40 ans que ça dure... Imprimer Envoyer
Vendredi, 05 Juin 2015 19:04

th_LM75DepartIl y a 40 ans, je rentrais pour la première fois dans l'enceinte. Noyé au milieu de tous ces gens qui mesuraient tous au moins deux fois ma taille, j'avais déjà une ferme idée de celui qui serait mon favori. Il venait tout simplement de gagner 3 fois l'épreuve d'affilée... Papa me plaça sur ses épaules pour que je puisse voir ce qu'il se passait. Nous étions face au vieux et énorme tableau de pointage après le Welcome. Les Ligier étaient mes chouchoutes mais ces barquettes bleu et orange m'avaient irrémédiablement tapé dans l'oeil. Il faisait beau et soudain, j'eus la trouille de ma vie : ce vacarme était ahurissant ! Le départ venait d'être donné. Vite, se boucher les oreilles ! J'avoue n'avoir qu'un souvenir très vague du déroulement de la course, évidemment, je n'avais que 6 ans. Mais j'ai un souvenir très précis de notre retour sur le circuit le dimanche matin. J'étais dans l'espoir que cette fameuse Ligier n°6 soit en tête de la course. Je vous laisse imaginer ma déception en constatant que non seulement, ce n'était pas le cas, mais que de plus, elle avait abandonné... Ce fut d'ailleurs un véritable crève-coeur de constater, en regardant les stands, que nombre d'entre eux étaient dorénavant vides. J'avais beau être un minot, j'imaginais sans peine la somme d'espoirs déçus que cela représentait. Je ne me souviens pas du reste. Mais ce dont je suis sûr, c'est qu'à peine rentré chez moi, je me mis à dessinner, avec ma mémoire d'enfant (et le coup de crayon associé...) ces barquettes bleues et orange qui m'avaient tant marquées. Je venais de tomber dedans. C'était il y a 40 ans. Depuis les effets restent permanents...

Je me souviens ne pas avoir pu revenir lors de l'épreuve caniculaire de l'année suivante, on baptisait mon cousin. Mais je n'ai pas loupé les deux années majeures du duel Porsche Renault. Je me souviens d'avoir connu le Mulsanne de l'époque, un soir au coucher de soleil. Magique... Je me souviens de l'abandon de la dernière Renault en 1977. Je me souviens de ces journaux du dimanche ou certaines cases étaient barrées, la voiture n'ayant pas passé la nuit. Je me souviens de l'incroyable départ de 1978 et de cette déroute dans le clan Porsche tandis que l'A443 filait grand train. Je me souviens de son abandon mais de la certitude, que l'A442 elle, ne flancherait pas. Je me souviens que je n'y étais pas en 1980. Je n'ai pas vécu la victoire Rondeau. Nous étions trop loin du Mans, je ne pouvais pas encore y venir seul. th_LM83_24Je ne pus revenir qu'à partir de 1983. J'espérais que les pédalos permettraient à Jean Rondeau d'en cueillir une seconde sous mes yeux. Mais je me souviens très bien que la M483 n'était pas à la hauteur des 956. Je me souviens avoir vécu l'arrivée de cette édition dans la voiture sur le chemin du retour, accroché aux commentaires radio. Je voulais une victoire Ickx-Bell, encore une. Et cette fumée que décrivait le speaker de RTL, je la visualisais dans ma tête. Je voyais déjà la 3 exploser son moteur et la 1 s'imposer. Comme je le souhaitais. Mais la 3 a tenu. Ickx-Bell n'ont pas gagné.

Je me souviens d'avoir vécu l'édition 1984... sur mon canapé. Mauvais à l'école, privé de 24 Heures ! TF1 avait quitté Le Mans et son duel Porsche-Lancia pour se rendre à la Beaujoire ou les bleus infligèrent un retentissant 5-0 aux diables rouges... Je me souviens du duel au petit matin entre les 956 privées. Jean Rondeau jouait la gagne mais sur une Porsche ! Et ce fut mon favori de 1975 qui s'imposa... Je n'y étais pas... Je me souviens d'avoir eu de bons bulletins scolaires et d'avoir donc eu le droit de revenir en 1985. Sans les parents mais avec un pote, un autre Laurent. En train depuis Metz : l'aventure à 15 ans pour une course assez terne mais ou nous nous étions bien amusés. Je me souviens de cette nuit de 1986 que j'ai passé seul au bord de la piste, sans dormir. Je guettais le passage des XJR6, souhaitant qu'elles puissent mettre à mal le règne des 962. Je me souviens de ce moment ou Philippe Debarle m'a glacé le sang en annonçant au micro, la mort d'un pilote sur mon circuit favori : Jo Gartner. J'aurai aimé ne pas être seul à cet instant précis. Je me souviens être parti avant la fin, ma fête était gachée.

