Frédéric Henry-Biabaud : Réflexions sur l'ILMC Imprimer Envoyer
Jeudi, 17 Mars 2011 23:00

François Henry-BiabaudCes 12 Heures de Sebring étant la première manche de l'Intercontinental Le Mans Cup 2011, une conférence de presse était organisée, réunissant tous les acteurs majeurs, ou presque, de cette première saison. Audi, BMW, Corvette, Krohn Racing, Level 5, Oreca et Peugeot étaient ainsi représentés. A l'issue, nous avons pu approfondir certains sujets avec Frédéric Henry-Biabaud, le patron de ce championnat naissant.

Patrick Peter a annoncé le wek-end dernier au HTTT que Le Mans Series évoluerait l'an prochain indépendamment de l'ILMC. N'y a-t-il pas là un risque d'afaiblissement pour l'une des deux séries ?

« Je ne crois pas. Ce qui sera important, c'est que même si l'on souhaite continuer à voir l'importance de l'ILMC grandir, nous devons nous assurer aussi de maintenir active et forte, la pyramide qui permet d'y accéder. Si nous pensons si fortement à créer une Asian Le Mans Series ne se contentant pas de la course en Chine, c'est bien parce que nous pensons que les trois fondations que sont Le Mans Series, American Le Mans Series et Asian Le Mans Series sont d'une importance capitale. Ces séries vont certainement devoir s'adapter un peu dans le futur et adapter leur business-model mais sans aucun doute, nous nous devons de les protéger. La meilleure preuve, c'est que les teams qui s'engagent en ILMC sont issus de ces séries. Level 5, OAK Racing, Krohn Racing ont découvert l'endurance en l'abordant par le bas de la pyramide, puis ils ont souhaité aller un cran plus loin.

Je pense qu'il ne sera pas forcément nécessaire que les deux séries, même si elles restent toutes les deux dans le monde de l'endurance, proposent des courses communes, car elles ne s'adressent pas aux mêmes teams, ni aux mêmes sponsors. Elles n'auront pas le même modèle économique. »

Les 12 Heures de Sebring, pour la première fois, ne seront pas retransmises en Live sur la télé américaine. Pour l'inauguration de l'ILMC, n'est-ce pas une déception pour vous ?

« C'est le choix des dirigeants de l'American Le Mans Series de partir sur un type de couverture différent aux USA et nous nous devions de respecter cela. Par contre, nous en avons parlé très vite ensemble. Leur épreuve est superbe et nous leur avons donc demandé de gérer la couverture internationale. Ce qu'ils nous ont accordé et nous avons trouvé cet accord avec Eurosport. Et nous leur demanderons probablement de faire de même pour Petit Le Mans. »

Fabrice Bourigaud, le directeur marketing et communication de l'ACO intervient à son tour sur ce sujet :

« L'ALMS a tout de même décidé de produire la course elle-même pour la première fois et en HD. En plus, il y aura un large résumé sur ABC et là, les chiffres d'audience n'ont rien à voir avec ce qu'il se faisait par le passé. Il vaut peut-être mieux toucher un public 10 fois plus large avec un résumé bien fait que de diffuser 12 heures de Live sur une chaine de moindre importance. Enfin, il faut avouer que tout le monde commence à réfléchir aux retransmissions internet. L'ALMS a sauté le pas. C'est peut-être encore un peu tôt mais c'est leur choix. »

Hugues De Chaunac et Olivier Quesnel ont de nouveau insisté sur l'importance pour l'ILMC de prendre rapidement le nom de Championnat du Monde, plus facile à vendre pour le grand public et pour les partenaires. Quelle est votre position sur ce sujet ?

« Pour franchir ce cap, nous devons déjà être sûrs que nous disposons de fondations solides en 2011. Puis nous devons en extraire nos forces et nos faiblesses et si les constructeurs le souhaitent, nous regarderons cela de près. Mais soyez conscients que nous n'avons jamais perdu cet objectif de vue car un championnat a toujours besoin de grandir. Avons-nous aujourd'hui tous les ingrédients du succès ? non. Devons-nous donc travailler encore plus fort en 2011 afin de les avoir ? Oui ! Techniquement, je pense que nous devrions parvenir à un accord avec la FIA. L'endurance a toujours été pilotée par l'ACO avec l'aval de la FIA donc je ne vois pas pourquoi cela nous poserait un problème. Vous savez, il y a un travail important mené entre l'ACO, la FIA et les constructeurs afin de définir les règlements et il faut que ces trois acteurs coopèrent car l'endurance est vraiment orientée vers la technologie. Le but est de permettre aux concurrents de mettre en valeur leur produit et de prouver au public que leur implication en endurance aura des répercussions sur leur voiture de demain ou même sur les accessoires : pneus, batteries, etc... »

Le circuit choisi pour l'épreuve chinoise n'a toujours pas été précisé. Ou est-on sur ce sujet ?

« Cela se tient toujours entre Zhuhai et Shangaï avec un avantage toutefois au premier du fait des relations que nous avons tissé l'an passé. Mais nous avons la ferme volonté de faire un bien plus grand succès qu'en 2011 et il nous reste encore des garanties à obtenir pour nous assurer de cela. Cela explique que nous n'ayons pas encore fait un choix définitif. »

Petit point concernant les concurrents qui se sont inscrits à l'ILMC mais qui ne participent pas à l'intégralité des courses du championnat. Que risquent-ils ?

« Pour la première course, ils avaient droit à un joker car nous pouvons comprendre que leur voiture ne soit pas prête. A la seconde absence, des pénalités sont prévues mais je crois que nous n'aurons pas besoin de recourir à ce système. De ce que je sais, ils ont tous envie d'être présent sur chaque course. »

Laurent Chauveau