Alpine au Mans, c'est une réalité ! Imprimer Envoyer
Vendredi, 08 Mars 2013 21:31

Visuel_AlpineC'est en arrivant à bord d'une Alpine A210 que Mrs Carlos Tavarès, Numéro 2 de Renault, et Pierre Fillon, Président de l'ACO, ont mis fin aux ultimes questions concernant l'annonce du jour sur le circuit du Mans. C'est officiel. Alpine est bel et bien de retour au Mans et ce dès le mois de juin prochain. Sans surprise, c'est l'équipe de Philippe Sinault, Signatech, qui sera le fer de lance de cette résurrection au goût sympathique. 50 ans après les premiers tours de roue des M63 sur le tracé manceau, 35 ans après le succès de la « Bulle », 19 ans après l'ultime présence d'une Alpine en Sarthe, le grand A dieppois est de retour. Et cela s'accompagne également d'une présence en ELMS.

 

Alors, comment devons-nous nommer cette Alpine ? On reprend là ou l'on s'était arrêté ? A444 ? Nous ne le savons pas encore. En fait, si la voiture n'a pas été dévoilée, l'on sait déjà qu'il s'agit de l'une des Oreca 03 déjà alignées par le team Signatech l'an passé. Le moteur reste le V8 Nissan d'origine Zytek. Pour l'instant, l'opération « Alpine au Mans » est à taille humaine. Finalement assez proche dans l'esprit de ce qu'avait initié Jean Rédélé, le créateur d'Alpine pour les plus jeunes. Assez proche mais pas totalement similaire non plus. Parce que les Alpine de compétition sortaient réellement des ateliers de Dieppe, siège historique de la marque. Si pour 2013, on conçoit assez bien que l'engagement s'appuie sur une voiture existante simplement « rebadgée » comme l'on dit souvent, on apprécierait que l'engagement soit réellement celui d'une nouvelle auto, née Alpine. Or, le discours de Carlos Tavarès semble être d'une extrême prudence à ce sujet. Il parle à la fois d'un programme longue durée mais il tempère immédiatement. « Actuellement, personne ne peut tirer des plans sur trois à cinq ans. La conjoncture ne le permet pas. » confie le DG de Renault à Laurent Mercier pour Endurance-Info. La possibilité de lancer à l'avenir un véritable châssis Alpine en compétition semble également assez « lointaine » dans les esprits des décideurs...

Le fait qu'Alpine se « contente » d'un engagement en LMP2 n'est pas critiquable. C'est même totalement en accord avec l'histoire de la marque qui s'est longtemps contenté de jouer les premiers rôles dans les petites cylindrées avant de se découvrir de plus hautes ambitions. Finalement, en LMP2, Alpine se retrouvera opposé à Lotus et Morgan (un autre rebadgeage...) et c'est un affrontement logique étant donné la taille respective de ces adversaires. Ils n'ont pas grand chose à espérer face à Audi, Toyota ou Porsche LMP1. Mais au contraire d'Alpine, Lotus, bien aidé par des capitaux privés, revient sur la base d'un châssis qui lui sera propre...

Dans le même ordre d'idée, le fait qu'Alpine se « contente » d'un engagement en ELMS est parfaitement logique et ne souffre pas la critique. Le cœur de marché de la firme sera probablement avant tout hexagonal, voire européen. Et même si lors de la première aventure Alpine, elles étaient fabriquées (sous licence) et vendues au Brésil grâce à un certain « Bino » Heins *, on ne peut pas vraiment reprocher à Alpine de ne pas sauter le pas du WEC.

Non, ce que l'on regrette au soir de cette journée, c'est que l'on n'en sache guère plus que la veille. Le retour d'Alpine était devenu un secret de polichinelle au cours de ces derniers jours. Et malgré la mise en scène faite autour de l'évènement, ce n'était donc plus une vraie surprise. On ne sait donc pas vraiment ou va ce programme au-delà de 2013. On est loin d'être sûr de revoir à moyen terme, un véritable châssis Alpine. On reste donc un peu sur sa faim. Carlos Tavarès dit qu'avant 2016, Alpine n'aura pas de voiture à vendre et qu'il est donc inutile de se lancer dans un réel programme. Soit. Mais on peut voir la chose tout autrement. On peut se dire que rappeler au public durant quelques saisons de course, que la firme va revivre, permettra lors de la mise sur le marché de la nouvelle Berlinette de lui assurer une identité de marque, une légitimité. Si en plus, cela s'accompagne de succès en compétition, on aura su faire renaître l'envie chez les potentiels acheteurs, les nostalgiques mais aussi de plus jeunes... Mais bien évidemment, ceci est le point de vue d'un fan du Mans, un peu déçu du manque d'envergure de l'annonce du jour...

On se demande aussi pourquoi la voiture n'a pas été présentée aujourd'hui même, au vu et au su de toute la presse. Placer l'Alpine 2013 au milieu de ses ainées aurait fait une belle photo. Là rien. Pourquoi donc ? La voiture existe pourtant. On n'aurait pas fini de poser les autocollants sur la carrosserie ? Non, on ne peut y croire surtout sur une voiture existante. Et si ? Et si, c'était parce que Alpine en a gardé sous le pied ?

On connait déjà deux pilotes : Nelson Panciatici et Pierre Ragues sont deux habitués du team de Philippe Sinault. Mais on ne connait pas le troisième. Il sera annoncé dans les jours à venir. On connait la voiture mais pas sa déco. Elle aussi sera présentée dans les jours à venir. Et si Alpine en avait gardé sous le pied ? Et si l'Alpine s'accompagnait d'un léger relookage de l'Oreca 03, pas d'une simple teinte bleue et orange, apposée sur le carbone mais d'un pack aéro fait maison ? Admettez que cela justifie l'absence de l'héroïne principale de la journée... Et donnerait un petit surplus d'identité bienvenu à cet engagement. Réponse sous peu...

Laurent Chauveau

* : « Bino » Heins était responsable de la firme Willys au Brésil, qui assurait la fabrication des A108 brésiliennes. Pilote brillant, il faisait équipe avec José Rosinski sur la M63 n°48 lors des 24 Heures 1963. Il y trouva la mort à la sortie de la Courbe des Hunaudières après qu'une Aston Martin ait explosé son moteur, maculant la piste d'huile. Une Jaguar et une René Bonnet sortirent de la piste sur cette patinoire ajoutant ainsi des débris à l'huile. « Bino » tentera bien « d'inventer » une trajectoire mais il perdit le contrôle, heurta un poteau télégraphique et périt dans l'incendie total de sa voiture.