Bruno Famin : Avec Audi, ça sera plus serré... Imprimer
Mardi, 07 Juin 2011 09:01

Bruno Famin Le Mans 2011Journée de calvaire pour le Directeur Technique de Peugeot Sport. C'est le jour ou il se présente au Pesage des Jacobins, longue journée ou il doit parler avec de nombreux journalistes, que sa voix décide de lui jouer un mauvais tour. Malgré tout, il fallait bien que je pose mes questions surtout en cette édition pleine de suspense d'avant-course puisque les deux équipes favorites présentent chacune une toute nouvelle voiture. La gorge douloureuse, Bruno Famin n'a pas reculé devant la difficulté...

Bruno, je souhaiterai avant tout revenir sur les 1000 km de Spa. L'an passé, tu m'expliquais que sur ce tracé, il valait mieux utiliser la carrosserie typée fort appuis. Comment expliques-tu alors que vous ayez roulé là-bas cette année avec la config Le Mans ?

« Simplement en raison de la baisse de cylindrée du nouveau moteur. Le compromis aérodynamique de la nouvelle voiture est complètement différent de l'ancienne et les données ont complètement changé. La nouvelle 908 emmène moins de charge que l'ancienne pour fonctionner de manière optimale. Et puis c'est difficile de réellement parler d'une config Le Mans. »

Tu veux dire qu'en fait, vous aviez installé les capots type Le Mans mais que malgré tout, vous rouliez avec plus de charge aérodynamique qu'en Sarthe ?

« Exactement. »

Bien, venons-en à ces 24 Heures. Estimes-tu que vous êtes 100% prêt. Par rapport à votre planning originel, malgré les deux accidents majeurs subis en essais, avez-vous pu rouler autant que vous l'espériez ?

« Oui, nous sommes prêts. Nous avons pu rattraper les petits retards causés par ces problèmes, il n'y a pas de soucis. »

La météo annoncée pour la semaine semble être capricieuse, est-ce un sujet d'inquiétude ?

« Si la piste est changeante durant les essais, c'est toujours un problème. Ca perturbe le programme que nous avons mis au point. Mais on n'y peut pas grand-chose. Durant la course, la pluie n'est jamais vraiment souhaitable mais ce sera la même chose pour tout le monde. »

On a subi de gros orages hier dimanche. Avez-vous pu, lors de vos tests, rouler sous de telles averses et valider ainsi l'étanchéité de vos divers systèmes ?

« Nous avons roulé sur piste humide bien sûr, mais il est vrai que nous n'avons pas rencontré de très grosses pluies. Malgré tout, nous avons des procédures de validation internes pour cela. En théorie, nous sommes à l'abri de surprises sur ce plan. »

A ce jour, te reste-t-il une inquiétude particulière sur quelque domaine que ce soit concernant la voiture ?

« Non, il n'y en a pas. Maintenant, cela ne signifie pas que nous ne rencontrerons pas de problèmes. On ne peut jamais être sur de soi et de notre travail à 100%. C'est ça Le Mans. »

Je sais que ta position est de dire que l'on ne connaîtra réellement l'équilibre des forces entre vous et Audi qu'à l'issue du premier relais. Mais tout de même, n'as-tu pas une petite idée un peu plus fine, d'ores et déjà, de vos niveaux respectifs ?

« Tout ce que je peux dire, c'est que je pense que ce sera serré, plus serré que les années précédentes. Il y aura peut-être au maximum, un écart d'une seconde au tour. En faveur de qui, je ne sais pas vraiment. »

Vous avez gagné à Spa en dominant réellement les R18 en course mais si l'on analyse les chronos de la Journée Test, les Audi ont été « rapidement » rapides... Tout au long de la journée, elles ont été devant. Chaque fois qu'elles étaient en piste, leurs chronos étaient « vite », très régulièrement sous les 3'30". Vous, dans le même temps, vous aviez la n°7 qui terminait sa séance d'endurance débutée à Aragon et qui ne tournait « que » en 3'33"-3'34" environ. Est-ce représentatif de votre rythme estimé en course ?

« Je pense que ça peut l'être... Ce qu'il faut bien savoir concernant cette Journée Test, c'est que nous n'avions strictement aucune exigence de performance. Bien sûr, nous devions rouler sur un rythme suffisamment représentatif pour pouvoir tirer des enseignements exploitables. Mais nous n'avons pas cherché le chrono. Je peux me tromper mais j'ai l'impression que chez Audi, au contraire, ils ont eu besoin de rouler vite. Et malgré tout, en fin de journée, nous nous sommes bien rapprochés des R18. »

Oui, sur un run très court et visiblement dédié à la recherche de performance, celui-là...

« Certes. Mais je ne crois pas me tromper en disant que les Audi n'ont pas réellement fait de longs relais. Leurs chronos venaient sur des séries de tours assez courtes. »

On a vu à Spa que vos voitures n'utilisaient pas les pneus de la même façon. C'est sur ce plan que vous avez gagné la course en Belgique. Sais-tu si il y a des différences entre les pneus que vous fournit Michelin ou si vous disposez des mêmes qu'Audi ?

« Non, je ne le sais pas. C'est à Michelin qu'il faut poser cette question... »

A l'aube de cette course, ressens-tu une pression particulière de la part de la direction générale d'Automobiles Peugeot, surtout suite à l'échec de l'an passé ?

« Non, pas plus que l'année passée ou les précédentes. De toute façon, on ne peut guère avoir plus de pression étant donné qu'il n'y a qu'un seul objectif : la victoire. »

Un éventuel échec cette année ne te semble pas de nature à remettre en cause la poursuite éventuelle du programme ?

« Cela n'a même pas été évoqué par la DG ! »

Bon à part cela, l'équipe de pilotes, sous la supervision du capitaine de route, Olivier Quesnel, est arrivée aujourd'hui au Pesage sur des vélos Peugeot. Est-ce toi qui a assuré le set-up de ces belles machines ?

« Ah non ! Moi, je ne touche pas à ces engins à deux roues ! » (Rires)

Il est vrai que le directeur technique est plus un adepte de sa paire de baskets pour aller courir que de la petite reine...

Laurent Chauveau