6H Silverstone : Bourdais et Peugeot brillent à nouveau ! Imprimer
Dimanche, 11 Septembre 2011 19:32

th_05_Silv_Peugeot_7Avouons-le, on s'était légèrement ennuyé en suivant les 6 Heures d'Imola au début juillet. Des lionnes trop dominatrices en P1 et une inhabituelle absence de lutte acharnée en GTE Pro nous avait privé de suspense. Les 6 Heures de Silverstone disputées 10 ans pile après la chute de deux tours jumelles, ont été d'une toute autre teneur. La bataille en LMP1 diesel a été superbe et acharnée durant plus de quatre heures. Une fois l'avantage définitivement acquis pour la Peugeot n°7, ce sont les P1 essence qui ont assuré le show en protos. OAK Racing et Rebellion Racing se sont battus comme des chiffonniers durant l'intégralité de la course, échangeant sans cesse le commandement lors des arrêts aux stands, éclipsant même le Pescarolo Team !

En GTE-Pro, on n'est pas resté à la traine du point de vue du suspense. Jusqu'au bout, l'on se demandait si cette Ferrari n°51 d'AF Corse allait pouvoir boucler la distance sans devoir repasser par son stand, ayant effectué son dernier arrêt ravitaillement plus d'une heure avant le drapeau à damiers. Dans le même temps, trois voitures groupées en quelques mètres se chamaillaient pour la 3ème place de la catégorie, se passant et se repassant. C'était Grand Spectacle à tous les étages aujourd'hui dans le Northamptonshire !

Rejoindre l'arrivée...

th_05_Silv_StartSi l'on en croyait les dires des dirigeants de Peugeot Sport avant le départ, amener les deux voitures à l'arrivée afin de glaner des points dans l'optique du championnat était l'objectif principal de cette course. Mais une fois la visière baissée sur les yeux d'un pilote, allez lui parler de course sage... Dès les premières boucles de ces 6 Heures de Silverstone, la bataille Audi-Peugeot fut lancée, Sébastien Bourdais conservant l'avantage de la pole position acquise par son coéquipier, Simon Pagenaud, au nez et à la barbe d'un Allan McNish toujours très incisif et qui restait collé à ses roues. Collé à tel point que dès le 7ème tour, alors que les pilotes de tête se retrouvaient dans le trafic, l'écossais prenait la tête. Un tour plus tard, Peugeot Sport encaissait une seconde déconvenue, bien plus majeure celle-ci... A l'entrée de Copse, Franck Montagny se rabattait un peu trop vite sur la FLM du JMB Racing. Celle-ci le touchait à l'arrière gauche, le faisant partir en tête à queue à très haute vitesse. Franck tapait durement les pneus à l'avant gauche. « Je me suis rabattu trop tôt, c'est clair, je pensais être totalement passé mais il manquait une dizaine de centimètres. Il m'a touché après la roue arrière. J'ai pensé pouvoir la ramener mais avec l'inertie, cela n'a pas été possible. » th_05_Silv_Peugeot_8Bizarrement, aucun tracteur n'était présent dans ce virage pour sortir la voiture de sa position et Franck Montagny était obligé de sortir de sa voiture pour aider les commissaires à sortir sa 908 de sa fâcheuse position. L'opération fut relativement longue et une fois remise dans le bon sens, il fallait encore rejoindre les stands à très faible allure, car la roue AVG était complètement de travers ! La réparation durait 8 minutes : triangle supérieur et splitter étant changés. La n°8 reprenait la course à la 48ème position, à 9 tours de la tête. Place à une longue remontée...

Baston et craquage !

th_05_Silv_Audi_2En tête, McNish prenait un très léger avantage mais à mi-relais, une tendance allait se dégager qui se confirmera durant toute la course. Les Audi sont plus à l'aise en début de relais, les Peugeot sur la fin. Aussi, Sébastien revenait sur son adversaire et le repassait lors du 20ème tour. S'engageait alors une vraie baston de furieux. Deux tours plus tard, McNish repassait en rasant le muret des stands, serré par Bourdais. Deux virages plus loin, le manceau reprenait le commandement. Magnifique ! Surtout que le pilote Peugeot subissait également la pression de Timo Bernhard qui avait recollé. La pression intense allait faire commettre une faute à Allan McNish dans le trafic. Une manœuvre un peu optimiste au freinage sur la Ferrari JMW n°66 l'amenait à taper celle-ci. Le contact ne semblait pas dramatique mais l'écossais rentrait immédiatement aux stands. Les mécaniciens changeaient les pneus et après une inspection rapide, le renvoyait en piste. Une inspection trop rapide, puisque dès le premier virage, sa direction ne répondait pas correctement et l'envoyait virer au large. Retour obligatoire aux stands ou l'auto était rentrée dans son box. Comme sur la 908 n°8, il fallait changer la suspension avant-gauche !