Je me souviens des ruisseaux de flotte dans lesquels nous avions les pieds en attendant le départ de 1987. Je me souviens du petit matin ensoleillé de cette année là. Les deux Jaguar et la Porsche de tête roulaient roues dans roues... C'était sublime. Mais la n°6 n'allait pas tarder à être lâchée par son joint de culasse et la n°4 à lâcher du lest. Come dira Stuck plus tard, « nous avons cassé le cou des Jaguar durant la nuit. »

th_LM88_Jag2Je me souviens de 1988. De tout. De chaque instant, avec une acuité dingue. L'épreuve qui m'a le plus marqué probablement durant le 2ème Millénaire. Je me souviens de ces douces heures de folie, au beau milieu des drapeaux britanniques, chrono à la main, pour vérifier que l'écart ne diminuait pas entre la Jag' et la 962. Quel pied ! L'endurance venait de renaître réellement. Jaguar y était pour beaucoup. Je vénérai ces XJR9 qui avait sorti la course de sa torpeur ce que Lancia n'avait pas vraiment su faire. Je me souviens de 1989. Je me souviens d'avoir fini la nuit sur les balcons de ravitaillement. Quel moment... Les Sauber avaient empêché mes Jaguar de gagner. J'étais déçu... Mais je me souviens que mes belles s'étaient de nouveau imposé en 1990. Joie ! Je me souviens de ce moment impensable ou Jesus Pareja avait vu un pauvre boulon à 2 francs briser le moteur de sa 962C Repsol. Sa deuxième place était tellement méritée. Déception... Je me souviens de la clameur britannique lorsque la n°2 s'était de ce fait, emparé de la deuxième place. Ecœurement...

Je me souviens de 1991. Je ne devais pas pouvoir venir. L'armée avait besoin de moi ce week-end là ! Scandale. Une petite maladie bienvenue (et pas du tout imaginaire contrairement à ce que vous commenciez à penser...) me donna une permission à titre de convalescence qui me permis de passer la semaine entière sur place. Ce qui fait que je n'ai jamais loupé cette grande semaine depuis 1988... Je me souviens de cet hiver lamentable. Ou le beau ruban fut saucissonné. Je me souviens de l'arrivée de Peugeot, dont les bergers allemands surveillaient la structure dans le paddock. Mais c'était quoi ça !!! Je me souviens de ces Sauber devenues Mercedes magnifiques, dominatrices, mais que je n'aimais toujours pas. Le constructeur allemand préférait le championnat au Mans, le clan Balestre au clan ACO, je ne pouvais cautionner cela. Je l'avoue, piteusement, honteusement, l'impensable surchauffe de la dominatrice C11 n°1 m'avait fait plaisir. Et la victoire de l'incroyable quadrirotor encore plus !

Je me souviens de 1992. Malheureusement...L’endurance touchait le fond. 28 voitures. Un plateau réduit de moitié en seulement 3 saisons. Lorsque l'on a vécu cela, on ne peut que rester prudent devant l'implication d'une fédération. Je me souviens des nouveaux stands. Fonctionnels, certes, mais les balcons de ravitaillement étaient désormais réservés aux VIP... Je me souviens de cette pluie et de cette course finalement intéressante. De cette Peugeot 905 n°1 dont le phare déréglé découpait la forêt au loin, bien avant que l'on puisse voir la voiture. Une sorte de laser avançant à 300 km/h... Je me souviens de cette victoire française. Toyota avait donné une belle réplique, on se disait que ce serait encore mieux en 93...

