une voiture qui a réussi un début de course qui en bluffé plus d'un ! Joao Barbosa a comme à son habitude été brillant dans son premier relais et a permis par la suite à Martin Short de hisser sa voiture l'espace d'un instant à la deuxième place ! La Dallara Judd n°18 du team Rollcentre Racing semble en fait avoir été moins touchée que les Audi par la nouvelle réglementation et son niveau de performance était cette année encore vraiment étonnant. Le retour aux pneus Michelin après les Dunlop utilisés l'an passé, expliquait peut-être en partie ce retour au tout premier plan. C'est toutefois, peu après 21 heures que le beau tableau a commencé à se gâcher quelque peu. Vanina Ickx sortait de la piste au ralentisseur Playstation mais parvenait à repartir. A 22H40, plus grave, la voiture était rentrée dans le box. Des problèmes de direction assistée venait de se faire connaître et ils n'allaient plus lâcher Barbosa, Short et Ickx... Ils obligeront même régulièrement les mécaniciens de l'équipe à refaire "le plein" du circuit d'assistance en ôtant le petit capot avant de la voiture. Mais il faudra de nouveau intervenir longuement sur le système vers 8H30 du matin, en y laissant 25 minutes supplémentaires. Moins d'un heure plus tard, la voiture passe encore de longues minutes au box. Puis vers 13H, un problème de freins à l'avant obligera l'équipe à changer le demi-train avant gauche perdant un nouveau quart d'heure ! Voilà une litanie d'incidents qui explique la dégringolade de la voiture au classement. Dommage...

D'autant que ce n'est pas la "performance" de la seconde voiture équipée du fameux moteur Nissan qui pourrait consoler l'équipe. Un moteur cassé (turbo ?) lors du warm-up obligeait les mécanos à se lancer dans un changement de moteur avant même le départ ! Il n'était donc pas surprenant de ne pas voir la voiture sur la grille de départ. Ce n'est qu'après un peu moins d'une heure de course que la voiture s'élançait ! Elle était immédiatement signalée au ralenti et rentrait aux stands à la fin de ce très long premier tour... Elle n'en repartait qu'une heure plus tard pour rentrer de nouveau immédiatement aux stands ! Elle finissait par repartir vers 18H30 avec une position de lanterne rouge très solidement établie !!! La suite n'allait pas être beaucoup plus glorieuse et nous ne pouvons résumer la liste de tous les pépins techniques ou petites sorties de piste qui sont intervenues. Sans oublier bien sûr le regrettable accrochage avec la Pescarolo n°17 dont nous avons déjà parlé. Bref, rien de surprenant lorsque vers 10 heures du matin, l'exclusion de la voiture était prononcée pour distance parcourue insuffisante. Souhaitons que les grands décideurs de Nissan ne tiennent guère compte de cette incroyable série de pépins avant de se décider pour un éventuel retour officiel au Mans...

Zytek Jota : espoirs immenses et déception à la hauteur...

Sur les divers forums, les gens sont souvent bien narquois quant à la fiabilité des "petites" Zytek. Il n'y a probablement pas grand monde qui aurait pris le pari de voir la 04S du team Jota se ballader à la 5ème place au scratch après 21 heures de course ! Et pourtant, l'histoire est vraie... Mais elle se termine mal alors qu'elle était si bien partie. Si bien partie que mises à part quelques petites excursions hors-piste, la voiture ne connaissait guère de problèmes susceptibles de ralentir son rythme de course. Rien de très important à signaler donc hormis une petite crevaison à 9H du matin qui en l'obligeant à rentrer au ralenti depuis Mulsanne lui fit perdre deux tours. Cette course sans encombre explique que la voiture n'a jamais été pointée plus loin que la 10ème place. A mi-course, elle est déjà 6ème et l'abandon de la Pescarolo n°17 vers midi lui donne une fantastique 5ème position. Las, l'équipe n'en profitera pas longtemps. Sam Hignett, alors au volant, connaissait subitement un "déraillage" de sa boite de vitesses provoquant une sortie de piste. Si les dégats causés à la carrosserie et à la suspension étaient réparables, la boite était trop malade pour repartir. La voiture ne franchissant pas la ligne d'arrivée est donc non-classée, pourtant son total de tours lui permettrait de figurer à la 12ème place (325 tours couverts). Toute l'injustice de la course...

Dome Jim Gainer : c'était si bien parti...

La voiture du pays du Soleil levant n'aura pas vu celui-ci se lever ! C'est en effet à 5H05 du matin que la voiture s'est immobilisée à moins d'un kilomètre des stands. La boite de vitesses venait de stopper net la course de la Dome 100% nippone à moteur Mugen. Pourtant la course avait jusque là été assez sympathique avec le trio de pilotes japonais leur permettant même de pointer durant une grande partie de la nuit à la 3ème position, juste derrière les deux Audi Champion. Elle avait du cependant céder cette place peu avant la mi-course lorsque les mécaniciens changèrent l'alternateur. La déception fut donc grande de voir cette voiture se retirer. Mais il faut pourtant signaler que jamais la S101 hybride ne fut en mesure de justifier les propos très optimistes tenus par les responsables nippons lors de l'annonce de leur programme cet hiver. Ils déclaraient avoir trouvé 20% d'appuis supplémentaires par rapport à la version P900 ce que les chiffres ne confirment nullement... Habituellement très rapides dans les lignes droites, ce n'était plus vraiment le cas cette année malgré le surcroît de puissance. La Pole Position était un objectif avoué, et la voiture n'en était vraiment pas capable. En fait, il semble que ce projet aie démarré un tout petit peu trop tard pour arriver fin prêt au Mans. Dommage, très dommage. Alors vivement la nouvelle S102...

Laurent Chauveau