Signatech-Nissan : explications par Philippe Sinault Imprimer
Lundi, 14 Février 2011 07:00

Philippe SinaultC'est l'époque des partenariats entre motoristes japonais et teams européens. La veille de la conférence de presse ACO, l'équipe Signature, devenue Signatech, avait invité la presse à Paris afin de présenter ses projets d'avenir. Rencontre avec Philippe Sinault pour tenter, là encore, de dénouer les fils de ces connexions entre équipe et motoriste.

Philippe, vous avez annoncé devenir le représentant officiel de Nissan en prototypes. Qu'est-ce que cela signifie exactement au niveau de la fourniture des moteurs ?

« Il s'agit d'un véritable partenariat avec Nissan toutefois cela ne signifie pas que nous ayons un traitement différent de tous les autres clients de la marque. Nous ne prétendons pas avoir un meilleur moteur ou un meilleure prestation. Le propos, c'est de dire que Nissan devient durant deux années et à titre exclusif, l'un des partenaires de Signatech. »

Mais cela signifie-t-il par exemple que vous paierez vos moteurs à un tarif plus avantageux que les autres clients ?

« Non, par contre, nous allons développer tout un ensemble d'actions au niveau du commerce et du marketing qui vont nous aider à financer notre programme. Mais vous comprendrez mieux ce qu'il en est lorsque Nissan fera l'annonce au Salon de Genève. Je suis désolé de devoir faire de petit teasing. »

Vos relations avec Nissan remontent à longtemps ?

« Non, c'est très récent et pour être honnête, le contrat a été signé hier seulement (le 8 février). Donc, il nous reste de nombreux points à régler, notamment l'aspect déco de la voiture. Les images que vous avez vues sont tout ce qu'il de plus provisoires. »

Quand allez-vous recevoir vos moteurs ?

« Nous sommes actuellement en pleine phase d'assemblage des voitures. Nous recevrons les moteurs à la fin de ce mois. Nous roulerons au tout début du mois de mars et nous finirons de roder les plaquettes de frein dans l'avion ! Il est clair que pour nous, Sebring va constituer une véritable opération commando. Ca va être tendu mais on y sera ! »

Quand avez-vous décidé de mettre un terme à la relation avec Aston Martin ?

« Fin octobre, début novembre. Mais très sincèrement et sans démagogie, notre relation avec Prodrive s'est super bien passée. Notre premier souhait était de poursuivre avec eux. Mais il y avait deux « mais ».

Tout d'abord, l'ILMC nous semblait être le choix le plus pertinent pour bâtir l'avenir avec nos partenaires car il y a ce côté international et cela va être un élément incontournable à l'avenir. Or Aston Martin ne pouvait pas nous suivre dans cette implication en ILMC.

Ensuite, notre relation avec Aston Martin devait rester au même niveau que l'année passée, or je souhaitais une implication supérieure.

En ce qui nous concerne, nous devions également nous poser la question du bien-fondé de notre présence en LMP1 en ILMC. Notre fond de commerce, c'est tout de même d'obtenir des résultats, des victoires. Or en P1, il n'y a que sur un énorme concours de circonstances que l'on peut espérer finir dans les 5 au Mans ou sur le podium en ILMC. Donc, nous avons préféré nous orienter vers le LMP2. Dans ce cadre, nous avons très vite identifié le moteur Nissan comme un choix pertinent et j'ai donc pris mon bâton de pèlerin. J'ai remonté la filière Nissan et je leur ai présenté un concept non pas technique, mais marketing auquel ils avaient également pensé. Donc on a assez vite trouvé un terrain d'entente. »

Donc le contrat porte sur deux ans tout en restant en P2 ?

« Oui. Sauf si Nissan me dit au bout d'un an : On y va ! »

C'est avec Nismo directement que vous avez traité ?

« Non, c'est avec ce que l'on appelle Nissan Global. C'est à dire Nissan Monde. Mais c'est bel et bien Nismo via Zytek qui nous fournira les moteurs, comme les autres clients. »

Chez Toyota, suite à l'échec en F1, le sport automobile ne semble pas être en odeur de sainteté. Qu'en est-il chez Nissan ?

« Moi, je ressens un vrai enthousiasme et une vraie bouffée d'oxygène auprès de mes interlocuteurs chez Nissan car enfin, ils voient quelqu'un arriver avec un projet marketing pour faire du sport automobile et non pas l'inverse. Ils en sont vraiment heureux car ils considèrent que c'est ainsi que l'on peut réellement faire du sport-auto. Je pars du principe qu'il y a de la place pour l'hybride ou pour l'électrique dans l'avenir car on en a besoin. Mais je pense aussi que la course auto ou Le Mans resteront incontournables car c'est un espace de rêve. C'est cela qui leur permettra de continuer à vendre des voitures GT. Les constructeurs le savent, ils le comprennent et ils seront obligés dans l'avenir de continuer à s'impliquer en sport auto. »

Et cette série internationale les aide à la décision ?

« Ah mais c'est très simple. Nissan m'a dit : c'est l'ILMC ou rien ! Cela les intéresse beaucoup car on court aux USA, en Europe et en Asie. »

L'absence d'une course au Japon n'est pas un problème ?

« Pas réellement. Maintenant, si on ajoute une course au Japon, ils en seraient ravis, bien évidemment. De même qu'une au Brésil si on regarde les chiffres de vente. »

L'équipe basée à Bourges se prépare à vivre des semaines très intenses avec cette expédition vers la Floride en flux tendu. En attendant Sebring, il sera intéressant de voir ce que nous réserve les deux partenaires lors du Salon de Genève car il est intrigant de voir un partenariat s'établir sans que les moteurs fournis ne soient un peu différents de ceux des clients classiques ou que la fourniture soit exclusive...

Laurent Chauveau