Je me souviens de 1993, justement. Ma première accréditation. Décroché après avoir écrit un pavé de 30 pages sur les 24 Heures, envoyé à l'ACO et défendu devant Jean-Pierre Moreau, lui-même, le patron des sports de l'époque. Je venais de passer de l'autre côté. On m'avait orienté vers Infos-Course ou je ne perdrai pas la course des yeux. Je me souviens de Bernadette, la patronne, l'épouse du défunt speaker, Jean-Charles Laurens. Je me souviens d'y avoir rencontré des amis, qui, 22 ans plus tard, sont toujours là, fidèles au Mans, eux aussi. Je me souviens de ma trouille lors de mon arrivée sur le circuit. Qu'allais-je devoir faire lors de cette Journée Test ? Quel rôle allait-on me donner ? Ce rôle, je me le suis donné moi-même en fait. Dès les premiers tours de roue, j'ai tenté de glisser quelques infos à Bruno Vandestick qui lui, débutait en tant que speaker officiel aux 24 Heures du Mans. Il a du comprendre que je connaissais bien le sujet, presqu'aussi bien que lui. La confiance est venue très vite. J'étais devenu le bras droit des speakers. Incroyable ! Je me souviens de la course évidemment. De l'inoubliable duel entre Boutsen et Irvine le samedi soir. Un relais roues dans roues au milieu des nombreuses GT revenues en Sarthe. Quel pied à vivre depuis le perchoir du 5ème étage du Module Sportif ! Et puis, je me souviens de la débacle prématurée chez Toyota au début de la nuit. Je me souviens du triplé Peugeot...

Je me souviens de la claque inouïe de 1994. Finies les 3,5 litres, finis les moteurs hurlants, finis les tours sous les 3'30". On était déjà content lorsque ça passait sous les 4'. Quelle tristesse... Je me souviens de cette course ennuyeuse. Et de ce final de dingue. Je me souviens de ma rage lorsque le réalisateur a loupé LE dépassement d'Irvine sur Boutsen, tiens, oui, encore eux !

th_LM_1995_McLaren_24Je me souviens du plaisir de voir les McLaren arriver en 1995. Elles redonnaient un peu de peps et de glamour au plateau. Et je me souviens évidemment de cette longue remontée de la Courage. Je me souviens parfaitement du changement de capot. Nous étions juste au-dessus du stand depuis le 5ème ! Il n'a rien ce capot ! Laissez le en place ! Mais non... Ca ne tient à tien une victoire au Mans. Elle venait de choisir son camp.

Je me souviens de 1996, la victoire de cette barquette aux traits grossiers qu'était la TWR Joest. Comment une Sport 3,5 litres magnifique telle que la Jaguar avait pu devenir si laide en devenant une barquette ? Je me souviens qu'elle s'était imposée au terme d'une course peu palpitante. Et qu'elle l'avait refait un an plus tard. Je me souviens de ces incendies de 1997. Deux McLaren Gulf longue queue qui partent en flammes, quel horrible gachis ! Et cette Porsche GT1 qui en fait de même délaissant la victoire... Je me souviens de Bob. Assis sur le rail, vouté, ayant commis LA boulette de sa carrière, sa Porsche GT1 plantée entre Arnage et le Ford. Quelle image... Mais surtout, on se souvient de Sébastien. Parti au mois de mai au milieu des pins. Peine immense à nouveau...

Je me souviens de 1998. Je me souviens d'avoir tourné une demie-heure autour de la GT-One, n'en revenant pas de voir un si bel objet qui semblait tant taillé pour aller vite. Je me souviens de la Porsche GT1 98 que je trouvais si jolie également. Et cette déco ! Je me souviens de ce double abandon des deux Mercedes. J'en étais encore content ! Et oui, j'ai la rancune tenace.. Je me souviens de cette 16ème victoire pour le constructeur de Stuttgart...

th_LM_1999_BMW_15Je me souviens de 1999. La GT-One était toujours là, magnifiée dans sa couleur rouge flashie. Je me souviens de cet incroyable OVNI qu'était la Mercedes CLR, tellement basse. Je me souviens de l'arrivée d'Audi avec cette R8C superbe mais non prête. Je me souviens que l'on vivait une année fabuleuse. Et je me souviens de l'effroi. De ce silence subitement. De la stupeur. Cette image ne pouvait pas être réelle. Mon cerveau la refusait. Une voiture, ça ne vole pas. Dumbreck venait de battre le record du Monde de saut en longueur et tout les spectateurs que je pouvais observer depuis le perchoir, fixaient les écrans géant. Comme pour mieux digérer cette information, prendre le temps de l'intégrer. Comme je le faisais moi-même. Un moment unique. Du moins, je le croyais... Je me souviens de la sortie de piste de Boutsen au cœur de la nuit. Et de ma boulette. Au milieu du nuage de poussière de ce nouvel accident insensé, je suis certain d'avoir vu Thierry s'extraire de se voiture. J'ai vu un casque. Je le glise à Philippe Debarle qui me fait confiance et le relaie au micro. Mais on s'aperçoit vite que j'ai rêvé. Que Thierry est blessé. Comme je m'en suis voulu.... Je me souviens de cette fin de course. De cette putain de crevaison qui nous a privé d'un final à la 1969. La GT-One rescapée pouvait-elle réellement rattraper la BMW pour lui disputer la victoire ? Les chiffres disaient que non. Ma raison disait que non. Mais mon cœur voulait une baston. Qui nous fut retirée... Yannick glanait sa quatrième et à la fin, ce sont toujours les allemands qui gagnent...

