59th annual 12 Hours of Sebring, sous le signe des questions... Imprimer
Dimanche, 13 Mars 2011 17:23

Affiche Officielle 12 Heures de Sebring 2011Lundi 14 mars sera le jour du décollage pour votre serviteur. Décollage vers la Floride. Pour retrouver l'ambiance de la course, ses bruits, ses couleurs, ses odeurs après un hiver trop long. Pour retrouver Sebring et son béton déglingué, ses palmiers, sa chaleur et son coucher de soleil magique. Ou bien ses tempêtes tropicales. Miss Météo décidera... Pour découvrir pas mal de nouvelles autos ou de nouvelles évos. Pour juger de nouvelles équivalences. Essence face au diesel, LMP1 2010 bridée face à LMP1 2011 aux petits moteurs. Pour assister à une grande première...

Pour assister à la 59ème édition d'une épreuve née en 1952 sous l'impulsion de Alec Ulmann. Cet ingénieur aéronautique trouva en effet en cette base aérienne d'Hendricks, utilisée durant la seconde Guerre Mondial, un site idéal pour créer une course d'endurance recréant l'atmosphère des 24 Heures du Mans. Après un galop initial de 6 Heures disputé en 1950, c'est donc deux années plus tard que se tient la première édition, remportée par une Frazer-Nash Le Mans, pilotée par Harry Gray et Larry Kulok. Le mimétisme avec la classique française est vraiment poussé loin. Le départ est donné comme au Mans, les pilotes courant vers leurs voitures garées en épi devant les stands. Le circuit de l'époque est long : 5,38 miles soit 8,356 km. Il intègre de longues lignes droites faisant la part belle à la puissance. Comme au Mans, ce sont Porsche et Ferrari qui dominent le palmarès : 18 victoires pour la firme allemande, 12 pour l'italienne. Comme au Mans, Audi a posé son empreinte sur la course ses dernières années. Comme au Mans, les Quatre Anneaux comptent neuf succès. Comme au Mans, Peugeot Sport a cueilli une victoire avec la 908 HDi FAP, c'était l'an passé, première et unique victoire d'un constructeur français...

Longtemps, les 12 Heures firent partie du Championnat du Monde d'Endurance. Dès 1953 pour sa seconde édition, le tour d'horloge floridien fut une joute mondiale et ce jusqu'en 1972. En 1973, l'IMSA prend le relais (les deux championnats faisant cause commune pour l'édition de 1981) jusqu'à ce qu'un certain Don Panoz n'invente l'American Le Mans Series. Les 12 Heures alors victimes d'une relative perte d'intérêt en Europe, retrouvent progressivement leur lustre. Et ce même si le plateau diminue en quantité au fil des ans. En quantité mais pas en qualité. La première édition de l'ère Panoz est marquée par un superbe duel entre BMW et Audi, arbitré par des Riley&Scott dont celles du Dyson Racing, déjà présent à l'époque, ou des Ferrari 333 SP, commençant toutefois à être un peu juste en perfo pure. BMW parvient à s'imposer avec la V12 LMR de JJ Lehto, Jörg Müller et un certain TK... Audi prend sa revanche l'année suivante en imposant sa toute nouvelle R8 confiée à Frank Biela, Emanuele Pirro ainsi qu'un certain TK ! Car comme au Mans, l'homme qui s'est le plus imposé dans l'histoire des 12 Heures de Sebring est bel et bien Tom Kristensen, victorieux à 5 reprises, uniquement sur des voitures allemandes...

Retour au niveau mondial !

th_Prez_New_908_07Dans une semaine, lorsque le fameux « Gentlemen, start your engines ! » retentira dans les haut-parleurs du circuit, autorisant les pilotes à actionner le démarreur, Sebring retrouvera un statut mondial. S'il ne s'agit pas encore par le nom, d'un Championnat du Monde, l'Intercontinental Le Mans Cup en a quasiment tous les attributs en débutant aux Amériques avant de visiter l'Europe puis l'Asie. Quant au plateau proposé, si Aston Martin est obligé de s'abstenir du moins officiellement, c'est bien là le seul concurrent majeur qui manquera à l'épreuve. Sinon, la liste des engagés est superbe pour cette grande première. Commençons pas les protos, notamment les LMP1 ou le vainqueur en titre, Peugeot aligne deux nouvelles 908 qui seront soutenues par la 908 HDi FAP engagée par Oreca.

