Sebring 2003 : les "privés" devancent les usines... |
Samedi, 10 Mars 2012 17:07 |
Avec le retrait de Peugeot Sport, la soixantième édition des 12 Heures de Sebring nous offre une affiche ou seuls des teams privés pourraient faire ombrage à une équipe d'usine engagée en force à savoir Audi. On compte fermement sur les trois HPD ARX-03a, la OAK-Pescarolo, la Pescarolo, les deux Lola-Toyota-Lotus (!!!) du team Rebellion et la Lola-Mazda de l'équipe Dyson pour secouer la course et nous éviter une domination totale des trois R18 officielles. Bien que la donne paraisse faussée du fait du rapport de force, il nous faut rester optimiste. Et je vous en donne une preuve...
En fait, en fouillant mes disques durs, je suis tombé sur l'un des premiers compte-rendus de course que j'ai pu faire dans ma vie de web-journaliste. C'était alors pour un site confidentiel et à accès restreint : Infoscourse.org. L'accès à cette toute première mouture du site était en effet "protégé" par un mot de passe et nul en dehors des membres de l'association n'était censé pouvoir consulter ces articles. Je vous propose donc de revivre les 12 Heures de Sebring 2003. La course fut dominée par des Audi R8 "privées" face aux nouvelles Bentley Speed 8 officielles, qui venaient là pour se roder en conditions de course en prévision des 24 Heures du Mans, leur objectif majeur. Alors certes, ces Audi R8 "privées" avaient quasiment tout de voitures d'usine, notamment les n°1, confiée au Joest Racing, et n°38 placée entre les mains du Champion Racing. Mais il n'en reste pas moins vrai qu'en cette année 2003, l'usine Audi avait "décidé" de se retirer, afin de laisser la place aux Bentley, politique de groupe (VAG) oblige... Place donc à ces divers résumés (essais, mi-course et fin de course) retrouvés tels quels et replacés ici "dans leur jus"... Le point à mi-course Malgré le retrait de l'usine, c'est encore la marque aux anneaux qui domine la classique floridienne par le biais de ses clients. Champion et Joest se tirent la bourre et s'échangent la première place de la course avec un net avantage au nombre de tours en tête à la Champion n°38 de Pirro-Lehto-Johansson. Les Bentley ont très vite remonté le peloton qui les séparaient des Audi mais leur handicap initial sur la grille les a empêchées, jusqu'à présent, de faire mieux que troisième. Les temps au tour entre Bentley et Audi sont totalement similaires. Ça se jouera à la fiabilité. Derrière les cinq voitures du groupe VAG vient la Panoz de Beretta-Jeannette-Papis qui, sans connaître aucun ennui, compte pourtant déjà 7 tours de retard. Les LMP 675 ont connu un début de course cauchemardesque qui les privent toutes maintenant du moindre rôle intéressant dans cette course. Les nouveautés ont également été accablées : 6 tours seulement pour la Pagani, 10 pour la Lister, 14 pour la Reynard Nasamax... EN GTS, la baston n'aura duré que trois heures, le temps que les Ferrari Prodrive jusque là, blotties dans l'aspi des Corvette officielles connaissent leurs premiers problèmes. La meilleure Maranello est maintenant à 6 tours des deux Corvette respectivement 7ème et 8ème au scratch. Les autres GTS sont larguées ou Out. Surprise en GT ou les Porsche Alex Job (officiellement soutenues par l'usine) sont dominées par la Porsche du White Lightning/Petersen Motorsports,15ème au scratch, mais la pression est forte : 16 secondes d'écart seulement. La première Ferrari Modena est 3ème à 2 tours. C'est celle du Risi Competizione qui domine comme à Daytona les Ferrari du JMB Racing. Mais dans cette catégorie rien n'est joué, la lutte sera encore chaude jusqu'au "checquered flag". Fait rarissime pour une course US, aucune neutralisation de la course n'a pour l'instant eu lieu ! L'analyse de fin de course Pour la quatrième année consécutive, le Joest Racing s'est imposé aux 12 Heures de Sebring, égalant ainsi le record de Ferrari datant des années 60 : l'équipe allemande est réellement en train de bâtir sa propre légende. Pourtant le moins que l'on puisse dire est que cela n'a pas été facile. L'équipe Champion Racing a constitué un adversaire plus que redoutable, par son équipage très homogène et incisif. Ainsi Emmanuele Pirro a été étincelant toute la semaine, mais ça n'a pas suffit. Tout s'est en fait