Je me souviens de 2000. De ce nouveau creux de vague. Ils étaient tous partis. Insondables traitres ! Tous sauf Audi. Finis les suspenses. Pour quelques années... Audi allait engranger. Faute de suspense sportif, il faut alors se souvenir de faits de course. Je me souviens donc de cette gigantesque partie de surf des premiers tours de 2001, l'orage ayant provoqué la panique dans le peloton...

Je me souviens d'une anecdote en 2002. Nous étions invités chez Audi Sport avec quelques amis et parlions de la course à venir. Un peu désabusés, nous constations que comme en 2001, nous n'aurions pas de suspense. « Même si ils cassent la boite, ils changent tout en 6 minutes... » Un mécanicien Audi assis près de nous, nous avaient entendu. Il crut bon d'intervenir dans un bon français : « Non, non, cette année, nous pouvons la changer en 3 minutes ! » Nous étions fort contris. Tout à la fois de notre indélicatesse mais également de cette « mauvaise nouvelle »...

th_Bentley_Speed_8_2003_7_8Je me souviens de la belle Bentley de 2003. Magnifique. Mais je me souviens que la course fut soporifique. Nous vivions des années creuses... Audi avait été mis en retrait pour laisser le constructeur anglais s'imposer... Je me souviens de 2004, du départ de Bentley, de la bataille entre les Audi R8 privées. De cet accrochage entre McNish et Lehto. De ces deux Audi détruites. Détruites mais roulantes. Le char d'assaut le plus rapide du Monde. Je me souviens de la victoire de l'Audi Goh.

Je me souviens de 2005. Enfin ça allait changer. Enfin, une équipe française allait de nouveau jouer la gagne. Les verts avaient la foule derrière eux. La C60 était intouchable. Pourtant l'une fut touchée, l'autre fut coulée. Et à la fin, c'est toujours les allemands qui gagnent. Ainsi qu'un certain danois...

Je me souviens de 2006. De cette R10 dévoilée sous la Tour Eiffel. De ce diesel que l'on n'entendait pas. Je me souviens de la déconvenue dans le clan Pescarolo à l'issue des deux premiers tours : « Cette Audi sera impossible à aller chercher. » Et elle le fut... Trois années durant. Et ce malgré l'arrivée d'un concurrent de même force. Le Lion revient en 2007. Je me souviens du carton qu'avait été pour notre site, cette présentation de la 908 à Mortefontaine. Nous avions « pété » les compteurs ! Je me souviens qu'elles étaient rapides ces 908. Mais que la R10 sut la mettre au pas en cette première année du duel. th_LM_2008_Audi_2Je me souviens de 2008. On s'en souvient tous. La 908 était devenue une fusée. 3'18" aux essais, 3'19" en course, 800 chevaux dans le dos m'avouera quelques années plus tard Stéphane Sarrazin. Mais sur le mouillé, Audi avait repris le dessus. Je me souviens de cette fin de course dantesque, de ces choix de pneus du clan français qui ont tant étonnés. Pourtant, avaient-ils vraiment le choix ? Ne valait-il mieux pas perdre en prenant tous les risques plutôt que de le faire en acceptant son sort ?

Je me souviens de 2009. Audi a compris. On ne peut plus se contenter d'une voiture fiable. Face à Peugeot, il faut aussi une voiture rapide. Donc Audi Sport prend des risques. Et se plante. La R15 n'est pas dans le coup. Pire, elle est rétive. Je me souviens de ces nombreuses sorties de piste. Et de la facile victoire Peugeot..