th_Prez_Sebring_AudiEn face, Audi engage deux anciennes R15+, dérogeant ainsi pour la deuxième fois à une vieille tradition qui voulait que la nouvelle-née, fasse son baptème en compétition à Sebring. Acura, non pardon, Honda, enfin HPD fera face avec l'unique ARX-01e du team Highcroft. Toyota sera représenté par la Lola du team Rebellion, Aston Martin par la Lola du team Cytosport, Mazda par celle du Dyson Racing. Face à tout ce monde, une petite bande de gaulois ne représente aucun constructeur majeur mais ne manque toutefois pas d'ambition en amenant deux OAK Pescarolo Judd totalement relookées, aussi bien pour la forme que pour le couleurs. Le OAK Racing attaque l'ILMC par la face Nord !

En P2, Signatech représente officiellement Nissan via sa dernière acquisition : une Oreca 03 toute neuve. Level 5, l'équipe qui monte en puissance aux USA avec de gros moyens derrière, a installé le V6 HPD dans une Lola Coupé et un autre dans une Lola spyder ! Plus modeste dans ses ambitions devait être la Radical Nissan du team LNT mais cette auto est finalement forfait ! Face à cette adversité réduite en quantité, on trouve une OAK Pescarolo au moteur Judd dérivé d'un bloc BMW. OAR Racing s'attaque donc aussi à l'ILMC par la face Sud ! Ces quatre voitures correspondent donc à l'esprit du nouveau LMP2 car leurs moteurs sont développés sur la base de blocs de grande série. Elles seront donc, de ce point de vue, sur un pied d'égalité et une comparaison directe des unes et des autres sera donc possible.

Cette liste de 15 prototypes est renforcée par les 8 voitures alignées en LMPC (ou Formula Le Mans en Europe). Dans cette catégorie, on trouve notamment le team Intersport, absent pour la première fois depuis longtemps en LMP1, preuve que le plateau prototype américain souffre un peu à l'heure actuelle.

Incroyable plateau en Grand Tourisme !

th_Prez_Sebring_C6R_ZR1En Grand Tourisme, c'est Byzance ! Le plateau est absolument pléthorique. On sait que l'intérêt de l'ALMS tient à l'heure actuelle, surtout par l'incroyable qualité de son plateau GT. Corvette Racing aligne ainsi deux C6.R-ZR1 à titre officiel. Mais elles seront également soutenues par Larbre Compétition qui aligne une Corvette de la saison passée en ILMC.

De son côté Porsche sera représenté par trois teams privés en ALMS : Paul Miller Racing avec une GT3 RSR, le Team Falken avec une autre et l'un des teams les plus fidèles à Porsche, le Flying Lizard engagera comme souvent deux autos dont une, la n°45, pilotée par un trio de pilotes d'usine... S'ajoute pour Sebring via l'ILMC, une cinquième voitures alignée par le Proton Compétition. Cette auto est engagée en GT Am mais elle reçoit tout de même le soutien d'un pilote officiel Porsche... De son côté, Ferrari pourra s'appuyer sur un très fort contingent de 7 autos !

th_Prez_Sebring_F458_ItaliaTrois nouvelles F458 Italia concourent en ALMS, une pour Risi et deux pour Extreme Speed. AF Corse et Luxury Racing en amène également chacun une en GT Pro (donc en ILMC). Enfin, en GT Am, CRS Racing et Krohn Racing engagent chacun une F430 de l'année passée. Les équipages des cinq F458 sont d'un excellent niveau donc la firme italienne a toutes les chances de briller. Reste à durer avec une voiture neuve...

BMW insiste une année supplémentaire avec ses deux M3 GT. L'engagement se fait en ILMC via la bannière BMW Motorsport toutefois, pour cette course de Sebring, c'est bel et bien sur la structure Rahal Letterman devenue BMW Team RLR durant l'hiver que le constructeur bavarois s'appuiera. Ce qui pose la question suivante : l'équipe BMW Team RLR marquera-t-elle des points pour le championnat ALMS étant donné qu'elle n'est pas inscrite en son nom propre ? Si la réponse est négative, voilà un handicap de poids dans la course au titre américain... Surtout que le même schéma devrait se reproduire lors du Petit Le Mans... Avec une équipe de pilotes au top, BMW joue sa carte à fond avant son engagement en DTM en 2012.

