Rebellion-Toyota, précisions sur un partenariat... Imprimer Envoyer
Vendredi, 11 Février 2011 07:00

Spa_2010_Rebellion_RacingLe retour de Toyota en endurance est, depuis des années, un serpent de mer qui fait fantasmer plus d'un fan. Il faut dire que lorsqu'elle veut s'en donner la peine, la firme nippone sait y mettre les moyens. Il faut également se rappeler que les deux dernières campagnes de Toyota se sont achevées sur des semi-échecs puisque, malgré deux deuxièmes places (en 1992 et 1999) la victoire n'a jamais voulu sourire. Et l'on se plait à penser que le premier constructeur mondial ne peut décemment rester sur deux échecs. Il est probable aussi que chacun souhaite voir une descendante à la fabuleuse GT-One de 1998-1999. Bref, il y a plein de bonnes raisons pour laisser l'imagination galoper dès que l'on parle de Toyota au Mans. Surtout après le retrait de la F1, il y a un peu plus d'un an...

1999 Le Mans Toyota GT-OneAussi, l'annonce cet hiver du partenariat entre Rebellion Racing et Toyota Motorsport via la fourniture d'un moteur V8 issu de la Formula Nippon, n'a pu que remettre de l'huile sur le feu et enflammer les forums. Serait-ce les prémices d'un retour officiel ? Que signifie exactement le mot partenariat ? Il semblait nécessaire de préciser les contours de cette association. La conférence de presse de l'ACO de mercredi dernier était l'occasion de rencontrer Stephan Gervais, le responsable communication du team suisse.

Stephan, à propos de ce partenariat entre Toyota Motorsport et Rebellion Racing, peux-tu nous dire exactement ce qu'il en est de la fourniture des moteurs ? S'agit-il d'une classique relation client-fournisseur ou bien les moteurs vous sont-ils fournis à titre gratuit par le constructeur ?

« Il s'agit bien d'une relation client-fournisseur. C'est un programme clairement client, qui bénéficie toutefois d'un soutien au Japon puisque les moteurs y sont assemblés. Le programme a été initié par la branche allemande Toyota Motorsport ou les études sur l'adaptation du V8 à l'endurance ont été menées avec la bénédiction du Japon. C'est un contrat commercial mais qui se fait dans des proportions dignes d'un partenariat puisque nous payons une somme raisonnable pour ces moteurs. Le but de Toyota Motorsport n'est pas de gagner de l'argent sur cette fourniture. »

Mais quel est leur but alors ?

« Ce qu'il faut savoir, c'est que Toyota, à haut niveau dans la hiérarchie, a tout de même été relativement traumatisé par l'arrêt du programme F1. Non pas du fait qu'ils n'aient pas gagné mais bien parce qu'ils n'ont pas atteint leurs objectifs. Ce qui n'est pas dans la culture japonaise. Cela a été durement ressenti. Le sport automobile chez Toyota n'a donc plus forcément le vent en poupe à l'heure actuelle, ni l'assentiment de tout le monde. Donc c'est à nous et à Toyota Motorsport (qui dispose d'infrastructures et de moyens d'essais absolument phénoménaux...), de convaincre les dirigeants que ce programme est viable et que l'on peut aller plus loin à l'avenir. Le but est de gagner à nouveau la confiance. Mais pour l'instant, c'est un programme initié par l'Allemagne, financé au départ par l'Allemagne pour le développement et la fabrication des pièces. Et finalement, tout cela est couvert financièrement par notre team. »

Ce « partenariat payant » ne concerne que le moteur. Il n'y a pas de fourniture par exemple de boite de vitesses spécifique, d'un train arrière, etc... ?

« Non, cela ne concerne bel et bien que le moteur. »

Et vous serez suivi par des ingénieurs Toyota sur le terrain ?

« Tout à fait, oui. »

Pour fixer les idées par rapport aux équipes d'usine, de combien d'employés se compose l'équipe Rebellion Racing ?

« De 12 personnes à l'année. »

Si l'on parle des voitures maintenant, la liste officielle des engagés précise qu'il s'agit de Lola B10 donc il s'agit encore de châssis 2010 ?

« Oui, tout à fait. Ce sont des châssis 2010, ayant reçu les dernières spécifications Lola mais ce ne sont pas des châssis neufs. Si nous étions partis avec des châssis 2011, nous aurions dû implanter la dorsale sur le capot arrière... »

Vous disposer de combien de coques ?

« Nous en avons quatre et nous construisons trois voitures. »

Qu'en est-il de l'aéro 2011 ? Quand en disposerez-vous ?

« Nous travaillons avec Lola sur ce point. Les voitures vont débuter la saison avec l'aéro 2010 à Sebring et au Paul Ricard et nous en disposerons ensuite. »

th_LM_2010_Rebellion_RacingAvez-vous de nouveau roulé depuis les essais du mois d'octobre ?

« Non, nous n'avons pas refait de tests. Tout simplement parce que nos autos ne sont revenues de chez Lola qu'il y a deux semaines. Quant aux moteurs, ils arrivent en ce moment même à l'atelier. Donc nous avons un programme assez court désormais. Nous allons essayer de rouler avant les tests du Paul Ricard puis nous aurons ces deux jours d'essais sur le HTTT. »

Pas de test d'endurance au programme ?

« Si Sebring ! Qui est le plus dur que nous puissions faire... »

Mais après Sebring ?

« C'est possible mais notre calendrier n'est pas encore définitivement arrêté. Nous sommes aux prises avec des problèmes logistiques d'envergure : deux voitures en Europe, une aux USA, c'est un grand écart qui n'est pas évident à gérer. Il faut compter sur les délais pour récupérer la troisième voiture après Sebring, qui reviendra juste à temps pour le Test Day au Mans du mois d'Avril... »

Etes-vous raisonnablement optimiste quant à la nouvelle équivalence essence-diesel mise en place par l'ACO ? Avez-vous déjà une idée de votre potentiel face aux usines Audi et Peugeot ?

« Franchement, je crois que l'on n'aura un début de réponse qu'après Sebring. Il y a tout de même fort à parier que les moteurs diesel soient toujours très performants et qu'il y ait toujours un écart. Maintenant, d'après les datas que nous avons eu lors de nos essais notamment à Portimao ou nous avons pu comparer avec la version gros moteur de notre LMP1, il y a fort à parier que les voitures de nouvelle génération soient très performantes. »

Question look, qu'en sera-t-il de la déco de la voiture ? Vous restez dans l'esprit de celle de 2010 ?

« Nous travaillons encore dessus. Cela peut changer car tout dépend des partenaires. Certains, nouveaux, pourraient nous rejoindre du fait de notre implication en ILMC et cela se discute à l'heure actuelle. Donc même au cours de la saison ou avant Le Mans, la décoration pourrait être amenée à évoluer. »

Henri Pescarolo espère beaucoup de ces motoristes japonais pour étalonner au mieux l'équivalence essence-diesel. Inutile de dire qu'il en est de même pour beaucoup d'entre nous. Rebellion Racing avec ces moteurs fournis directement par Toyota Motorsport sera scruté du coin de l'œil par nombre d'observateurs. Si l'équipe parvient à résoudre les petits problèmes techniques ou organisationnels qui ont empoisonné la saison 2010, elle sera à suivre de près. C'est tout le mal qu'on lui souhaite...

Laurent Chauveau