joué à moins de 3 heures de l'arrivée lors de la seule intervention des pace-cars. La Joest a enfin pu combler la trentaine de secondes qui la séparaient depuis des heures de la Champion. C'est ensuite lors des ravitaillements que le Joest Racing a fait merveille reprenant l'avantage. Malgré un dernier relais où il a beaucoup donné, Stephan Johansson n'a pu se rapprocher qu'à 14 secondes de Marco Werner. Inutile de vous dire que le trio du Champion Racing était abattu après la course. Pirro a même connu un malaise écourtant son dernier relais, victime de crampes et de déshydratation. Sebring, c'est toujours aussi difficile... La troisième Audi a connu un classique problème de boite de vitesses, mais l'équipe du Arena Motorsports (Audi UK) est moins entraînée à l'exercice du changement de train arrière, que le Joest Racing et l'auto a perdu une dizaine de tours dans l'opération. Elle finit sixième. Bentley a été dominée : c'est la principale leçon à retenir de cette course. Dominée non en vitesse pure mais en consommation aux dires même de David Brabham. Les Speed 8 étaient tout aussi rapides que les R8 mais repassant plus souvent à leur stand, il leur était difficile de concurrencer celles-ci. La n°8, 3ème précède la n°7, 4ème à l'arrivée, à 4 et 5 tours respectivement de l'Audi n°1. Jamais durant la course, une Speed 8 n'a pu être mieux classée que cette troisième place finale. Une Panoz à la cinquième place, sincèrement au départ, peu l'auraient parié. Mais au contraire de tous les autres challengers, la n°10 de Beretta-Jeannette-Papis, n'a connu aucun souci lui permettant même de profiter des malheurs de l'Audi anglaise, finissant à 13 tours des vainqueurs. L'équipe a d'autant plus de raison de se réjouir que la n°11, nantie d'un équipage moins coté, finit à la 9ème place. Sans un accrochage en début de course, la Dallara Judd de Theys-Lienhard-Van De Poele aurait pu embêter la Panoz. Plus rapide que l'américaine, elle a effectué une super remontée, mais n'a pu combler tout son handicap. Dieu que les Dallara Oreca nous manqueront au Mans... Les LMP 675 ont connu une véritable hécatombe. Donnée par beaucoup comme outsiders de premier rang, les MG Lola ont failli à la tache. La fiabilité est toujours le pêché mignon de ces très performantes voitures. La meilleure 675 est donc la MG Lola du team Dyson qui finit 18ème (derrière 5 GT !) à 61 tours des leaders... Sans commentaire. A la 8ème place, on trouve la 1ère GTS, la Corvette officielle n°3 de Fellows-O'Connell-Freon. Les deux Corvette ont longtemps roulé quasi groupée avant que la n°4 ne s'immobilise sur le circuit sur panne de boite de vitesses. Les Ferrari Maranello Prodrive ont une belle pointe de vitesse, mais elles doivent encore progresser en fiabilité pour espérer inquiéter les Corvette. La n°80, 13ème finit à 16 tours, la n°88 a été lâchée par son embrayage. Les autres GTS n'ont joué aucun rôle dans la course en tête. Déception donc venant de la Saleen Konrad victorieuse ici même deux ans plus tôt, et surtout de la Maranello Rafanelli larguée par les Prodrive. La Pagani Zonda subissait son baptême du feu, et celui-ci fut particulièrement difficile : 6 tours avant que le moteur ne lâche. Peut et doit mieux faire car le chassis a l'air d'être particulièrement efficace. La première GT finit 10ème et il s'agit bien sûr d'une Porsche GT3-RS. On trouve d'ailleurs 3 Porsche sur le podium de la catégorie. C'est le team semi-officiel Alex Job qui s'impose finalement avec Lucas Luhr et Sascha Maasen, mais ces deux là n'ont pas eu un instant de répit puisqu'i leur a fallu lutter durant toute l'épreuve avec l'autre GT3 du team White Lightning/Petersen Motorsports, qui ne finit qu'à un tour... Les Modena n'ont pas pu suivre le rythme des Porsche, et c'est finalement le JMB qui a eu le dessus sur le Risi Competizione, en plaçant ses deux voitures 15ème et 27ème (soit 4ème et 12ème de catégorie). La TVR a fait de superbes débuts en finissant 20ème au scratch et 7ème en GT. La marque Spyker quant à elle aura bien du mal à obtenir deux engagements aux 24 Heures vue la "performance" du week-end : 103 tours parcourus seulement quand l'Audi de tête en parcourait 367, et la meilleure GT 320 ! Laurent Chauveau Les résultats de la course sont ici. |