Le Robertson Racing représentera l'une des chéries du public, la Ford GT. Deux voitures sont engagées, la n°04 étant assurément la mieux pilotée des deux. L'équipe pourra-t-elle toutefois rivaliser avec tant d'équipes d'usine ou dont le statut y ressemble de près ? Pas sûr car malheureusement, le géant de Dearborn n'accorde toujours pas de soutien aux engagements des Ford GT. Les performances réussies par l'équipe l'an passé n'ont pourtant rien d'infamante...

Jaguar poursuit son engagement en ALMS après une première saison bien laborieuse. La concurrence est tellement sévère dans cette catégorie que l'on peut encore douter des chances du félin anglais même si la voiture a bien évolué durant l'hiver. Le fait que l'équipe RSR se soit désengagée des Winter tests à la veille de ceux-ci n'incite guère à l'optimisme même si une équipe parvient toujours à rendre son discours optimiste dans ce genre de circonstances !

th_Prez_Sebring_GallardoLe West Racing avait annoncé son entrée en ALMS lors du Petit Le Mans avec deux Lamborghini Gallardo. Cependant, une seule sera présente pour les 12 Heures, un isolement qui ne laisse que peu d'espoir dans un contexte si relevé et sur une course aussi exigeante.

9 constructeurs !

Après avoir joué l'arlésienne puis la diva lors du PLM 2010, la Panoz Abruzzi sera enfin présente lors de cette course ! Pour ce qui concerne cette auto, on est dans la plus totale inconnue puisqu'on ne l'a jamais vue rouler et qu'elle n'a pas pris part aux Winter Tests. Cette voiture au look suranné s'attirera déjà la sympathie du public si elle parvient à boucler les 12 Heures. Mais ne comptons probablement pas sur elle pour jouer un rôle significatif dans la course.

Enfin pour boucler cette incroyable liste de 9 constructeurs différents engagés en GT, n'oublions pas l'Aston Martin Vantage du Gulf AMR Middle East engagée en GT Am. Aux 19 autos engagées en GT et aux 5 en GT Am, il faut ajouter les 9 Porsche GT3-Cup du GTC. Ce qui nous fait 33 Grand Tourisme engagées. Avec les 23 Protos, nous aurons donc 56 voitures sur la grille de départ ! Comme au Mans ! Mais sur un circuit deux fois plus court ! Ce qui nous promet quelques soucis dans le trafic et très probablement quelques contacts...

Après plusieurs années de plateau réduit, les 12 Heures de Sebring retrouvent donc un plateau pléthorique, un mouvement à la hausse déjà initié l'an passé avec l'admission des LMPC et GTC. Mais il est indéniable que l'ILMC a donné cette année un gros coup de boost supplémentaire à la classique de printemps. Et cela ne fait que renforcer notre impatience d'y assister. Pour qu'elle nous livre les réponses aux innombrables questions que nous posent cette saison 2011, l'une des plus alambiquées sur le plan réglementaire qu'il nous ait été donné de vivre... LMP1 2011, LMP1 2010 avec motorisation 2011, LMP1 2010 bridées, niveau de performance des LMP2 face aux LMPC, niveau des GT Am parfois bien pilotées face aux GT Pro. Il y a de quoi s'y perdre même pour des spécialistes... La course nous renseignera aussi sur d'autres points majeurs : fiabilité de tant de nouvelles autos, fiabilité des anciennes parfois sévèrement bridées par le règlement, appréciation des concurrents locaux quant à la présence de ceux de l'ILMC lors de leur épreuve phare de la saison les privant souvent de chances réelles de victoire, etc... 2011 part dans l'inconnu sur un grand nombre de sujets. Même si l'épreuve ne nous livrera pas encore toutes les réponses que l'on attend, notamment en raison de l'absence des nouvelles Audi et Aston Martin, nous y verrons déjà plus clair dans une semaine...

Pour les téléspectateurs européens, cela se passera sur Eurosport mais rappelons que vous aurez également accès aux images sur le net via le live-stream de l'ALMS. Pour votre serviteur, la prise d'antenne se fera mardi prochain une fois arrivé sur le circuit. On se dit donc à mardi ? See you soon ;)

Laurent Chauveau