Règlements 24 Heures 2011 : ultimes ajustements ! |
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Mercredi, 22 Décembre 2010 20:37 |
Tout d'abord, toute possibilité d'intégrer un dispositif permettant au pilote de modifier les flux d'air a été strictement interdite dans les textes. On se souvient que l'apparition de l'aileron de requin avait donné à certains l'idée de voir apparaître des F-duct sur les protos. Dans les faits, l'épaisseur maximale de cet élément ne permettait pas d'intégrer un artifice de ce type. Mais rien n'empêchait d'en mettre un ailleurs. Désormais, c'est clairement interdit et c'est très bien. Ces dispositifs impliquent un coût supplémentaire d'études aéros mais également de réalisation puisqu'ils s'accompagnent de pièces supplémentaires et d'articulations nécessaires à leur fonctionnement. Certes ils améliorent le rendement aérodynamique de l'auto et sont donc intéressant dans un cadre « écologiquement correct ». Mais l'intérêt de la compétition tient avant tout aux compromis que les ingénieurs sont obligés de faire pour que la voiture ait un comportement optimal dans toutes les portions d'un circuit donné. Le F-duct gomme une partie de ce compromis et son exclusion, ou celle de tout système apte à modifier les flux d'air en roulant, est une bonne chose. Contrôle de trajectoire La pré-version n°5 du règlement parue en octobre avait introduit quelques précisions en ce qui concerne les possibilités de fonctionnement du SRSE (Système Rechargeable de Stockage d'Energie) plus connu sous le nom de KERS en F1. Les voici : - La récupération d’énergie est possible : Ces précisions ont de nouveau disparu de la version finale. Cela laisse donc libre cours à une forme de contrôle ou d'assistance à la trajectoire. Grosso modo, ces précisions visaient, par exemple, à empêcher de freiner uniquement les roues intérieures via le SRSE à l'entrée d'une courbe ce qui aide à inscrire l'auto dans celle-ci. Le fait que ces lignes aient disparu laisse donc, de nouveau, libre champ aux ingénieurs. Si sur le fond, cela n'est pas discutable techniquement puisque des systèmes semblables existent en série, cela l'est bien plus sur le plan financier. Ils coutent cher à mettre au point sans apporter quelque chose de réellement significatif au spectacle en piste. Ils ne contribueront qu'à creuser plus encore l'écart entre les usines et les privés. En effet, ceux-ci n'auront pas forcément les moyens de développer eux-mêmes un système uniquement conçu pour leur propre auto. Ils devront attendre qu'un sous-traitant en propose un pour l'adapter au mieux sur leur auto. C'est là une fuite en avant dont on peut se demander si elle est vraiment utile. Si l'on souhaite améliorer le spectacle, ne serait-il pas plus judicieux, par exemple, d'interdire les flasques placés autour des freins ? Ceux-ci nous privent en effet, de plus en plus souvent, du plaisir visuel des disques de freins portés au rouge... Les photographes et les cameramen ne peuvent que le regretter. Les spectateurs aussi... Un seul mat d'aileron
Prime à la nouveauté, il est acquis que les nouvelles LMP1 2011 seront légèrement avantagées en terme de puissance moteur en jouant sur le diamètre des brides d'air d'admission. Cette décision semble assez logique en première lecture mais une fois de plus, elle se retourne contre les privés qui n'auront pas forcément les moyens de se payer une voiture dernier cri au contraire d'Aston Martin, Audi et Peugeot... Ils perdront donc notablement de la puissance et seront doublement désavantagés par le fait que la capacité de leur réservoir sera ramenée à la même valeur que celles des LMP1 2011 à savoir 75 litres pour les essence et 65 pour les diesel (73 et 63 dans le cas des hybrides). Les LMP1 2010 disposant pour la plupart de gros moteurs avec un grand nombre de cylindres, consommeront donc probablement plus que les nouvelles P1 2011 même si on réduit leur puissance... Une fois encore, la part belle semble être faite aux usines au détriment des privés. Quelle solution ? L'ACO ajoute dans son règlement sportif, un article qui spécifie que les différentes technologies de propulsion utilisées en LMP1 seront maintenus autant que possible à égalité dans une marge de 2% des temps au tour. Pour ce faire, l'ACO se basera sur les résultats des deux premières courses mais également sur les données obligatoirement fournies par les constructeurs. Le club sarthois se réserve le droit de modifier ses équivalences par deux fois maximum dans la saison par technologie afin d'arriver dans la fourchette des 2%. Louable intention mais le problème d'une telle volonté est toujours le même. Est-on sûr de comparer ce qui est directement comparable, les capacités d'étude d'un concurrent privé et celles d'une usine par exemple ? Et ne va-t-on pas, avec un tel système, décourager les efforts de recherche et de créativité des ingénieurs si ils se font sanctionner pour avoir trop bien travaillé ? De plus avec deux ajustements annuels possibles par technologie, on peut se retrouver avec quatre modifications d'une équivalence essence-diesel en une seule saison : deux pour freiner les diesels et deux pour accélérer les essence par exemple. Si viennent s'ajouter à cela des hybrides-essence, des hybrides-diesel et des 100% électriques, on va s'y perdre ! La rengaine est vieille et avouons-le, la solution n'est pas évidente à trouver. L'ACO souhaite commencer à étudier une formule pour 2014 ou 2015, éco-responsable et basée sur une quantité d'énergie égale pour toutes les voitures quelles que soient leur technologie. Sur le papier, c'est la solution idéale. Mais on se souvient que même le règlement à la consommation en vigueur au temps des Groupe C avait un talon d'Achille, celui de la météo. Si la première moitié d'une course était appelée à se dérouler sur le mouillé, les autos ne pouvaient pas consommer leur plein potentiel de carburant. Et si la deuxième moitié se tenait sur une piste sèche alors, les voitures à moteur turbo auraient pu tourner la molette de pression à fond, se retrouver avec une cavalerie plus conséquente que celle des atmosphériques incapables de bénéficier de cette souplesse, et leur tourner autour... Par chance, le cas ne s'est jamais produit lors des 24 Heures entre 1982 et 1991, une décennie exceptionnellement sèche en juin au Mans. Mais il s'est produit dès 1992 ou (par chance ?) la formule à la consommation venait juste d'être abandonnée... Avoir plusieurs types de technologie en piste semble être la bonne voie à suivre pour l'ACO, c'est évident. Mais le casse-tête de mettre tout ce beau monde à égalité ne sera pas simple à résoudre... Laurent Chauveau |