Dans le même temps, on assistait à un grand nombre de figures en piste, celle-ci devenant particulièrement souillée, notamment de gros morceaux de gazon synthétique s'échappant des bordures ! On a rarement vu cela et cela ne faisait pas très sérieux... Le gros crash de la Oreca 03 du TDS Racing impliquait la sortie des safety-cars juste avant la fin de la première heure. Le malheur des uns fait le bonheur des autres et le désarroi des héraultais du TDS soulageait quelques peu les mécanos d'Audi Sport : si l'Audi n°1 perdait plus de temps pour réparer que la Peugeot, elle perdait moins de tours du fait de la neutralisation. Elle repartait 44ème à 6 tours. Place à une autre longue remontée !

Nouvelle baston, nouveau craquage...

th_05_Silv_Audi_1Après le restart, c'était au tour de Timo Bernhard de mettre la pression sur Sébastien Bourdais. Après 1H05 de course, il profitait du trafic pour passer astucieusement en tête de la course. Mais décidément, Sébastien, très en forme cette année, lui rendait la monnaie de sa pièce quelques tours plus tard. Tentant de rester collé à la 908, le pilote de la R18 partait en tête à queue, tout seul, quelques minutes plus tard. Sébastien avait donc fait craquer à la fois McNish et Bernhard en les mettant sous pression... Timo repartait sans tarder mais dès lors, Sébastien allait pouvoir creuser l'écart. Lorsqu'il donnait le volant à Simon Pagenaud à l'issue de son double relais, il comptait 37 secondes d'avance. Bernhard s'arrêtait exactement au même moment et son coéquipier repartait avec 37 secondes pile de retard. Les deux équipes d'usine avaient été aussi rapides l'une que l'autre dans les stands !

Parti avec des consigne de prudence de la part d'Olivier Quesnel, Simon perdait régulièrement de son avance sur Marcel. De son côté, Allan McNish connaissait un nouvel avatar en étant percuté par la Ferrari de Tracy Krohn dans un virage lent. Décidément, l'écossais n'est pas en réussite depuis Le Mans... Heureusement, cette fois-ci, cet accrochage ne lui coutait guère de temps. A la fin du premier relais de Pagenaud et Fässler, ils rentraient pile au même moment pour refaire le plein de gazole. De 37 secondes, l'écart était tombé à 13... Huit minutes plus tard, il avait réduit de moitié. Cinq autres minutes et Marcel talonnait Simon. Le duel roues dans roues pouvait reprendre ! Il faudra près d'un quart d'heure au pilote Audi pour devancer enfin le pilote Peugeot. Simon perdait un peu de terrain mais parvenait à revenir à 3"7 lors de son pit-stop, opéré de manière toujours simultanée à celui de Marcel. L'écart était identique en sortie des stands bien que Timo et Sébastien ait repris le volant. Simon Pagenaud expliquait : « par prudence, je suis tombé dans un faux-rythme, aggravé par le pick-up de mes pneus. Avec le trafic, il me fallait attaquer plusieurs tours pour les nettoyer. Je ne suis pas content de moi car j'ai perdu trop de temps durant ce relais. »

Bourdais impérial !

En piste, Sébastien Bourdais perdait à nouveau un tout petit peu de terrain en début de relais. Mais par la suite, la tendance s'inversait à nouveau et le manceau allait notamment claquer deux tours extrêmement rapides, coup sur coup, malgré le trafic. Il signait notamment ce qui allait rester le meilleur tour en piste lors de son 127ème passage : 1'46"586. Un tel effort l'amenait à recoller à Timo, et dans la foulée, il prenait la tête car pour la première fois de la course, l'Audi devait rentrer une boucle plus tôt que la Peugeot. On la rentrait même directement dans son box car, depuis de longues minutes, la voiture était dépourvue de son sabot arrière et même d'une partie de son capot moteur. La réparation coutait un peu moins d'un tour à la R18 n°1 mais la course était jouée... Bien que renvoyant Fässler en piste, Audi Sport ne pouvait espérer remonter un tel écart sur la Peugeot : 1'31"... De fait, une fois qu'il eut repris le volant, Simon Pagenaud sut hausser le rythme lors de son second relais et conserva cet écart jusqu'à l'arrivée, sans plus aucune frayeur. Peugeot Sport a donc remporté les trois courses européennes de l'ILMC, hors 24 Heures du Mans, évidemment... Sébastien Bourdais reste sur une dynamique très positive à bord de sa 908 n°7, enregistrant sa seconde victoire de rang : « Parfois, ça ne veut pas sourire mais aujourd'hui si ! » Quant aux Audi n°2 et Peugeot n°8, elles achevaient leur course respectivement aux 7ème et 8ème rangs. Finalement, Peugeot creuse l'écart au classement constructeur de l'ILMC : 153 points contre 108 pour Audi. Les hommes dé Vélizy peuvent espérer empocher le titre dès la prochaine course, à savoir le 14ème Petit Le Mans sur lequel votre serviteur se rendra...

Je tenterai, dans les jours à venir, de vous livrer un compte-rendu de la course dans les autres catégories. Je tenterai mais les heures consacrées à l'endurance sont comptées actuellement... Le classement de cette 5ème manche de l'ILMC 2011 est ici.

Laurent Chauveau