Je me souviens de 2010. A part la coque, Audi a tout revu au point que la R15 s'est parée d'un petit +. On se dit que l'on tient enfin notre duel à égalité de forces. Mais les essais sont plus qu'inquiétants. La R15+ est toujours larguée par la 908. Ce n'est pas possible ! La course confirme la domination des Peugeot. Mais la carapace se fendille progressivement. Une coque qui flanche, trois bielles en vrac plus tard, l'impensable s'est produit. Peugeot a été éradiqué. Et leplus  stupéfiant survint alors. Je m'en souviens. Audi a rayé Porsche des tablettes. La R15+ a effacé la 917 des records. Plus de 5400 km ont été parcourus en 24 Heures. Je me souviens avoir pensé que jamais je ne vivrai cela. C'était pourtant fait...

th_LM_2011_3PeugeotJe me souviens de 2011. On ne peut que s'en souvenir. On ne peut pas oublier ça, cette course là. Un chef d’œuvre total ponctué de frayeurs absolues. Je me souviens de ton texto inquiet, mon frérot. Non, je n'étais pas dans la descente du Tertre Rouge quand Allan nous a donné la peur la plus hallucinante qui soit. Je me souviens de cette providence qui a voulu qu'au sommet de son ascension au dessus des pneus, la R18 ait choisi de retomber côté graviers et non côté commissaires. Allan s'en est sorti indemne. Les commissaires aussi. Les photographes aussi même si un 500 mm Canon a du rejoindre la R18 à la benne. Je me souviens de Rocky, de cette image effrayante d'une voiture éparpillée aux quatre coins de la piste au beau milieu de la nuit. Que de miracles en 2011... Je me souviens de ce petit matin de fou, les quatre voitures de pointe sur la même image. Je me souviens de ce dimanche de dingue, de ce suspense, de ces inversions de tendance. Je n'ai pas vécu 1969 mais je peux dire que j'ai vécu 2011. Je n'avais jamais connu cela, jamais eu autant d'adrénaline grâce à cette course là. Je veux revivre ça. Je cours après ça désormais. C'était fou, épique... Mais à la fin, ce sont toujours les allemands qui gagnent...

Je me souviens du 18 janvier 2012. J'en voudrai à vie aux décisionnaires qui ont commis cela. D'un simple trait de plume, le duel était fini. Pas de revanche de 2011. Peugeot était Out. Coup de massue. Je me souviens du panache de Toyota de prendre la relève. Je me souviens à quel point les TS030 nous ont fait vibrer jusqu'à.... Jusqu'à ce que Anthony nous glace le sang. Et nous fasse prendre conscience du problème majeur de ces voitures hybrides : l'intervention sur une auto chargée à bloc alors qu'un pilote est en souffrance...

Je me souviens de 2013. Je me souviens d'Allan. Je me souviens de la peine de Tom K. Pour sa 9ème. Neuvième ! Qu'il aurait souhaité moins sombre. J'ai oublié tout le reste. Car le reste n'avait plus d'importance...

th_LM_2014_Audi_2Je me souviens de 2014. Evidemment que je m'en souviens, c'était l'an passé. Le retour de la passion, le retour de Porsche, le retour de l'endurance à l'ancienne ou la fiabilité joue de nouveau des tours même aux meilleures voitures. Je me souviens de cette TS040 qui part tel un hors-bord percuter les rails. Je me souviens de Marco, dépité de devoir abandonner là sa R18 blessée à mort. Je me souviens de ces 919 bluffantes. Je me souviens de cette TS040 qui ne passe plus alors que je pars à la chasse des premières lueurs de cette matinée du dimanche. Je me souviens des rebondissements du dimanche. Mais je me souviens aussi qu'à la fin, ce sont toujours les allemands qui gagnent...

Je me souviens de tant d'autres choses. Tant de souvenirs que je chéris. J'en ai oublié aussi, forcément... J'ai la chance (que j'ai construite) d'être du bon côté des grillages, ça me semble impensable en fait. Aujourd'hui, je peux tutoyer mon favori de 1975, un certain Henri. Ca aussi, ça me semble toujours impensable. Je vis mon truc au plus près. J'en profite un max. 40 ans après. Et la passion est toujours là ! Les effets sont permanents... J'en veux encore, toujours. Pour 40 ans de plus...

Laurent Chauveau