Daniel Poissenot : 10 années de damiers ! |
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Mercredi, 07 Septembre 2011 17:20 | |
Daniel, à titre personnel, quel bilan tires-tu de ces 11èmes 24 Heures passées à la direction de course ? « Je suis totalement satisfait. Tout d'abord de la course elle-même sur le plan sportif qui a vu des écarts très faibles à l'arrivée. Mais aussi sur le plan organisationnel, tous les services ont bien fonctionné malgré les gros accidents qui ont lieu et qui n'ont fait aucune victime majeure, que ce soit parmi les pilotes, les commissaires, ni les photographes. Tous les services ont bien fonctionné. Le médical, les interventions : on a tout de même posé plus de 100 mètres de rail ! Vraiment un bilan positif et on peut dire que dans une telle course, on dispose vraiment tous les ingrédients pour faire un bon film ! » Tout de même, avec les crashs impensables que l'on a vu cette année, ne dirais-tu pas, en tant que directeur de course, que ces 79èmes 24 Heures ont été les plus « chaudes » à gérer ? « Oui, absolument. Sans conteste. Je ne suis pas un fan du safety-car et pourtant, on l'a vu en piste durant 4H53 ! On avait déjà eu des éditions difficiles notamment à cause de la pluie. De ce point de vue, pour mon baptême, 2001 fut bien arrosée avec un gros carambolage, après 20 minutes de course. Au vu du nombre de voitures impliquées, je me posais la question de savoir si il ne fallait pas arrêter la course, ce qui n'avait jamais été fait depuis la création de l'épreuve. Compliqué pour des débuts au poste. 2010 avec la Zytek de Nigel Mansell qui heurte violemment le rail au bout de 20 minutes de course est aussi dans ma mémoire. Mais une édition telle que celle de 2011, avec des accidents aussi spectaculaires, non, franchement, je n'avais jamais vu ça... » Tu dis qu'il n'y a pas eu de blessures majeures mais Horst Farnbacher Sr a tout de même été touché ? « Oui, l'accident était sérieux mais on a immédiatement envoyé le médical pour l'extraire de la voiture dans les règles de l'art. On a eu peur dans un premier temps notamment pour ses vertèbres cervicales mais depuis, nous avons eu des nouvelles rassurantes et il allait bien. Il a aussi souffert de ses cotes mais il s'en est remis. Dans tous les cas, afin de lever tous les doutes, nous avons envoyé les pilotes à l'hôpital afin d'effectuer des scanners de contrôle. Bon Allan McNish est un écossais, il a la tête un peu dure et il a du mal à se laisser convaincre mais il a fini par accepter... »
Lors d'un incident tel que celui de Rockenfeller, qui se déroule de nuit à l'autre bout du circuit, dont on ne sait pas grand-chose dans un premier temps, est-ce que les commissaires présents sur place peuvent, de leur propre chef, te demander immédiatement d'envoyer les safety-cars en piste ou est-ce que cela reste de ton unique responsabilité ? « Non, ils ne peuvent pas le faire. Ils nous font un rapide bilan mais ils ne peuvent pas prendre la décision. De toute façon, on sent immédiatement via les radios, via nos caméras de sécurité, qu'il se passe quelque chose de très important. Et on est capable d'aviser très vite. Dans le cas de l'accident de McNish. Sa voiture n'était pas encore immobilisée que j'avais déjà décidé de neutraliser la course... » Est-ce qu'il t'arrive de te rendre sur place pour organiser les secours ou les opérations de remise en état de la piste ? « Par le passé, je l'ai fait mais cette année, j'ai changé d'orientation et décidé de rester à la direction de course de façon à gérer l'ensemble des intervenants. Pour le travail sur place, j'envoyais l'un de mes assistants afin de gérer la coordination des moyens (Patrick Coutant). Je pense que cette façon de faire était plus efficace. » Tu passes donc l'intégralité des 24 Heures dans le PC ? Tu ne descends pas un peu voir les concurrents dans leurs stands, par exemple ? « Non, je reste en place. Si nous avons besoin de rencontrer un concurrent pour une raison X ou Y, c'est lui qui monte au PC Course. »
« On a quatre voitures postées pour la première à Antarès au poste 31, à Mulsanne pour la seconde au 76, au Porsche, le 115, pour la troisième et la dernière juste avant l'entrée des stands. A ces quatre s'ajoute celle que l'on nomme la voiture 0 (zéro) qui est celle du médecin-chef. » Comment sont équipées ces autos ? « C'est ce qu'on appelle les VRI : Véhicule Rapide d'Intervention. Il y a un médecin réanimateur à bord accompagné d'un infirmier ou d'une infirmière ainsi que de tout le matériel dont il a besoin. Evidemment, la voiture est aux mains d'un pilote pour la conduire le plus vite possible sur les lieux de l'accident. Derrière, peut se mettre en place, au besoin, tout une colonne d'intervention. Tout d'abord, une voiture d'extraction avec les secouristes pour sortir le pilote dans les meilleures condition. Puis une voiture de désincarcération si besoin est, une ambulance et enfin un fourgon des pompiers au cas où. 2011 était une année assez sèche et cela aurait pu s'avérer nécessaire. » Les personnels qui sont intervenus pour remettre les rails en place sont de l'ACO ou font partie des ponts et chaussées ? « Ce sont des entreprises privées qui sont en charge de cette tâche. Elles sont cependant placées sous la responsabilité du service technique de l'ACO (Ghislain Robert). Habituellement, ils travaillent sur nos routes ou autoroutes. Cette année, ils ont remplacé 108 mètres de rail très exactement. On ne peut pas relancer la course sans avoir remis ces rails en état même lorsqu'il se produit un accident dans un zone inhabituelle comme celui de McNish ou personne n'était jamais sorti. Cela peut paraître long et cela l'était lors de l'accident de Mike Rockenfeller malgré les moyens que nous avons mis en place. L'intégralité de nos équipes est intervenue dans ce cas précis pour gagner du temps sur l'intervention. Mais il faut refaire ces rails avec sérieux étant donné l'enjeu et cela prend du temps. D'ailleurs, cela a été tellement long que, nul ne s'en est aperçu, mais nous avons dû faire ravitailler nos safety-cars ! La substitution s'effectuait au début de la ligne droite des stands. » Retrouvez ici la deuxième partie de cet article... Laurent Chauveau |